La vie de Taehyung était semblable à celle d'un papillon. Éphémère. Lorsque la belle saison revenait, que le solstice d'été sonnait son heure, il renaissait. Et quand le dernier soleil estival s'évanouissait dans l'horizon, il disparaissait dans un souffle.
Depuis toujours, il a été fasciné par l'être humain, ou du moins par sa capacité à créer. Il ne s'était jamais vraiment mêlé à eux, juste observé de loin. Et tel un fantôme, personne n'avait fait attention à sa présence et c'était mieux ainsi.
Jusqu'au jour où il entra dans ce petit café. Il n'avait rien de particulier, mais pourtant il s'était senti comme attiré par cet endroit. Il s'assit près de la baie vitrée, là où il pourrait sentir les doux rayons du soleil lui réchauffer la peau. Puis ce garçon apparut dans son champ de vision. Il avait de grands yeux dont la couleur ressemblait à celle des châtaignes grillées, des joues rebondies, un physique assez banal aux yeux des autres, mais son sourire tellement chaleureux le rendait magnifique. Il ne put que le lui rendre.
Quand il partit derrière son comptoir, il se replongea dans son livre, mais il ne put ignorer l'attention qu'il semblait lui porter. C'était bien la première fois qu'il se sentait épier. Pourtant il n'éprouvait aucune gêne, au contraire, il appréciait même. Lorsqu'il revint lui apporter sa boisson, il remarqua ses joues rosies et les paillettes d'or dans ses prunelles marrons. Quelque chose se mit à battre pour la première fois en lui. Sensation qui disparut aussitôt que le jeune homme retourna à sa place. Il continua alors sa lecture, pourtant il sentait toujours son regard sur lui. Il releva alors la tête et fut happé par l'intensité de ses yeux. Sans s'en rendre compte, un sourire se dessina lentement sur le visage du garçon. Les battements dans son corps refirent surface. Il avait l'impression d'être enfin vivant.
*
Il ignore pourquoi, mais il était revenu. Encore et encore. Toute la semaine, il n'avait fait que penser à ce garçon, à son sourire et son regard hypnotisant. Lui, qui n'avait jamais interagit avec les humains, avait envie de tout connaitre à son sujet. Il avait pourtant tout fait pour ignorer ce sentiment inconnu qui commençait à grandir en lui et à s'emparer de sa raison. Celle-ci ayant perdu tout contrôle sur son être, il osa enfin laisser son envie parler.
Jamais il n'aurait cru être aussi heureux à ce moment précis, lorsqu'il lui donna son prénom. Il le répéta sans cesse dans sa tête, telle une douce mélodie. Il abandonna alors toutes ses résolutions et continua à bavarder avec lui. Il lui proposa même de se revoir hors de ce cadre dans lequel ils s'étaient rencontrés.
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C'était un jeu dangereux auquel il jouait, se disait-il. Il le laissait se rapprocher de lui, de le toucher au plus profond de son être. Il s'attachait à lui. Sans lui, il se sentait vide, invisible, pourtant ça ne l'avait jamais dérangé auparavant. En lisant plusieurs livres, il comprit que ce bonheur qui le dévorait quand il était en sa présence et ce mal qui le rongeait quand ils se séparaient, étaient ce que les humains appelés communément "l'Amour". Et cette chose qui s'était mise à tambouriner en lui était son cœur.
Les jours passaient. Il profitait maintenant de cette joie intense et nouvelle pour lui, des moments qu'il partageait avec lui, de ses sourires, de ses regards, de ses mains lorsqu'elles se joignaient l'une à l'autre. Mais malheureusement il ne pouvait plus négliger son destin.
Lorsque le dernier jour sonna, son cœur était brisé, car il savait qu'il allait devoir abandonner son compagnon. Il ne pouvait plus cacher sa peine. Avant de s'en aller, il lui promit qu'il reviendrait. Et avec toute sa volonté, il jura que cette fois-ci, il comptait bien rester à ses côtés.