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  La première fois que j'ai croisé Rosie Irving c'était il y a deux ans, tout pile. Elle traversait le couloir du lycée, les bras chargés de livres et de cahiers. C'était la première fois que mon cœur battait si rapidement. J'ai cru que j'allais avoir une attaque. Heureusement que mes amis de toujours, Mila et Simon étaient à mes côtés pour m'empêcher de tomber. Ils n'avaient prononcé aucun mot. Il n'y avait rien à dire, de toute manière, ils étaient dans le même état que moi.

  Elle dégageait cette chose et je sais que vous connaissez cette sensation. Quand vous voyez une personne vraiment belle et que vous savez que cette personne va devenir quelqu'un d'important, de grand. Quand j'ai croisé Rosie Irving, j'avais eu cette sensation qui m'avait dévoré de l'intérieur.

  Elle avait les cheveux assez courts à ce moment et d'un brun presque noir. Elle portait une petite frange à merveille. Cela faisait même ressortir ses yeux noisettes. En moins d'une minute, j'avais remarqué le plus détails possibles. Je ne voulais pas qu'elle traverse aussi vite mon esprit comme elle traversait ce couloir. Elle était certes habillée tout de noir mais un élément coloré, son long gilet vert faisait d'elle quelqu'un d'unique. Elle avait cette forte prestance. Même les filles soit disant populaires parce qu'elles sont plus riches que la plupart d'entre nous qu'on peut qualifier de « pétasses », « pouffiasses » et j'en passe, s'étaient retournées pour examiner cette magnifique créature. Rosie Irving n'était pas comme elles. On le savait tous. Elle avait un brin de particulier. Ce n'était pas sa nouveauté au sein du lycée, ni sa tête haute, ni même ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles bien que le directeur se tenait à ses côtés mais sûrement son côté mystérieux qu'elle portait à merveille.

  Dans notre fameuse et charmante ville, il y avait trois genres de filles qu'on remarquait tout le temps : les filles faussement populaires. A vrai dire, la ville était bien trop petite pour oublier leurs noms affames. Elles s'habillaient toutes à l'identique et parlaient le même langage remplit de cruauté et de ragots à tout va.

  Ensuite, il y avait celles qui se cachaient en permanence dans la bibliothèque municipale. Je n'avais rien contre elles, au contraire. Je passais mon temps libre dans ce même endroit mais elles étaient bien trop réservées. Impossible de les approcher ! Simon, mon cher ami sans gêne avait essayé au moins une bonne dizaine de fois. Sans résultats.

  Enfin, il y avait Mila qui pourrait maintenant faire partir du même genre de personnes que Rosie. Elle était différente des autres, je vous l'assure. Depuis le jardin d'enfants, elle se démarquait. C'était ma meilleure amie et jamais je ne l'avais vu être comme les autres.

  Quand j'étais enfant, j'avais eu la même sensation lorsque j'avais vu Mila mais cette fois, cette sensation avait doublé voire triplé.

  Rosie avait un côté si précieux, inaccessible.

  Je ne serais dire combien de temps j'étais resté ainsi, planté, bouche grande ouverte, la clé de mon cadenas tombée au sol sans que je le remarque. C'était grâce à mon amie Mila que je retournais sur Terre avec désespoir.

- Ca va, mec ? Me demanda-t-elle, formant une queue-de-cheval à la va-vite. Je sais qu'elle était jolie mais on dirait que tu viens de voir une explosion juste devant toi.

  C'était exactement ce que je ressentais. Une explosion. Elle avait détruit des organes que je ne connaissais pas. Était-ce possible de ressentir une telle chose juste en regardant quelqu'un ? Bien avant ce jour, j'aurais été de votre avis. J'aurais dit que c'était impossible, qu'il fallait connaître la personne. J'avais toujours été quelqu'un de rationnel. Ne me prenez pas pour un garçon « gnangnan » et romantique. Je vous vois venir.

Cold Little HandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant