21. Acrux

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Après être rentrée chez moi, ma colère ne désarme pas. Mon cœur bat à tout rompre, j'ai l'impression d'étouffer, comme si une flamme ardente me brûlait de l'intérieur. Je fais les cent pas dans ma chambre, passant rageusement ma main dans mes cheveux. J'attrape mon oreiller dans lequel j'enfouis mon visage pour étouffer plusieurs cris d'exaspération. Une fois toute ma rage explosée, je me laisse tomber sur mon lit et ferme les yeux, essayant de me vider l'esprit, sans succès. Ses propos tournent en boucle dans ma tête, resserrant l'étau dans ma poitrine. Je revois son visage défiguré par l'amertume. Calmée, je comprends peu à peu ce qu'il peut ressentir, cette frustration de ne pas pouvoir réussir malgré ses efforts. Mais cela n'excuse en rien le fait qu'il s'en soit pris à moi.

Très vite, les bras de Morphée viennent m'envelopper sans je puisse y résister.

*

Je me tiens debout dans le salon, la tête baissée. Devant moi, mon père gronde, me rabaissant plus bas que terre. Je me mords la lèvre, retenant mes sanglots. Ses mots, tel des rasoirs chauffés à blanc, se plantent dans mon cœur, s'ancrent dans ma tête, me laissant à bout de souffle tant la douleur est insupportable. Une gifle part. Puis une seconde, suivit d'une autre, et d'une autre, toutes plus violentes les unes que les autres, jusqu'à ne plus en pouvoir et m'écrouler au sol. Je ferme les yeux, me préparant au prochain coup mais rien ne vient.

        -Peanuts ?

Je relève la tête, devant moi se dresse Hoseok qui me tend la main que j'agrippe sans hésiter, m'aidant à me remettre sur pied. Mais lorsque je croise son regard, celui-ci est vide et froid. Effrayée, je fais un pas en arrière.

        -Tu n'es qu'une nuisance, un fardeau, crache-t-il d'une voix plus grave, presque déformée.

Je hoquette, à la fois surprise et blessée. Il continue d'houspiller, ses paroles se transformant un venin qui se diffuse dans tout mon corps. Ma souffrance semble dix mille fois plus intolérable que celle infligée par mon père. Je plaque mes mains contre mes oreilles et me recroqueville tremblotante, essayant d'échapper à mon supplice mais Hoseok attrape violemment mes poignets et me force à me relever, un rictus cruel déformant ses lèvres.

        -Fiche-moi la paix !, hurle-t-il en me poussant brutalement.

Je tombe alors dans le vide tandis que les ténèbres m'engloutissent.

*

Je me réveille haletante, dégoulinante de sueur et hors du lit, étalée contre le parquet froid de ma chambre. Mon cœur tambourine tellement fort contre mon sternum que j'ai l'impression que l'un des deux va finir par éclater. Mes tremblements persistent pendant plusieurs minutes tant ce cauchemar paraissait réel. Mes joues sont trempées par un mélange de larmes et de transpiration. Je me lève et m'assois sur mon matelas puis tâtonne dans l'obscurité à la recherche de mon portable. 1h24. Je déverrouille l'écran et tape un numéro sans réfléchir, puis mes doigts s'immobilisent tandis que je fixe ce dernier qui s'affiche devant mes yeux. Non, je ne peux surtout pas l'appeler. Pas lui. Son visage terrifiant resurgit dans ma mémoire, me provoquant un sursaut. Je repose mon téléphone et m'allonge sur mon lit, fixant le plafond, trop terrorisée pour pouvoir me rendormir.

*

Le reste de la nuit fut tout aussi agité. A chaque fois, je finissais par me rendormir puis me réveiller quelques minutes après dans le même état déplorable, l'esprit embrumé par de sombres rêves.

Je me traîne hors du lit, avant même que mon réveil ait sonné, pour me diriger dans la salle de bain. Hésitante, je jette un coup d'œil au miroir qui me fait face, et l'ampleur des dégâts est telle que j'ai du mal à reconnaître mon propre reflet. Mes yeux sont injectés de sang et bouffis, soulignés par des cernes violets presque noirs. La couleur de mes iris est devenue indéfinissable. Le reste de mon visage est d'une pâleur à rivaliser avec celle d'un cadavre. Mes cheveux sont emmêlés, gras et forment une masse indistincte sur mon crâne. Je file rapidement sous la douche et termine de me préparer pour aller au lycée, passant par la fenêtre afin d'éviter de croiser un de mes parents. 

The Secret of the Stars | BTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant