them?

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"they will break your heart,
and then call you heartless."

(ils te briseront le coeur,
et te traiteront de sans-coeur.)

Ah.

"Eux."

Tu sais pas vraiment qui c'est ce "eux", hein ?

C'est vague comme terme.

Tu connais quelques significations du mot "eux"...

Il y a le "eux" qui désignent ceux qui s'en foutent. Ils ne te connaissent pas. Toi non plus. Et vous ne voulez pas vous connaître.
Tant mieux, pas vrai ?
Au moins c'est réciproque.

Mais ce n'est pas de ce "eux"-là dont on va parler.

Après il y a le "eux" que tu connais vaguement, que tu saurais reconnaître dans une rue, ceux avec qui tu discuterais, mais pas trop longtemps car vous viendriez à court de conversation malgré vos efforts.
Si on y réfléchit bien, eux aussi s'en foutent. Tu pourrais disparaître, ils hausseraient les épaules, ou s'en rendraient compte deux ans après:
"Tiens qu'est ce qu'elle est devenue ? Ah... Tant pis."
Puis bon, ils passeraient à autre chose. Comme tout le monde.

Ce n'est pas non plus ce "eux"-là auquel est consacré ce texte

C'est au "Eux" avec un grand E, pour faire opposition au "Nous", ceux que tu aimes et toi.

Ces Eux-là, ce sont ceux qui t'enfoncent. Quoi que tu fasses.
Et tu ne peux t'empêcher de les écouter. D'essayer de les satisfaire. Parce que tu les connais. Ces gens qui, avec leurs petites remarques, pointent tous tes défauts, physiques et mentaux aussi. Ils vont pas se gêner.

Ce sont ceux dont les remarques te suivent au cours de ta vie, et bien sûr, ils sont partout. Tout le temps.

Ça peut être celui dont tu étais amoureuse en primaire, celui qui ne t'aimait pas "parce que, de toute façon, t'es trop grosse pour que je t'aime."

Bien sûr, ça peut aussi être une prof, qui, après t'avoir fréquentée une vingtaine d'heures, a décidé que ta passion était pas faite pour toi, et que, franchement, "si tu continues comme ça, tu n'as aucun avenir."

Ça peut aussi être tes ami.e.s de l'époque, qui se foutaient silencieusement de ta gueule quand tu faisais de ton mieux. Eh, c'est vrai, "c'est super drôle une petite grosse qui court !"

Ça peut aussi être une dame random, à qui tu demandais simplement si son enfant était toujours aussi surexcité, et qui te répond sèchement qu'elle "préfère avoir un enfant qui court partout qu'une gamine qui passe ses journées à rien faire à la maison."

Bien sûr, ça peut aussi être ton père. Parce que c'est vrai que tu lis beaucoup, et que tu passes beaucoup de temps au calme parce que tu as du mal avec la foule et la sociabilité, mais "tu veux pas sortir te faire des amis, au lieu de rester et être paresseuse ? " Et puis bon, c'est sûr qu'avec ce comportement, "tu me fais honte !"
(Comment ça daddy issues ?)

Ça peut être une jeune fille, que tu voyais comme une amie proche, à qui tu as confié des faits sur ta vie que tu n'as jamais confié à personne, avec qui tu pensais avoir un lien, qui cesse de te parler du jour au lendemain, sans raison. Tu apprendras plus tard qu'elle a balancé la plupart de ce que tu lui avais dit comme si ce n'était que des anecdotes, parce que de toute façon, tu "cherches même pas à soigner ta dépression".
(On dira rien, mais être en dépression veut souvent dire ne plus vouloir vivre, donc non, on ne cherche pas à se soigner, on songe plutôt aux différents moyens de mettre fin à son existence sans faire trop de mal autour de soi.)

Ça peut être tes ami.e.s, qui, alors que tu plonges, te demandent d'"arrêter un peu, là ! T'exagères ! Moi aussi je suis triste des fois, et j'en fais pas tout un plat."

Ça peut être celle que t'as aidé comme t'as pu, malgré une dépression et une anxiété qui te poussent à t'éloigner de tout et à juste crever. Celle pour qui t'es restée un minimum vivante, parce que tu savais pas qui allait la protéger sans toi, parce que tu voulais continuer de l'aider tant que tu pouvais.
Malheureusement, à un moment donné, la faiblarde que tu es a replongé. Ta première réaction a été de la protéger de ce bordel, alors tu as commencé à répondre moins souvent, pour ne pas l'affecter, pour ne pas l'entraîner avec toi pendant qu'elle traversait une période difficile. Tu faisais ce que tu pouvais pour ne pas la blesser, mais apparemment c'était pas assez, parce qu'elle a finit par lâcher que "tu devrais arrêter un peu de penser qu'à toi." avant de te dire que "de toute façon, à partir de maintenant, je ne suis plus là.". Ça booste la confiance en soi ça.

Ça peut être aussi celui qui te dit que "t'es conne ou quoi ? Je sais que t'es une femme mais quand même, merde !"

Ça peut être ce mec qui te dévisage après avoir remarqué des cicatrices que tu caches comme tu peux, et qui t'affirme que "tout ce que tu veux, c'est de l'attention, parce que t'es trop jeune, et que t'as pas encore connu la vraie souffrance".

T'as plein d'exemples comme ça. De plein de gens. Proches ou pas.

Eux.

Dont les paroles te suivent à chaque pas.

Qui te murmurent que tu es insignifiante, détestable, bonne à rien. Qui te répètent en boucle les défauts que tu essaies d'effacer comme tu peux.

Mais tu n'y arrives pas. Justement parce qu'ils te rappellent chacune de tes erreurs quand tu tentes de t'améliorer.

Tout ce que tu veux, c'est t'en sortir, faire de ton mieux, et réussir.

Parce que malgré toi, tu veux leur montrer.
Tu veux leur montrer que t'en es capable, que t'as pas besoin d'eux pour réussir.
Tu veux leur montrer que tu peux le faire malgré tout ce qu'ils en disaient.

Et malgré tout ça, tu tombes.
Tu tombes tellement bas.
On dirait que tu veux encore et toujours aller plus bas, plus loin dans la déception.
Tu creuses. Voilà. C'est ça.
Tu creuses sous tes pieds pour voir le fond.
Parce que franchement, de là où tu es, à cette profondeur, malgré ce que certain.e.s essaient de te dire, tu n'arriveras pas à remonter.
Alors tout ce que t'arrives à faire, c'est t'enfoncer.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04, 2020 ⏰

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