Les Sombres.

Prologue.

   La pluie tombe à verse, et quelques gouttes parviennent à passer entre les tuiles fatiguées. L'homme s'empresse de prendre des sceaux, de les placer là où les gouttelettes tombent, mais lui non-plus n'est plus tout jeune, et cette unique tâche l'épuise rapidement. Sa femme ne peut pas l'aider. Souffrante, et victime d'un maléfice, elle somnole dans son lit depuis plusieurs jours déjà. Son ventre ne cesse de s'agiter, et à chaque matin, il enfle de quelques centimètres. Bientôt, il éclatera, songe l'homme.

   Il travaille toute la nuit, la pluie ne s'arrêtant qu'à l'aube. Il se laisse glisser dans son fauteuil, près de la cheminé, soulagé, et écoute les crépitements du feu jusqu'à ce que les ténèbres s'emparent de son esprit.

   Réveillé par un hurlement, il bondit sur ses pieds, et tente de reprendre ses esprits. Mais les hurlements cessent avant qu'il ne comprenne d'où ils viennent. Un mauvais rêve, certainement, pense l'homme avant de retourner dans son fauteuil.

   Des hurlements retentissent, sortant l'homme de son assoupissement une seconde fois. Cette fois-ci, les cris durent assez longtemps pour que l'homme retrouve la personne faisant part de sa souffrance à tout le village. Les hurlements le mènent à la chambre de sa femme. Il hésite à ouvrir la porte. Les médecins lui ont déconseillé de rendre visite à sa femme, car le maléfice pourrait alors se propager. Alors, il lève ses deux mains en l'air, et recule en essayant d'étouffer ces cris. Mais rien n'y fait.

   Il court, quitte la maison, mais les hurlements le poursuivent jusqu'au village. Le crâne marteler par ces cris, il s'en va à toute allure se rendre chez son médecin. Le sol n'étant plus que de la boue suite à l'orage de la vieille, l'homme glisse, et dévale la colline qui mène à la grande place.

   Le mur se rapproche à toute vitesse de lui, sans qu'il puisse l'arrêter. Condamné à regarder sa mort s'approcher dangereusement de lui, il songe une dernière fois à sa femme, et s'excuse intérieurement auprès d'elle.

   Une forme singulière apparaît devant lui. Une ombre. La mort vient de l'emporter.

   Mais la malédiction ne s'arrête pas là. Il reste encore une personne: la femme. Hurlante, la peau du ventre qui se déchire, elle lutte pour ne pas succomber à sa plaie grandissante. Des perles de sueur froide roule sur son front bouillant, tandis que des filets de sangs s'échappent de son abdomen.

   Comme la lumière jaillissant des ténèbres, un enfant, baigné de sang, se fraie un chemin vers l sortie, pour découvrir le visage de sa mère déformé par la peur. Cette minuscule vie adresse un sourire vicieux à la femme qui a eu le courage de le porter, et comme tout être diabolique, la regarde mourir sous cette lueur rougeâtre qui émane de ses yeux infantiles.

   Comme une bise légère, la malédiction s'en va.

Qu'en avez-vous penser? dites-le moi en commentaire ;)