-Je suppose que tu te demandes comment j'ai fait pour connaître ton prénom. Eh bien, sache que ton carnet était sur la rambarde.
-Je vois. Ça veut dire que je vais devoir m'en acheter un nouveau...
Ça fait maintenant presque deux semaines que j'ai repris conscience. Je quitterai ma chambre dans deux jours. Je me sens beaucoup mieux et je peux bouger librement sans prendre le risque de craquer mes os.
J'ai hâte de retrouver ma chambre. Le blanc de l'hôpital me donne envie de vomir. Ils ne peuvent pas peindre les murs en gris ?
Mes parents m'ont rendu visite. Maman était plutôt inquiète, papa s'en fichait un peu, mais ça ne m'a pas dérangée. Je n'y avait pas vraiment prêté attention, et j'avais ignoré la majorité des longues tirades de ma mère.
Plusieurs amis de Xavier sont venus. J'ai appris qu'ils jouaient tous au foot, un sport plutôt lassant selon moi. En plus, je les avaient déjà vus à la télévision lors d'un FFI. Je n'avais rien à faire ce jour-là.
Aretha venait presque tous les jours après le lycée pour me donner les cours et les devoirs. C'est bien gentil à elle de faire 47 km tous les soirs à vélo pour de la paperasse...
Un jeune stagiaire me coupe dans mes pensées.
-C'est votre déjeuner, mademoiselle Grown.
-Merci.
Xavier n'arrêtait pas de se plaindre sur la nourriture infecte de l'hôpital.
Moi, ça ne me dérange pas, tant que j'ai à manger.
Il y a une chose que je n'aime pas: que l'on m'appelle mademoiselle Grown.Ce n'est pas que je n'aime pas la famille Grown (quoique si, en réfléchissant bien), mais j' ai toujours cette impression de ne pas être à ma place, surtout quand ma grand-mère paternelle me toise de haut en bas chaque fois qu'elle me voit.
Exactement cette même impression quand je me pose des questions existentielles sur la vie, comme si mon cerveau me disait que je n'étais pas à ma place parmi les vivants.
Je suis Ophélie Grown, la dépressive étrange, la suicidaire dangereuse, celle qui a été vendue pour devenir la fille de Tom et Zoé, la myope isolée. Pourquoi devrai-je vivre parmi ces vivants qui ont fait de moi cette fille repoussante ?Il faut que j'arrête. La psychologue me gronde toujours sur ce point : mes pensées dépressives...
Je ne trouve pas ça dépressif du tout. C'est mes questions existentielles, qui me permettent d'avancer.-Ophélie ?
Aretha vient d'arriver et en toute sincérité, je ne suis pas d'humeur à discuter.
-Rhooo... Toujours en train de rêver, cette fille ! grogne ma camarade de classe.
-Elle doit avoir une imagination débordante !
Xavier...
Je ne sais pas pourquoi, ce garçon m'intrigue vraiment, au point de me tourmenter durant mes nuits. Je ne dit pas qu'il est étrange, au contraire ! C'est peut-être l'une des rares personnes à me comprendre.-Bonjour.
-Ah ! Elle nous parle enfin ! Tu sais que tu pars demain ?
-Oui, je sais Aretha...
-Tes parents ne pourront pas te chercher et moi non plus, désolé !
Le gouvernement devrait penser à placer des hôpitaux à la campagne. En toute sincérité, 47 km à pied, ça ne m'inspire pas...
-C'est pas grave Aretha, je trouverai une solution.
Elle semble réfléchir.
Je viens juste se remarquer qu'elle porte un T-shirt jaune canaris. Argh, mes pauvres yeux de myope n'avaient rien demandé...
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Hésiter
FanfictionLa vie ou la mort ? Voilà une question parfaite pour enclencher un bon débat ou démarrer un cour de philosophie. Ophélie, 16 ans, adolescente désintéressée par ce qui lui entoure, hésite beaucoup à continuer de vivre sans raison, sans passion. Pou...