Chapitre 17

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C'est plutôt long la nuit n'est-ce pas ? Voir ennuyeux.. surtout lorsqu'on arrive pas à dormir et qu'on ne cesse de remuer dans tous les sens en cherchant désespérément l'endroit et la position parfaite pour s'endormir sans jamais la trouver.

C'est ce que je fais depuis un bon moment déjà. Il était bientôt cinq heure du matin et je n'avais toujours pas fermé l'oeil. J'étais pourtant épuisée mais mon cerveau cogitait trop et la douleur qui éveillait constamment mon pied n'arrangeait pas les choses.

Sacha. C'était lui qui occupait mes pensées..constamment. Depuis qu'il est arrivée je me suis déjà faite agressée deux fois alors qu'à part la fois où je m'étais ouverte le menton quand j'avais 8 ans, il m'était rien arrivée de plus grave. À part la mort de mes parents... J'avais l'impression de devenir une de ces princesses qui sont toujours en danger et qu'il faut sauver. Mais ça ne me ressemble pas ça ! Je déteste perdre le contrôle, ne pas pouvoir choisir ce qu'il se passe et ne pas pouvoir choisir les émotions que je montre et à qui. Je ne suis pas une pleurnicheuse à trois centimes.

En réalité je ne pleure jamais, devant les gens du moins.
C'est une sorte de code d'honneur chez moi. J'avais d'ailleurs mises en place une sorte de méthode pour éviter de pleurer. J'inspirais en comptant jusqu'à 3 dans ma tête et expirait lentement de la même façon en pensant à autre chose.. C'est la seule méthode efficace que j'avais trouvée.

Flashback

- Hey, ça ira ? Demanda ma tante.

- Oui.. répondis-je faiblement.

Inspire, 1..2..3,
Expire, 1..2..3.
Inspire, 1..2..3,

Mes yeux cessaient de me piquer au fur et à mesure que je prenais des bouffées d'air. Il fallait que je me calme, que j'arrête de pleurer, je savais très bien que si je ne le faisait pas, je ne pourrais plus m'arrêter.

- Écoute Tani, ça va être dur.. mais ce sera une belle cérémonie. Tenta ma tante pour me rassurer.

Je hocha la tête en guise de réponse. J'avais trop peur de laisser s'échapper un sanglot si j'ouvrait la bouche.

- Tu as apporté un cd?

- Ils ont un piano à l'église.. ce serait un meilleur hommage pour eux. Dis-je en articulant tous mes mots.

- Très bien. Nous arrivons bientôt, je resterai à côté de toi tout au long de l'enterrement.

La voiture se gara sur le côté quelques minutes plus tard. Je jetta un regard à cette petite frimousse totalement perdue à peine 8 ans, et lui souris avant de pousser la portière et de descendre. Nous l'étions tous les deux à vrai dire.. perdus.

C'était notre premier enterrement, et nous enterrions nos parents.

Nous descendîmes pour trouver l'entrée de l'église, lorsque nous arrivâmes devant, je fus sous le choc. Il y avait là plus d'une centaine de personnes. Lorsque je passais devant un enterrement en général il y avait une vingtaine de personnes mais là, tout le monde étaient là, à la fois pour mes parents mais pour nous aussi.
Tous les regards étaient tournés vers nous et la présence de tous ces gens me réchauffa le coeur, surtout lorsque je vis dans la foule mes coéquipiers du badmington et mes amis du collège. Ils étaient tous là, même les plus inattendus, et je me sentis instantanément beaucoup moins seule.

Mais ce fut de courte durée. Deux corbillards se placèrent devant l'entrée et des hommes se dirigèrent vers nous, les deux cerceuils en main.
Ils pénétrèrent dans l'église et nous les suivirent, moi, ma tante, et mon frère.

Au moment même où je posa un pied dans l'église, toutes mes émotions jusqu'ici refirent surface d'un coup et j'explosa en sanglot. Je voyait les cerceuils devant moi tanguer, et j'imaginait les corps inanimés de mes parents à l'intérieur. J'imaginait la souffrance qu'ils avaient dû endurer avant de mourir et demandais sans cesse au ciel ce qu'ils avaient fait pour mériter ça.
Toutes les personnes présentes dans l'église s'étaient levées à notre passage, leur regards étaient braqués sur nous, pleins de pitiés pendant que je me débattait avec la lourde douleur que je ressentais à l'intérieur de mon coeur. J'étais cramponnée à ma tante, le visage déformée par les torrents de larmes qui dévalaient mes joues et je tentait de ne pas laisser mes jambes flancher avant d'arriver à nos sièges.

Scars.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant