[3] Cette vie est mienne

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 Épreuve de 2 h : « Jadina veut s'envoler loin d'Orchidia sur le bâton-aigle qu'elle vient d'obtenir. Par le moyen que vous voulez (genre littéraire, registre, dialogue ou non, choix du narrateur, choix des temps utilisés...), expliquez pourquoi elle veut partir, quel est son but, comment elle fait pour y parvenir/comment elle envisage d'y parvenir/comment elle s'imagine le voyage ou sa vie future/etc... Soyez libres ! »  

-> Explication à la fin

Le jour tellement attendu par Orchidia toute entière était enfin venu. Enfin, leur princesse avait en sa possession le bâton-aigle, trésor royal hérité de l'ancêtre lointaine de la famille royale. Enfin elle serait considérée comme une adulte, et non plus comme une enfant. Cet artefact si rare, cette merveille inestimable lui avait d'abord échappé, mais, voilà, maintenant, il l'acceptait,  il reconnaissait la noblesse de l'âme de la future souveraine.

Cette journée si réclamée n'avait pas été tranquille, loin de là. Non, elle était frappée par le sceau du malheur, du sceau de la mort. La comtesse Invidia, soeur de la reine actuelle, avait quitté le monde des vivants, succombant à une chute. Jadina n'avait pas réussi à la sauver. Et elle s'en voulait. Si seulement elle avait pu franchir les quelques centimètres qui l'avait séparée à jamais de sa tante...

Maintenant, son cousin, le comte Kasino, lui vouait une haine immense. Il la haïssait, lui reprochait de ne pas avoir réussi à arracher sa mère aux griffes de la mort. Il rejetait toute la faute sur elle. Déjà qu'avec l'accident du Kracolac, il ne l'appréciait guère, alors là... Il ne lui adresserait jamais rien d'autre que des regards haineux, des reproches. 

Voilà à quoi pensait la jeune Jadina, cette nuit, assise devant la fenêtre de sa somptueuse chambre, grande ouverte. La lumière des astres éclairait son doux visage, se reflétait dans ses yeux émeraudes si éclatants. Sa tête appuyée sur ses mains, elle tenait le bâton-aigle, son bâton-aigle du bout des doigts, et elle se plaisait à sentir la fraîcheur de la pierre contre sa peau. 

Le vent ne soufflait pas ce soir. Il ne daignait pas accompagner la princesse dans ses questionnements profonds. Mais, d'un autre côté, cela l'arrangeait. Seulement vêtue d'une luxueuse chemise de nuit blanche à ornements d'or, elle ne disposait que d'une faible barrière contre le froid.

Elle soupira, comme souvent lors de ces moments. Elle avait pris l'habitude de veiller, seule, jusqu'à des heures peu convenables selon ce que dirait sa mère. Sa solitude lui permettait de réfléchir posément, sans que personne ne vienne donner son avis ni contester ses opinions. Les sujets qui tourmentaient son esprit ne regardaient qu'elle. C'était à elle de trouver les réponses aux questions qui tournaient dans sa tête.

Le bâton-aigle glissa, et elle le rattrapa de justesse. Ouf, il n'était pas tombé. Qu'aurait elle dit si une simple chute l'avait brisé ? On lui avait répété mille fois qu'elle devait y faire attention, en prendre plus soin que d'elle même. Plus facile à dire qu'à faire.

Ah, cet objet représentait tellement de choses... Des responsabilités immenses, certes, celles de la souveraine qu'elle deviendrait à la mort de sa mère la reine. Mais Jadina y voyait autre chose. Elle y lisait l'incarnation de son désir d'aventure, son besoin de liberté, qui la hantait depuis si longtemps déjà.

Avec les pouvoirs de cet artefact, elle pourrait enfin faire ce qui l'obsédait. Oh oui, elle en était sûre, rien ne pourrait l'empêcher de s'envoler, de partir, de fuir loin, loin d'ici, de cet endroit si méprisable. Qui oserait la ramener de force ? Qui pourrait seulement ? Personne ! N'étais ce pas merveilleux ? Elle pourrait s'échapper de cette maudite prison dorée, elle pourrait dire adieu au protocole, aux bonnes manières, à son statut étouffant de princesse, aux responsabilités qui l'attendait, et à sa mère ! 

[OS] Les légendairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant