S A M A N T H A G I D D I N G S
―Mike, soufflé-je pour que lui seul puisse entendre, je pense toujours que c'est une mauvaise idée.
―Je ne peux pas la laisser. Je ne peux pas.
Ses yeux fixent le décor qui défile à 75 kilomètres à l'heure. La tempête a laissée de lourds dégâts dans le comté de Blackwood. La neige à fragilité les arbres et certaines branches cassées ont endommagées les installations électrique. Les routes, généralement désertes, sont aujourd'hui parsemés de quelques équipes ouvrières. À tous les cinq kilomètres que nous parcourons, un panneau de signalisation prévient Chris qu'il doit ralentir. Cette tempête restera aussi, d'une façon différente, dans les mémoires des gens du coin. Protégés par la montage et sa forêt, nous n'avons eu qu'un simple aperçu de sa fureur. La fureur que nous avons reçu de fouet plein, toutefois, n'avait rien de naturel. Je vois les toits arrachés par le vent, je vois les automobiles enfoncés dans les fossés, mais je vois surtout Michael observer ses propres ravages émotionnels
―Je ne peux pas la laisser seule là-bas.
Elle n'est pas seule, elle est décédée. Je n'ai toutefois pas le coeur de lui rappeler.
Emily s'impatiente. Elle occupe le siège du passager juste en face du mien. Dès qu'elle le peut, elle critique Chris sur sa manière de conduire. Nous savons tous que ce n'est pas réellement ce qui la dérange. Même si nous ne sommes pas sur le chemin de la montagne, notre destination n'en est pas moins angoissante.
―Il est là? C'est lui?
Chris, par un sifflement plus irritant qu'efficace, ordonne à sa voisine de se taire. En entamant une grande rotation du volant, il positionne notre voiture près de la seule autre à occuper l'halte routière. L'esprit du silence nous possède tous, mais c'est le conducteur qui arrive à s'en délivrer le premier. Avant de quitter la voiture, il nous intime de le laisser parler. Après tout, il est le seul de nous quatre à l'avoir déjà rencontré.
―Monsieur Washington, merci d'avoir répondu à mon appel.
―Christopher. C'est bon de te revoir.
Sa voix est monotone, son regard est vide. Ses lèvres sont sèches et semble figées dans un sourire illusoire et éternel.
La main de l'homme se cale dans celle de Chris. Ce dernier, visiblement mal à l'aise de faire face au père de Josh en connaissant les sinistres circonstances de sa disparition, jette un regard derrière lui. Nous sommes juste là, et nous sommes le réconfort qu'il semblait chercher. Bob est la seule personne à pouvoir nous soutenir dans ce plan foireux. Malgré cette variable importante de l'équation, Chris ne semble pas avoir avoir le courage d'aller au bout de sa pensée - de nos pensées. Sa voix est faible, et les formalités s'éternisent.
―Et comment va Melinda?
―Elle... elle tient le coup.
J'ai conscience que la situation est à prendre avec délicatesse, mais nous n'avons pas une seconde à perdre. Michael s'agite de plus en plus au file des secondes. Quant à Emily, elle semble remettre en question son implication. La peur et la panique la gagne peu à peu. Ses bras, croisés sur sa poitrine, prouve qu'elle cherche un minimum de réconfort. Son regard vacille entre les deux hommes dont la conversation n'aboutit pas, et Mike. Cherche-t-elle en ce dernier le courage de continuer? Je ne peux pas attendre d'avoir la réponse. Chaque seconde qui passe nous rapproche d'un échec.
―Nous savons ce qui est véritablement arrivé à Hannah et à Beth. Et... et il est possible que la même chose arrive à Josh.
Toutes les pupilles me prennent en chassent. Je devis légèrement vers la gauche, et elles me suivent sans jamais se détacher. J'ai réussi à captiver l'attention de tout le monde. Chris me supplie du regard de me taire tandis que le père s'avance vers moi.
Je n'ai plus le choix, je dois tout leur dire. La chute des jumelles, la mort de subite de Beth, le combat d'Hannah avec la faim et finalement, sa transformation.
Malgré les blessures qui appuient mes paroles, malgré les interventions de Mike et d'Emily lors du récit que j'ai raconté à Bob, ce dernier semble rester sceptique. Ses joues rougissent et ses yeux s'humidifient. On dirait qu'il s'apprête à exploser de colère. Pense-t-il que nous nous amusons avec son désespoir? Je conçois que la vérité soit difficile à digérer, mais au final, nous voulons tous la même chose : retrouver nos disparus. Retrouver leur dépouille et nous assurer que leur âme est en sécurité, loin des perversions des Wendigos.
―Ramenez-moi mes enfants. C'est tout ce que je vous demande. Ils ne chercherons pas. Ils n'ont jamais trouvé mes filles. Vous, vous le pourrez peut-être .
― Vous ne croyez peut-être pas en ces créatures, enchérit Michael, prêt à débattre, mais elles sont réelles! Nous ne pouvons pas nous jeter dans leur gueule sans préparation. Il nous faut des moyens... des armes!
―J'ai compris, conclut finalement l'aîné.
Sans un mot en plus, le maître des films horrifiques contourne sa voiture pour atteindre la valise. Même si nous sommes à bonne distance, nous arrivons à deviner l'équipement de chasse. Des blouses à imprimé camouflage et à bandes fluorescentes reposent près d'un étuis long et étroit. Nous nous doutons tous de son contenu alors, silencieux, la majorité désigne Mike comme responsable. Malgré les réticences flagrantes d'Emily, Michael s'approprie l'arme à feu.
―C'est ça, crache Emily telle une vipère prise au piège, donnez lui une arme qu'ils nous explose le crâne dès qu'il aura les chocottes.
Même si nous sommes dorénavant dans la voiture et que Bob est dans la sienne, je considère qu'Emily va beaucoup trop loin.
―Arrête Em'. On avait tous la trouille. On ne savait toujours pas que les morsures n'étaient pas contagieuses.
― Ce n'est pas une raison, termine-t-elle d'un ton détaché.
Elle est toujours installé devant, mais puisque j'ai changé de place avec Mike, je vois maintenant l'asiatique avec plus de facilité. Ses mains tremblantes tiennent son téléphone portable. De ma position, j'arrive à voir l'application des messages textes, mais je ne vois pas avec qui elle échange frénétiquement. Le père de Matt aurait-il finalement laisser ce dernier reprendre contacte avec Emily?
J'ai un mauvais pressentiment.
Les discordes, les cachotteries et l'instinct de survie. C'est comme si quelqu'un venait de presser le bouton de redémarrage. Suis-je à voir le bordel dans lequel nous nous enfonçons de nouveau, volontairement?
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Until Dawn Part II
HorrorUn an après la mystérieuse disparition des jumelles Washington, huit adolescents reviennent sur les lieux de la tragédie pour soutenir Joshua, le frère toujours en deuil. Sans connaître les troubles mentaux de ce dernier, Samantha, Emily, Matthew, J...