Sehun

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Je me réveillai brusquement, les sens en alerte, percevant une odeur étrange. Celle de la viande. Mon visage était toujours dans le cou de Minseok. Je lui avais laissé une belle trace de bave le long de son trapèze. Il allait gueuler. Mais pour l'instant, il comatait encore, les yeux fermés. Autant m'éclipser, si je ne voulais pas subir son courroux d'homme propre. Je me levai. L'intégralité de mon corps sembla se tordre puis se remettre droit, et je grimaçai. Un bruit sourd flottait encore au fond de mes oreilles. Foutue explosion. Je grognai de mécontentement. Si mon ouïe et mes capacités physiques étaient définitivement altérées, alors cet écrivain de malheur allait m'entendre. Je frissonnai en me rappelant de sa poigne, autour de mon cou, de son ton dur et du froncement de sourcil qui avait décoré son visage. On n'avait pas idée d'avoir un tel chef. Le ramassis d'hybrides qui le suivait devait être sacrément chtarbé. Et dire que c'était de ma faute. À cause de mes conneries, Minseok était exposé au danger. Si je n'avais jamais voulu ce mec dans mon lit... Je jetai un regard à l'homme de ma vie, qui dormait toujours. Comment pourrais-je faire sans lui ?
Sans lui, je ne suis plus rien. Plus rien du tout. Il me fait vivre.

Je soupirai profondément, et sortit de la pièce, prêt à découvrir l'endroit où je me trouvais. À peine avais-je refermé la porte qu'un reniflement dédaigneux m'interpella. Je me tournai vers l'origine du son. Un gamin était assis sur une commode poussée contre un mur. Deux larges oreilles touffues décoraient son crâne, recouvert d'épais cheveux sombres. Ais-je oublié de préciser qu'il avait une queue ? Probablement. En effet, un long appendice poilu battait un tempo rapide contre le bois du meuble. Effectivement, on ne pouvait pas faire plus hybride que ça.

Il me toisa froidement et je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard féroce.

«C'est pas trop tôt, gronda-t-il. Tant pis pour ton pote s'il est pas réveillé. Il nous retrouvera plus tard.»

Le gosse sauta sur le sol, agile et se dirigea vers une porte, située à l'autre bout du couloir où nous nous trouvions.

«Tu m'suis ou quoi ? Je vais pas t'attendre 45 minutes. Vous, les humains, vous êtes vraiment lents. Tsk.»

Je grondai sourdement avant de suivre le moitié d'animal qui me servait dorénavant de guide. Le balancement de sa queue touffue m'amena à une pièce tout en longueur. Vide. Vide hormis cette unique porte, face à moi. Le gosse s'y dirigea et je le suivis, toujours en maugréant dans ma barbe.Je n'étais pas fan de ce genre de personne. Les personnes qui se pensent supérieures parce qu'elles ont une queue. Oops. Oubliez ce que je viens de dire. Je fais exactement la même chose. Le gosse ouvrit doucement le huis, probablement pour ne pas froisser les délicats tympans de ses camarades. Comme je l'avais fait à de nombreuses reprises. Je lâchai un petit rire caustique. Le gosse s'arrêta net et se tourna vers moi. Ses yeux verts, que je venais seulement de remarquer, me transpercèrent. Et je l'aperçus enfin. Cette lueur d'agressivité et de soif de sang. Je reconnus ce minuscule flambeau. Car mon regard le contenais, lui aussi. Et, pour la première fois, je m'interrogeais. Qu'est-ce que cet enfant avait affronté, pour avoir ces yeux emplis de fureur ? Qu'avait-il vécu ?

Alors, je baissai les yeux. Toute trace de sourire s'effaça de mon faciès. Et le gosse s'engouffra dans la nouvelle pièce sans plus réagir. Des exclamations de joie m'incitèrent à rentrer à mon tour. Et un truc touffu me tomba dessus avant que je puisse voir ce qui m'attendait exactement derrière cette porte. Je me retins de hurler pour ne pas heurter leurs oreilles si sensibles. Et la masse de poils compacts me lâcha finalement. Et je pus de nouveau respirer, crachant comme je le pouvais. Quand je rouvris les yeux, une dizaine de paires de globes oculaires étaient tournées dans ma direction. Je jetai un regard glacial en direction de ce paquet d'hybrides, pour éviter d'avoir à être gêné. Je repérai directement Lay, dans un coin de la pièce. Il ne me regardai même pas. Ce type devait avoir sa fierté. Un peu comme moi, malheureusement pour notre relation écrasée dans l'œuf. J'observai alors un peu le reste de la bande. Deux grands canapés noirs étaient disposés face à face. Et dessus, il y avait de tous les âge et tous les hybrides, au vue de leurs oreilles personnelles. Le machin non identifié qui m'était tombé dessus était assis au centre de la pièce. Et il s'agissait d'un gros chat roux qui arborait... une espèce d'air réjoui. Oui, il m'arrive de décoder les expressions faciales animales. La porte derrière moi s'ouvrit brusquement, manquant de me faire tomber. Un grand dadais aux oreilles décollées me fonça dedans, effaré. Je heurtai le sol en même temps que lui, sous les regards neutres des autres hybrides. Le maladroit se releva en frottant son genou avant de me tendre la main. Je la saisit en grognant de mécontentement. Celui-ci avait l'air gratiné. Il se gratta l'arrière de la tête en riant, mal-à-l'aise.

«Excuse-moi, je cherchais Baekhyun. Je ne savais pas que vous seriez tous ici.

-Je suis là Channie, c'était pas la peine de courir partout !»

Je me retournai brusquement. Le gros chat orange avait laissé place à un jeune homme, aux petites oreilles triangulaires.

«Allez vous assoir tous les deux, puisque vous êtes là, grogna Lay. Autant écouter ce qui vas suivre. Il y a suffisamment d'absents pour que vous restiez.»

Ledit Channie me passa devant, pris "Baekhyun" par la main. Ils allèrent tous deux s'assoir sur l'accoudoir d'un des sofas.

«Commençons, lâcha le chef des hybrides rebelles en me regardant droit dans les yeux. Mes amis, voici Oh Sehun, l'un des humains dont je vous ai parlé. Je l'ai sauvé d'une explosion la semaine dernière, comme vous le savez. Je l'ai, de mon propre chef, ramené ici, lui révélant donc, ainsi qu'à son camarade, notre histoire et notre vraie nature. Je sais que certains d'entre vous ne sont pas d'accord avec le fait qu'ils restent ici avec nous. Mais ce qui est fait est fait et il n'est plus nécessaire de discuter. Nous devons maintenant nous concentrer sur l'utilité que ces deux hommes peuvent avoir dans notre guerre contre le Roi. Je voulais donc, comme il se doit, intégrer Oh Sehun et son ami, pour vous les faire connaître et leur expliquer nos méthodes de travail.»

C'est le moment que choisis Chen, que j'avais complétement oublié, pour débouler dans la pièce, tirant Minseok derrière lui. Je sursautai. L'oncilles se courba profondément.

«Excuse-moi, Lay... J'étais trop occupé à jouer avec les poissons rouges, fit-il piteusement. Et j'ai...malencontreusement...fait tomber Duke par terre. Il va...pas très bien. Désolé...

-Ce n'est rien, Chen, soupira Lay. Tu peux aller t'assoir et laisser Minseok vers Sehun. Donc, je reprends... Tout d'abord, vous devez savoir que chaque hybride de ce groupe appartient à un duo, chargé de tâches particulières. Les deux membres du duo ont différentes aptitudes, ce qui leur permet d'être complémentaires. Par exemple, je suis en duo avec Chen ici présent. Nous sommes chargés de travaux très divers tandis que Chanyeol, le maladroit fini aux grandes oreilles, qui fait équipe avec Baekhyun, s'occupe de l'espionnage informatique. Baekhyun est un hacker. Peut-être que vous pourrez tous les deux former un groupe. Ou peut-être que nous pourrons vous associer avec un hybride, pour plus d'efficacité. Je vais maintenant faire un rapide tour de salle. Beaucoup de nos membres sont absents, car partis en mission. Donc, nous avons Chen, que vous connaissez déjà, commença Lay en pointant l'oncilles du doigt. Ici Hyunjin, notre lycaon, continua Lay en montrant le gamin qui m'avait emmené dans la salle. Chanyeol, le chien et Baekhyun, le chat domestique, Han Jisung...le fennec...qui pue...

-Ehhh !! Cria ledit fennec en se levant, outré. Je pue pas d'abord !

-Si, Jisung. Si. Ensuite, God Park Jisung, un joli python.

-'lut.

-Jeongin, un deuxième chat, Jongin, un loup, Joshua, l'ornithorynque, Bang Chan, tigre de son état, et enfin Woozi qui...

-Je dis qu'on les foute tous les deux dehors et qu'on en parle plus.»

Un petit gamin venait de se lever. Woozi, probablement. Il s'approcha de moi, les yeux noirs de haine. Par réflexe, je poussai Minseok derrière moi. Le gosse gronda sourdement, avant de me cracher au visage et de quitter la pièce.

FourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant