Chapitre 3

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Chapitre 3

            Nous sortons de la gare, zigzaguent entre les voyageurs qui se pressent un peu plus les uns aux autres. Je me sens oppressée, j'ai du mal à respirer. Ce n'est que lorsque je vois la lumière naturelle du jour que j'arrive  enfin à me détendre.

            Le ciel est bleu, mais quelques nuages le tâchent ici et là. Le vent souffle fort, pas étonnant pour la saison ; octobre aller bientôt toucher à sa fin.

            Les grognements de moteur, les klaxons et les conversations futiles des gens font naître en moi, le début d'une migraine. Je presse le pas ; Maya me devance de plusieurs mètres. Comment fait-elle pour marcher si vite avec ses talons vertigineux ?  Enfin nous montons dans un taxi, le chauffeur moustachu nous demande :

— Où vo'lez-vous aller ?

            Son accent lui donne un air peu sérieux.

            Maya lui donne une adresse, puis la voiture démarre en trombe. Notre chauffeur ne cesse de jurer au volant contre les autres automobilistes. Mon mentor ne m'adresse pas une parole et c'est tant mieux. Je suis trop occupée à regarder la ville défiler de l'autre côté de la vitre. C'est étrange, il y a tellement de mouvement, tellement de vie, je n'ai pas l'habitude, mon village est triste et mort.  Comme si les gens avaient peur de sortir de chez eux.

            La voiture jaune s'arrête devant un immense portail. Je peux entrevoir une superbe demeure marocaine, avec une grande cours avant.

            Je sors de la voiture lentement, Maya m'imite après avoir donné de l'argent au chauffeur de taxi qui part dans un bourdonnement de moteur.

            Maya pousse le portail qui s'ouvre avec un hurlement sinistre. L'avant cour est constituée de gravier blanc entourant un cercle d'herbe verte, parfaitement couper. Il n'y a pas une brindille plus grande que l'autre.  J'hésite même à penser qu'elle a été coupée aux ciseaux.

            Maya ouvre la porte d'entrée donnant sur un hall somptueux. Un imposant escalier circulaire donne sur l'étage. Le mur face à moi est recouvert de bais vitrées donnant sur une cours arrière où j'aperçois une piscine et des espaces verts.

            Dans mon village, il y avait une ancienne piscine municipale ; elle était hors service, je n'y allais pas souvent. Elle était remplie d'une eau verte, dégoûtante dans laquelle des grenouilles qui croassaient la nuit.

            Mais dans celle-ci l'eau est d'un bleu transparent, elle me donne presque envie de me baigner, alors que je ne sais pas nager ou du moins très peu. Mon père nous avait donné – à mes grandes- sœurs et moi – deux ou trois leçons de natation dans l'étant, qui se trouve à quelques kilomètres de la maison. Je m'étais montrée attentive à ses conseils, mais je n'ai jamais eu l'occasion de nager depuis.

            Maya me fait visiter la maison. Nous commençons par les pièces de droites ; une bibliothèque, une salle d'art contenant des tableaux en tout genre, des sculptures, mais aussi du matériel pour créer des œuvres d'arts.  Il y a aussi un bureau dans lequel Maya me donnera mes leçons, « pour devenir une femme moderne » a-t-elle précisé.

            Nous retournons dans le hall pour passer aux pièces de gauche ; une salle à manger pouvant accueillir une quarantaine de personnes et une cuisine hautement équiper.

            Enfin nous montons l'escalier, à l'étage il y a une dizaine de chambre, Maya m'en attribue une ; elle est spacieuse et comporte une salle de bain indépendante.

Les larmes de la couronneWhere stories live. Discover now