Une nuit pesante

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    Il était tard, les réverbères, de mille feux brillants éclairaient les sombres rues et faisaient luire les pavés trempés par la bruine nocturne. La lune était pleine ce soir là, régnant au zénith, lourde dans le ciel, le silence pesait sur la ville si bien que l'on entendait les mécanismes de l'horloge de l'église. Ces cliquetis réguliers raisonnaient inlassablement dans les allées, les ruelles, les passages étroits et sombres loin des éclairages.

    Dans les lieux mal fréquentés on entendait des accordéon, des violons, des contrebasses, des vielles à roue, jouant au rythme des engrenages du jazz parlant de gloire d'antan ou future. On pouvait également y sentir la fumée des vieux cigares ainsi que l'alcool bon marché coulant à flot dans les verres et les chopes.

    Dans un boulevards plus calme, une silhouette dansait seule dans la lumière d'un luminaire, le son lointain du pendule lui inspirait une valse lente. Il tenait une main en l'air et tournait dans le vide. Un enfant passant par là demanda à la personne éclairée par cette douce lumière nocturne : "Pourquoi tournez vous comme ceci?
 -Vois tu mon enfant, je danse une valse" répondit l'homme vêtu d'une longue veste ainsi que d'un masque bleu clair, arborant de grands bois de cerf."Mais pourquoi? Et puis vous êtes seul."L'homme rit un moment avant de répondre "En effet je suis seul, mais il serait dommage de perdre cette douce nuit, alors je danse, seul sous cette lumière." L'enfant continua alors sa route mais l'homme attendit un peu avant de reprendre ses mouvements amples et gracieux.Minuit approchait et l'homme se tournant vers la lune soupira, "N'est ce pas une merveilleuse nuit ?"Un jeune homme dégageant une faible lueur, vêtu d'un gilet brodé noir et aux cheveux blancs sortit de l'ombre pour le rejoindre dans sa danse. Il se pencha à son oreille et lui chuchota "Oui, c'est une magnifique dernière nuit". Le plus jeune pris par la main son amant et tout deux disparurent dans l'ombre ensemble lorsque les derniers coups de minuit se faisaient entendre.  

Les chroniques du capitaineDonde viven las historias. Descúbrelo ahora