Angoisse

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Au bout d'un instant d'enlacement qui me paru court où ma grand-mère m'explique doucement sa maladie, ma fille s'agite à l'intérieur de mon ventre. Ma mère qui nous rejoint me pousse à rester à la maison, le temps que je me reprenne. Que c'est dangereux de conduire en étant enceinte et après avoir reçu un tel choc. Je décline son invitation pour la vingtième fois. Je sèche mes larmes et m'installe dans la voiture. Je la démarre et je m'en vais rejoindre mon amant.

À l'arrêt au feu rouge, je reçois une contraction violente. Je devrais m'arrêter sur le côté mais je n'ai qu'une hâte : rentrer à la maison et m'effondrer...

Le feu passe au vert, les autres automobilistes klaxonnent. Je redémarre malgré la douleur qui perdure...

Je reçois une seconde contraction qui me fait presque avoir un accident. Je décide de m'arrêter sur le côté. Je ne veux pas risquer la vie de mon bébé, ni la mienne.

La douleur s'intensifie. J'essaie de parler à ma fille. Non... Pas maintenant. C'est trop tôt. Et grand-mère s'en voudrait énormément.

Les larmes coulent et je tremble.

Au bout d'une vingtaine de minutes à essayer de calmer cette angoisse grandissante, mon téléphone vibre. J'essaie, tant bien que mal, de le repêcher au fond de mon sac à main. Je réponds. Ma vision est un peu trouble. Je commence à voir des petits points noirs se dessiner autours de moi. Ce n'est pas bon signe. J'ai du mal à respirer, Comme si l'on me contractait la poitrine. Et cette douleur incessante dans le bas de mon ventre... J'arrive cependant à décrocher le téléphone.

- Juliette, C'est Marie. Je ne te dérange pas ?

- ... Ma...

- Juliette tu vas bien ? Tu es où ?

- *bruit de respiration coupée*

- Juliette on va respirer ensemble. Tu respires...Inspires par le nez.

Je m'exécute tant bien que mal.

- Expires par la bouche.. Inspires.

J'entends qu'elle me met en haut parleur. J'arrive également à percevoir ses bruits de clés en fond sonore.

Au bout de plusieurs minutes à exercer ce petit exercice, je ne me sens pas plus rassurée et j'ai encore du mal à respirer. Ma vision se trouble... Je tombe dans un trou noir...

Je sens des mains autours de mon visage. J'ai mal à la tête et dans le bas de mon ventre. J'entends des murmures incompréhensibles... J'ouvre les yeux et la lumière aveuglante au-dessus de moi me déstabilise. J'ai envie de demander où je suis et surtout comment va ma fille mais j'ouvre ma cavité buccale sans pouvoir sortir le moindre son. Un jeune homme me regarde dans les yeux et me touche le bras :

- Vous êtes aux urgences. On va vous emmener faire des examens. Essayez de rester tranquille.

Je veux lui demander si ma fille va bien... Je traîne mes mains vers mon ventre.

- Votre enfant va bien. Elle est toujours bien au chaud. On doit s'occuper de vous.

Je ne sais pas ce que j'ai eu. Au bout d'un instant qui me semble interminable, on me conduit dans une chambre particulière.

L'infirmier qui m'a rassuré plus tôt, passe me voir. Il me dit que je dois rester hospitalisée vingt-quatre heures pour observation. Le médecin viendra me rendre visite pour m'expliquer des résultats des examens.

Il me demande si j'ai compris quelque chose. Je secoue la tête. Il m'est impossible de parler. Il me dit également que j'ai de la visite, que normalement à cette heure-ci ce n'est plus permis, mais qu'il va faire une exception.

Mon amant,  Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant