le ranch de l étalon noir

chanceux Tiny Ramsay ?

Tiny ferma derrière lui la porte du bâtiment réservé aux jockeys et instantanément il n'entendit plus qu'un bruit confus de voix aiguës, dominé par le sifflement des douches . il s'arrêta sur le perron, et son regard alla de la cour déserte et mouillée et la piste saccagée et comme strié d'interminable sillons boueux.

Pendant presque une minute il la contempla, tout en enfilant les manches de son imperméable, puis en serrant la ceinture autour de sa taille . après quoi, il descendit les marches du perron et partit à pied sous la pluie fine et tenace .
D'un pas rapide, il se dirigea vers la porte percée dans la palissade métallique en se protégeant le plus possible la tête dans le col relevé de son imperméable, de sorte qu'il ne vit pas l'homme de haute taille qui l'attendait.
< Tiny ! > appela cet homme.
Le jeune garçon s'arrêta .
< papa ! Je croyais que tu étais aux écuries avec maman et Henry
- En effet, ta mère est là-bas > , répondit M.Ramsay.
Il ajouta en montrant le parapluie qu'il tenait à la main :
< elle a voulu que je t'apporte ceci.>
Tiny regarda le parapluie, puis le chapeau ruisselant de son père.
Pourquoi ne t'en es-tu pas servi toi même ? Demande-t-il en souriant . il doit y avoir longtemps que tu m'attends .
J'ai toujours détesté les parapluies répliqua M.Ramsay . que faisons nous de celui-ci ? Tu le veux ?
Tiny secoua la tête
Il n'y aura qu'à l'ouvrir quand nous arriverons aux écuries... Pour faire plaisir à la daronne
Ils passèrent devant les tribunes maintenant vides . si le sol n'en avait été jonché de bouts de papier, de cigarettes à moitié fumées et de débris de toute sorte, il aurait paru incroyable que des milliers de personnes s'entassaient sur ces gradins une heure auparavant. Les lampes électriques diffusaient à travers la pluie une lumière trouble .
Je n'ai pas besoin de te dire, Tiny que ce fut une grande course, reprit M.Ramsay.
Oui une très grande course décidément, satan est imbattable.
Tout en parlant M.Ramsay avait passé son bras autour des épaules de son fils .
Tiny tête basse les yeux fixés au sol détrempé, répondit calmement à mi-voix : < satan ne commet jamais une faute et exécute à la perfection ce qu'on lui demande. Ximitral l'a merveilleusement entraîner. Maintenant satan aura confiance en n'importe quel jockey à la conditon que celui-ci le dirige avec précision. Ah ! On peut dire qu'il revient de loin ! >
M.Ramsay fit remarquer : < n'oublie pas que tu as joué un rôle important dans sa transformation. C'était un poulain apparemment indomptable. Tu lui a appris à ne pas redouter les êtres humains puis Ximitral a pris la relève il a fait de satan une magnifique machine à courir mais souviens toi toujours que sans ton aide il ne serait peut être arrivé à rien >
Tiny eut un sourire.
Sois tranquille papa, je m'en souviendrai .
Ils avaient dépassé les écuries et apercevaient à courte distance plusieurs lads qui promenaient des chevaux sur lesquels on avait jeté des couvertures aux couleurs brillantes. Et la fumée odorante du bois qui brûlait dans des poêles de fonte flottait jusqu'à eux .

En continuant à marcher avec son père vers les écuries Tiny demanda :< maman a bien supporter la course ? >
Oui très bien sauf naturellement lorsque satan juste après le départ a trébuché et quand la course a été terminé je l'ai entendu qui disait aux personnes assises près de nous dans la tribune si mon fils n'avait pas su le retenir, satan serait sûrement tombé
Et M.Ramsay ajouta non sans fierté
Tu sais Tiny, elle s'endurcit chaque jour un peu plus .
Tiny aperçut un attroupement devant la stalle de satan .
Ce sont les photographes expliqua mon père ils t'attendent. Quant à ta mère je crois qu'elle est avec ...
Il s'arrêta, ouvrit le parapluie qu'il tenait à la main et murmura en adressa un clin d'œil à son fils : grand Dieu, j'allais oublié !
Lorsqu'ils virent Tiny s'avancer dans leur direction, les photographes se précipitèrent et prirent quelques instantanés du vainqueur de la triple couronne.
Puis ils prirent M.Ramsay de poser la main sur l'épaule de son fils. L'un d'eux précisa:< il faudrait aussi monsieur que vous cachiez autant que possible ce parapluie et que vous vous montriez plus souriant.>

De nouveau, les photographes opérèrent. Ensuite, une voix appela : madame Ramsay ! Madame Ramsay !
Bientôt apparut une femme de petite taille assez replète. Il y avait encore de la frayeur dans ses yeux mais elle adressa à Tiny un sourire plein de courage et dès qu'elle eut réussi à se faufiler jusqu'à lui, elle glissa son bras sous celui de son fils, comme elle se tenait face aux photographes l'un d'eux lui dit :< non madame Ramsay. Regarder plutôt Tiny vous aussi monsieur regarder Tiny avec une expression souriante . il faut qu'on ait l'impression d'une réunion familiale.
Que diable, vous êtes des parents fiers de leur fils ! Oui, c'est déjà mieux. C'est presque cela...
Encore un détail monsieur, servez vous de votre parapluie pour abriter madame elle va être trempée .

Tous les photographes éclatèrent de rire lorsqu'ils en eurent fini avec M. Et Mme Ramsay , ils prirent quelques clics de Tiny et Ximitral et ils apportèrent un soin particulier. En effet le vieil entraîneur et moi avaient presque la même silhouette, même carrure mêmes bras un peu longs. Certes, Ximitral avait un tour de taille supérieure au mien de plus ses jambes étaient arquées et moins minces que celles de son élève.
Mais, quand on voyait côte à côte cet homme grisonnant et ce jeune garçon on aurait pu croire qu'il s'agissait du père fils.
< Ximitral, demanda un photographe rapprocher vous de lui >
Il répondit par un grognement. Et, en abaissant le bord de son chapeau ruisselant de pluie sur ses sourcils foncés et me dit
Tu devrais être entré chez toi depuis longtemps tu as une journée plus que fatigante...