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Je me réveille en sursaut, me redressant dans le lit d'un seul coup, les larmes silencieuses désormais roulant sur mes joues. Deux ans et le souvenir est toujours là et aussi dur. Est-ce que cela va s'arrêter un jour ? Est-ce que la douleur va partir ?

Je secoue mes cheveux court aux épaules désormais, ramène mes genoux contre ma poitrine et fixe le cadre au dessus de la commode de ma chambre. Cela me semble encore si réel, les coups de feux, la chaleur...Tout....

- Hé...Mia ? T'as encore rêvé ?

Je ferme les yeux, ressentant le bien-être que me procure sa voix à mes côtés. Il pose sa main sur mon dos commençant de douces caresses, comme si il avait senti l'emballement de mon coeur. Ce qui était peut-être vrai après tout, on en apprenait tous les jours un peu plus... Je hochais doucement la tête, laissant couler une nouvelle larme. Il soupira, pour son tempérament, il faisait preuve d'une patience surprenante.

- Viens là...

Il me tira contre son torse solide et nous rallongea dans le lit en silence. Il caressait doucement mes cheveux et déposa un baiser sur mon front, comme pour effacer les images et essayer de prendre la douleur.

- Toujours le même ?

- ça ne change jamais.

- Je suis désolé. T'as eu Tim ?

- Non...personne ne répond.

Il soupira de nouveau et fixa le plafond. Aucun de nous ne se retrouvait fatigué à vouloir dormir, trop d'image pour moi et d'inquiétudes pour lui. On ne disait rien, il n'y avait rien à dire et puis j'avais juste besoin de silence pour digérer, pour réfléchir, et j'avais besoin de lui, de sa présence à mes côtés. Il avait été la dès le début, je n'aurai pas tenu, surtout après le départ de Julia et la mort de Ellye.

- Essaie de te reposer murmura-t-il après un temps de silence.

- Tu sais que c'est pas si simple...J'aimerai mais c'est comme...c'est comme si les images restaient parce qu'il y avait une incohérence, une injustice.

- Mia, tu sais qu'on ne peut rien faire...pas encore...pas comme ça...

- Mais alors quand ? M'insurgeais, Quand est-ce que c'est ? On ne parle à presque plus personne...Une partie de nos amis sont morts, le centre  a fermé, Tim et Mérédith sont partis on ne sait où, Julia n'a rien laissé et nous les autres on s'est retranché dans un chalet perdu...On est inactifs, on arrange rien alors que l'Ordre continu toujours de se répandre...

Il se releva et s'appuya contre le dossier du lit, plantant ses yeux bleu glace droit dans les miens. Même après tout ce temps il me déstabilisait toujours autant. Sa main se posa sur ma joue, telle une promesse.

- On agira. Et ils seront tous en cendre. Crois moi. Ils paieront.

Je le fixais à mon tour, et hochais la tête.

- Je t'aime Mia.

- Moi aussi Will, moi aussi Je t'aime.


Je descends les marches du petit chalet perdu dans les Rocheuses. Gray et Kate sont déjà dans la cuisine, je les salue d'un bref hochement de tête avant de prendre mon verre de lait habituel dans le frigo. 

- Bien dormi ?

- Comme d'hab. Du nouveau ?

Kate secoua ses cheveux roux avec un air dépité. Je soupirais, ce n'était pas tant pour Mérédith et Tim que je m'inquiétais, mais plutôt pour Julia. Julia était partie il y a deux ans, juste après l'attaque et ses conséquences désastreuses. En une nuit elle avait tout vidé, tout laissé derrière elle. Elle ne nous donnait plus aucunes nouvelle ce qui renforçait clairement notre inquiétude. Il y a deux mois on avait perçu un signalement flou au Tibet, mais lorsqu'on avait été sur place rien. 

Will descendit juste derrière moi suivi de près par Kaleb. On échangea quelques banalités, mais évidement tout sonnait vide de sens, on était des super-mutants, impuissants qui regardait le monde, leur monde s'effondrer autour d'eux, ça en devenait rageant. Des observations, on savait que bons nombres d'expériences ratées de l'Ordre étaient mortes quand Zed avait fait exploser le labo sacrifiant sa vie pour la notre.  Néanmoins beaucoup restaient actives et sous commandement de l'Ordre, et nous on était terré en attente de l'ordre et des informations de Tim.

Mérédith et Tim étaient également partis après l'attaque, pour se retirer on ne savait où en faisant des recherches de leur côtés, nous conseillant de garder profil bas pour notre propre sécurité. On savait qu'ils étaient en vie par le code morse qu'ils nous envoyaient, mais rien de plus. On attendait, les survivants, on attendait à moitié vivant, nourrissant une haine de plus en plus grande envers l'Ordre.

La journée se passa comme elle avait l'habitude de le faire, tout n'était devenu qu'une routine pesante, et destructrice. On s'entrainait, on mangeait, on observait , on comparait et puis on se réunissait devant la cheminée espérant que l'appétit insatiable pour les jeux de Gray, nous sauverait et l'ennui et nous occuperait l'esprit.  Encore une fois, ce soir nos prières avaient été entendues, Gray nous avait sorti un jeu du dictionnaire, un mot et on devait trouver une définition, celui qui se rapprochait le plus avait le point. Ouais, on faisait comme on pouvait.

- Grégaire.

- euh qui vivait à l'époque grégorienne ? lança Kate

- non.

- dérivé du prénom Grégoire ? essaya Kaleb

- Toujours pas, sortait du radical.

- Qui vit en groupe, en troupeau. Comme des êtres primitif affirmais-je

Ils se tournèrent vers moi, je fixais la cheminée d'un air absent collée contre Will qui avait son bras autour de mes épaules. Je participais rarement à ces jeux, c'était plutôt Kate et Kaleb, mais là je savais. Je connaissais.

- Exact Mia, comment tu sais ça ?

- Mon père, il me l'avait dit une fois.

- Tu m'épateras toujours !

J'ébauchais un sourire vers Gray avant de me reconcentrer sur le feu et sa combustion. C'est à ce moment que notre existence ennuyeuse prenait fin, Trois coups raisonnèrent dans le salon du chalet. On se redressa tous sur le qui-vive, Will se leva et échangea un regard entendu avec Kate. Il sortit ses griffes d'acier tandis qu'elle sortait son flingue. Mentalement je déverrouillais les trois loquets de la porte. C'était la suite de ma mutation, la télékinésie.  On retient tous notre souffle

Sous la pluie battante, se trouvait deux visages souriants, trempés mais familier, un poids tomba de mes épaules.

- Salut Will lança Tim au châtain qui était à côté de la porte.

DNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant