~ retour au présent ~

35 9 11
                                    


Je me réveille en sursaut. Encore. Depuis 10 ans je fais ce cauchemar. Est-ce que ça va finir par arrêter un jour??!

Je me redresse dans mon lit et passe une main tremblante sur mon visage. C'est ma fête aujourd'hui. J'ai 16 ans. On est le 20 mai. Et la sienne c'est dans un mois...le 20 juin. 10 ans qu'elle n'est plus là et j'ai l'impression que ça ne date que d'hier. Je me souviens de chaques détails. Tous sont ancrés dans ma tête. Probablement jusqu'à mon dernier jour. Comment oublier ça? Réponse : Impossible. Ma petite tête d'enfant de 6 ans a été traumatisée pour toujours.

Je me dirige vers ma salle de bain. Une bonne douche froide ne sera pas refusée.

J'enlève mon pyjama et je rentre dans la cabine en essayant de ne pas me regarder dans la porte vitrée-miroir.

Moi qui voulait tant lui ressembler jeune, je regrette maintenant d'être son portrait craché. Heureusement que je n'ai pas sa couleur de yeux...C'est sûrement la seule différence. Malheureusement pour moi et pour ma famille.

Maman n'ose même plus me regarder en face à cause du manque de différences.

~~~

Je descends à la cuisine, habillée d'un sweat à capuche gris et d'un pantalon noir troué aux genoux. Je me prends une pomme verte dans le pot à fruits et je me dirige vers l'entrée pour prendre mon sac et pour enfiler mes chaussures. J'ouvre la porte pour sortir, quand j'entends mon père me dire ;

- Bonne fête ma chérie. Passe une belle journée...

Je me retourne vers lui et je le vois me faire un sourire. Je regarde derrière lui et je vois ma mère assise à l'hublot central de la cuisine, forçant un sourire. Quand elle voit que je l'observe elle évite soigneusement mes yeux... pour faire changement. Elle prend sa première dose de pilule et part vers le salon.

Mon père s'approche vers moi et me sert dans ses bras ;

- Je suis désolé pour ta mère. Je sais que ça ne doit pas être facile de voir sa mère à moitié dans la réalité, mais ne t'inquiète pas. Ça va finir un jour.

Je hoche la tête.

- Bon...bah...bonne journée ma grande.

Je lui donne un bisou sur la joue en souriant faiblement et je ferme la porte.

Je commence à marcher vers l'école. Je suis en terminale. Malgré tout ce qui s'est passé, j'ai réussis à ne pas lâcher l'école et à continuer à avoir de bonnes notes. C'est sûrement ça ma seule grande réussite.

Après la mort de ma sœur, on a tous été affecté. Ma mère est tombé dans une grosse dépression et elle a perdue son bébé parce qu'elle était enceinte. De quelques semaines seulement, mais bon...elle l'a perdu. Elle a fait une fausse couche à cause du stresse et parce qu'elle ne voulait plus rien avaler. Mon père, lui, a été affecté d'une façon différente. Il était plongé dans le travail, quand il ne travaillait pas il aidait la police à enquêter pour le cas de ma sœur, mais du jour au lendemain, il s'est repris en main et il a été voir un psychologue avec ma mère. Je devais y aller aussi mais je ne m'y suis jamais présenté. Et moi dans tout ça, je suis tombé dans une phase de mutisme. J'ai refusé d'adresser la parole à quelqu'un pendant 2 ans. 2 ANS! Et ça commence tout juste à s'arranger, après 10 ans. Mon père dit que je suis forte, mais je suis faible. Très faible. Après seulement 10 ans je commence à m'en remettre. Et ma mère était dans les médocs alors elle ne s'en préoccupait pas trop. De son coté, mon père pensait que je ne voulais juste pas parler à la maison. Et chaque fois que les enseignants appelaient mon père pour prendre rendez-vous et lui en parler, il n'avait pas le temps, il travaillait. Bien fait pour moi. Tout mon village était au courant de ce qu'il s'était passé et après 3 ans on a déménagé. J'habite maintenant en ville, dans une maison bien ordinaire, pas trop grosse mais pas trop petite non plus. Elle est près de l'école, à 10 minutes de marche. J'habite à 6h de mon ancienne maison. Mais à seulement 20 minutes du chalet. Ça n'aide pas trop à oublier...Très peu de gens savent pour l'histoire de notre famille. Et le peu qui le savent n'arriveraient pas à me reconnaître aujourd'hui. Je ressemble beaucoup à ma sœur, mais presque tous ont oublié l'histoire alors pour eux je ne suis qu'une adolescente banale avec une vie banale.

Un été au chaletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant