fall ?

19 2 0
                                    

(trigger warning: suicide)

"People are not
rain or snow
or autumn leaves;
they do not
look beautiful
when they fall."

(Les gens ne sont pas
de la pluie, de la neige
ou des feuilles d'automne;
ils ne semblent
pas magnifiques
quand ils tombent.)

Elle est attirante cette chute.

Bon, ça doit dépendre des points de vue vous me direz. Mais regardez attentivement.

Les pieds dans le vide, assis.e à contempler ces dizaines de mètres qui nous séparent du sol, on songe.

On se demande ce qui nous retiendrait de lâcher prise.

On pense à la douleur, principalement. Une douleur sourde, qui s'insinue lentement, tel un serpent gelé qui s'enroulerait progressivement autour des os, des organes, pour ne laisser derrière lui que des décombres. Des décombres et des larmes, bien sûr.

Ouais... Là, comme ça, au bord, sans rien pour nous retenir, on sent quelques larmes couler, peut-être sous le coup de la fatigue, du froid... Oui sans doute. C'est juste ça, la fatigue...

Mais alors, juste à l'instant où on s'apprête à se relever, un flocon de neige se pose sur le rebord, et on écarquille les yeux, fasciné.e par cette chute douce et silencieuse.

À l'instant même où l'on commence à le regarder, ce petit truc froid et blanc fond, pour ne laisser qu'une flaque, qui n'est qu'un mince vestige d'une beauté pourtant présente il y a quelques instants.

On s'aperçoit aussi que ce petit flocon n'était pas seul, et lorsque l'on relève la tête, quelques centaines de ses semblables peuplent le ciel grisâtre. Et on se laisse bercer par leur douce chute, qui se finit sans un bruit, sans une larme, sans aucune douleur. Doucement, on recommence à se demander ce qui nous empêche de suivre ces flocons dans leur chute. Ce serait si aisé. Si paisible.

Peu à peu, les immeubles autour commencent à être recouverts d'une fine et délicate couche blanche, qui s'accroche dans nos cheveux, et sur nos vêtements également. On frissonne au contact d'un petit bout de neige sur notre nez. Finalement, maman avait raison. Il fait trop froid pour rester dehors sans pull.

On essaie de se câliner tout.e seul.e, pour se réchauffer. Ça ne marche pas vraiment, mais bon..

On se dit alors, après cette contemplation intense, que la chute, notre chute, doit être bien différente de celle si douce de ces flocons.

Mais ce n'est pas si grave en fin de compte.

On se relève alors, comme pour repartir, sauf que ce n'est pas franchement notre intention.

On regarde en bas, tremblant dans ce froid glacial, et l'on se joint à cette chute si harmonieuse, espérant que la suite sera plus douce.

Quick thoughtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant