Partir

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Point de vue de Juliette

Merde. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je vois Simon en train de suffoquer. Je ne peux m'empêcher de le secouer et de ramener son regard vers le mien.

-Simon! Simon, dis-je en le secouant, je ne pars pas comme ça. Je ne te quitte pas ! Je t'aime...

Petit à petit, il se reprend... il émerge de son état de trouble.

- Tu ne pars pas ? Demande-t-il avec un regard d'enfant implorant.

- Je ne te quitte pas Simon. Mais j'ai besoin de partir pour me ressourcer quelques temps.

- Tu pars...

Je vois la déception dans son regard. Je voudrais lui dire qu'il a toujours été mon ancre, mon phare dans l'obscurité mais je ne peux pas. Dans cette épreuve, je suis seule.

- Simon, ce n'est pas contre toi. Ce n'est pas un souci entre nous deux. J'ai juste besoin de me retrouver seule. Il y a tellement de choses qui se sont passés ces derniers temps. Beaucoup de changements. J'ai besoin de me retrouver. De savoir qui je suis maintenant. De me retrouver. Dis-je en bafouillant un peu.

- D'accord, dit-il sans grande conviction.

- Simon...

- Et Rose ?

Mince, je n'avais pas pensé à notre fille. Je m'interroge. Mon cerveau fuse à cent à l'heure. Simon, dans son trouble, ne le remarque pas vraiment.

- Je ne sais pas, dis-je d'un souffle. Je suppose que je dois la prendre avec moi vu qu'elle est encore allaitée.

- D'accord.

Je comprends son désarrois. Je n'ose pas le regarder dans les yeux. Sa douleur est profonde. La mienne, enfouie me donne littéralement envie de gerber. Je ravale la bille et laisse le brûlant envahir ma gorge.

-Simon...

Il relève la tête, doucement. Et quand ses yeux transpercent les miens, je ne peux m'empêcher de suffoquer. Qu'est-ce que tu es en train de faire Juliette ? Tu es en train de tout foutre en l'air.
Simon me regarde comme un fantôme.
Prise d'une panique, je monte à l'étage dans la chambre d'ami. Je ramasse le sac poubelle noir. Celui qui est la cause de tout ça. Je redescends aussi vite que je suis montée.

- Simon..

Sa tête est toujours en train de me fixer.

-Simon...

Je panique et je manque d'air. Mais putain, Juliette ! Qu'est-ce que tu fous ? T'as tout pour être heureuse. T'as un mari en or et une petite fille merveilleuse. Un boulot, une maison...

Mais aussi un trou énorme dans la poitrine. La mort.
L'angoisse de l'éphémère... tout peut s'arrêter.

Mes yeux se troublent et je tombe à genou, le sac encore dans la main

L'évidence est faite. Celle que je ne voulais pas m'avouer. Celle que je ne m'avouerais pas. Celle que je nie, que je tournoie en la camouflant par ma fausse couche ... et tout ce sang qui s'échappe de moi. J'ai le bonheur à portée de main et je sais que tout peut s'arrêter  d'un instant à l'autre.

Je suis la petite fille qui attend sagement à la fenêtre que papa revienne. Mais papa ne reviendra jamais.

Je suis la petite fille qui, boit le thé avec sa grand-mère et qui deux secondes plus tard, lui  tient sa main inerte.

Je suis la femme qui a perdu l'enfant, celui qui a toute la vie.

Je suis la maman qui suffoque de peur que son enfant ait mal ou pire.

Simon m'agrippe... comme réveillé par mon état.
Je veux partir et me réfugier... partir. 
Mon mari me prend dans ses bras et même si je sens tout l'amour qu'il me porte, je me sens tellement coupable.

- Juliette... Juliette...

Je suis en train de tout foutre en l'air.
Le sac poubelle glisse doucement de mes mains, je le laisse partir... Je ne me rends pas compte que c'est mon mari qui le prend et l'ouvre. Une horrible odeur de sang pourri envahi l'espace.

-Juliette, qu'est-ce...

Mon regard se fige vers les siens. La culpabilité se lit sur mon visage. Le poids de ce bébé parti si tôt. Est-ce mal de s'en vouloir alors que nous avons tout pour être heureux et déjà un enfant ? Des millions de femmes sur terre perdent des bébés tous les jours. Ou n'en auront jamais. Rose... est un cadeau. Elle est vivante, en bonne santé... mais ce bébé, que nous ne désirions pas forcément s'est enlevé de moi. A-t-il ressenti que je n'en voulais pas ?

Simon me serre dans ses bras...

- Je suis désolé, dit-il, bouleversé.  Si tu veux, on réessaiera...

La goutte de trop. Je me lève, sans un mot. Ce n'est pas ça... tu ne comprends pas! Ai-je envie de lui crier. Mais rien ne sort.

Comme un robot, je me dirige vers la porte. Respirer... partir.

Je sais que si je quitte cette maison, une part de nous s'éteindra. On n'a jamais été ainsi. La communication qui a toujours été un atout, je l'ai brisée en cet instant. Mais, je dois me protéger. J'ai besoin de respirer.

Simon me regarde, impuissant. Il sait que je vais le faire. Que j'en ai besoin. Il murmure :

-Juliette, je suis là. Dis-moi...

-Je reviendrais, dis-je, en claquant la porte.

Et je pars. Sans savoir où. Je m'en vais.

Salut à tous...

Court chapitre après des mois d'arrêt. Qui pourtant était écrit depuis longtemps.

Je suis un peu comme Juliette, pour le moment. J'ai besoin de partir sans vraiment où... pour peut être mieux revenir ? Je ne sais pas... Qu'en pensez-vous ?

Dans tous les cas, je vous dis à bientôt ...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 23, 2022 ⏰

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Mon amant,  Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant