Hayley et Madelyn marchaient dans le long couloir de leur lycée, la tête baissée, le regard posé sur le sol. C'est alors qu'un bruit, violent, se fit entendre. Hayely sursauta. Ce fut à ce moment qu'elle leva les yeux vers le haut, cherchant désespérément son amie.
-Tu vois, psychopathe, je t'avais dit que t'allais regretter d'avoir versé ton jus sur ma robe jaune pâle, à la cantine!
-Je t'ai demandé pardon..., dit le plus doucement possible Madelyn.
-J'en ai rien à foutre. On ne couvre pas de jus une robe Dolce & Gabbana, surtout pas celle d'Evangeline Bridge. Ça te servira de leçon., lança la belle blonde au tie and dye noir.
Les deux filles la regardèrent s'éloigner avant qu'Hayley ne se penche pour aider son amie à se relever.
-J'en ai marre d'être considérée comme n'étant qu'une moins que rien, Hayley!, sanglota Madelyn.
Hayley la prit dans ses bras. Elle ne voulait rien ajouter par rapport à ce qui s'était passé quelques minutes auparavant. Elle ne voulait pas voir Maddie souffrir encore plus qu'elle ne souffrait déjà. Elle avait l'habitude, elle aussi, de se faire pousser, insulter et parfois même, frapper mais la douleur était d'autant plus forte quand elle assistait aux intimidations envers sa meilleure amie, qui souffrait d'une maladie mentale.
Hayley ouvrit les yeux difficilement. Il faisait encore noir dehors. Elle se leva et alla se changer après avoir fait sa toilette. Avant de descendre, elle se regarda dans le miroir qui se trouvait au dessus de sa commode. «Tu n'est plus une perdante, Hayley. Tu as place dans ce lycée, maintenant.» pensa-t-elle. Une image trottait dans sa tête depuis la veille. Cet énorme bâtiment, sombre comme la nuit. Sa respiration se mit à s'accélérer. Elle ne pouvait pas l'accepter. Madelyn... Admise dans cet asile... Elle mit ses mains sur son visage et commença à pleurer, chose qu'elle ne faisait jamais.
-Hayley?
Elle s'empressa d'essuyer ses larmes et descendit les escaliers, son plus beau sourire aux lèvres.
-Comment ça va, mon cœur?, demanda Nate.
-Il est sept heures et demi... On est un jour de semaine... On a école... On...
-C'est bon!, l'interrompit-il en se mettant à rigoler.
Les deux adolescents sortirent de la maison et montèrent dans la voiture de Nate. Le trajet vers l'école se fit en silence. Un silence plus lourd que d'habitude. Différents souvenirs de Madelyn refirent surface dans les pensées de Hayley. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre comment la fille avec laquelle elle partageait peines et joies avait pu finir ainsi. La voiture s'était arrêté depuis une dizaine de minutes mais elle semblait absente, ailleurs. Nate sortit du véhicule et ouvrit la portière de Hayley. Elle posa son regard sur lui avant de sortir. Elle ne dit rien jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle. C'est alors qu'elle se retourna et vit un homme âgé d'environ une quarantaine d'années, s'avancer vers elle en lui faisant signe de l'attendre.
-Vous êtes Hayley Gray n'est ce pas?
-J'ai l'air de porter un autre nom que celui ci?, dit froidement la jeune fille.
-Non, bien sûr que non... Excusez-moi, je ne me suis pas présenté, Joshua Woods.
Hayley lui lança un regard noir, ce qui intimida aussitôt l'adulte.
-J'aurais quelques questions à vous poser, mademoiselle.
-À propos de quoi?, s'impatienta-t-elle.
-Madelyn Walker.
Tout à coup, Hayley devint blanche comme un linge. Sa respiration s'accéléra et elle se mit à chuchoter des mots inaudibles aux oreilles de quiconque se trouvait à côté d'elle à cet instant là.
-Qu'est ce que vous voulez savoir sur elle?! Elle est enfermée dans un hôpital psychiatrique parce qu'elle est folle et alors? Beaucoup de personnes sont dans le même cas qu...
C'est alors qu'elle s'interrompit. Ce visage tant familier. Cette femme qu'elle avait l'habitude de voir si souvent et qu'elle considérait comme sa deuxième mère. Cette personne qui était à peine sortie d'une voiture et qui avait peut être entendu les paroles dures de Hayley... Anne Walker.
-Nate... On y va... Tout de suite!, susurra Hayley à son petit ami en voyant madame Walker s'approcher d'eux.
Les deux adolescents tournèrent leurs talons et partirent dans la direction opposée à celle du certain Woods et de madame Walker. Nate serra la main de sa copine et ils se mirent à marcher un peu plus vite afin de ne pas se faire rattraper par les deux adultes. Arrivés devant l'énorme grillage de leur lycée, Hayley alla en toute hâte s'enfermer dans les toilettes avant de se mettre à pleurer. Elle se sentait coupable. Elle ne voulait pas admettre qu'elle avait abandonné Madelyn alors qu'elle pouvait l'aider à éviter ce destin. C'est quand elle entendit frapper à la porte de la cabine où elle s'était enfermée, qu'elle arrêta de sangloter. «Hayley, t'es là?»,«Ça va?»,«Tu pleures?», elle comprit alors que même en courant, ses collègues avaient réussi à la suivre, du coup, elle redoutait les milles questions qu'elles allaient lui poser sur son attitude du jour précédent et sur la raison de se pleurs.
-C'est juste une baisse de moral... Maintenant foutez le camp!, s'écria-t-elle.
Loin de toute cette agitation, Madelyn, elle, assise devant son bureau, un stylo à la main, gribouillait des écrits dans son journal. Elle levait parfois la tête, comme si elle redoutait l'arrivée de quelqu'un, mais elle reposait rapidement son attention vers son activité précédente. Les infirmières aimaient la voir ainsi. Rares étaient les fois où elle agissait de la même manière que le reste des patients enfermés au Dysorder Asylum.
-Alors, Maddie, tout va bien?, lui demanda doucement une infirmière.
-Les étoiles ne pourraient pas briller sans l'obscurité... Oui, tout va pour le mieux, merci de demander., répondit Madelyn avec le sourire aux lèvres.
-Qu'est ce que tu écris de beau aujourd'hui?, enchaîna la jeune femme à la blouse blanche.
-Tiens. Lis, si tu veux. Ce sont des phrases... Qui ont toutes un rapport avec ma vie, ou du moins ce qu'il en reste.
L'infirmière prit le journal de Madelyn et commença à le feuilleter jusqu'à ce que l'adolescente ne se lève brusquement.
-Finalement, non., dit la jeune fille en reprenant ce qui lui appartenait avant de retourner dans sa "cellule", comme elle aimait l'appeler.
Madelyn s'assit sur son lit et se mit à rigoler.
«Crois en ce que te dit ton cœur parce que si tu ne peux pas croire en toi-même, tu ne peux croire en personne.»
«Le problème, n'est pas le problème en lui-même. Le vrai problème, est ton attitude envers ce problème.»
«Juste parce que tu as fait quelques erreurs, ne signifie pas que tu ne peux pas agir d'une manière correcte.»
«Ton au revoir était la chose la plus simple que tu aies jamais dit parce que j'ai comprit que ça voulait dire que tu ne m'aurais plus jamais blessée.»
-Maddie... Tu as de la visite.
La jeune fille leva immédiatement la tête jusqu'à faire un contact visuel avec l'infirmière qui venait d'entrer dans sa chambre. Elle ferma son journal, le posa sous son oreiller et suivit Béa, la femme qui l'avait empêchée, sans le savoir, de vider la haine qu'elle éprouvait sur ces simples feuilles remplies d'encre désormais.
