Axolot, Doudou et moi

Prologue

"Cauchemar ?" Lança une voix derrière elle. Elle se retourna, et esquissa un sourire qui traduisant plus de tristesse et de lassitude que de bonheur.
"Oui. Surprenant, hein ?" Répondit-elle avec un rire nerveux. Elle se détourna et porta sa tasse à ses lèvres.
Il s'assit sur le comptoir de la cuisine, croisa les mains et soupira :
"Que se passait-il ?"
"La même chose que d'habitude." Sa voix était flegme, comme si elle n'y accordait aucune espèce d'importance. "Je marchais dans le long du cimetière, tu sais, ce mur gris uniforme... Et il pleuvait toujours. Il y avait du vent, et il faisait froid."
Il haussa un sourcil.
"Ça doit bien être la première fois que je t'entends faire un rêve aussi normal."
Elle haussa les épaules, et reporta son attention sur la vitre.
"Ça venait de toi, ou d'un autre ?" Demanda-t-il pour relancer la conversation. Sûrement, il n'allait pas la laisser seule ruminer ces souvenirs dévastateurs.
"... De moi."
"Tu ne sais pas ce qui a pu le provoquer ?"
"Non, je n'en sais rien !" La panique commençait à être perceptible dans sa voix. "Je ne sais jamais, et de toute manière, je persiste à croire que chercher des significations à des rêves n'a aucun sens."
Il préféra ne rien répondre. Il restèrent un moment en silence, puis il se laissa glisser du comptoir.
"Bon. Beh je retourne dormir alors."
Comme elle ne réagissait pas et lui tournait toujours le dos, il se dirigea effectivement vers sa chambre.
Puis, comme tous les soirs, elle le rattrapa par derrière et le serra contre elle.
"Ne me laisse pas seule... Pas encore..."
Il soupira. Depuis le temps, il parvenait à discerner la différence dans son seul timbre de voix.
"Faye, tu peux dormir toute seule. Et tu sais bien que je ne resterais pas pour toi."
Il y eut un silence, puis elle se détacha légèrement de lui pour grommeller :
"D'accord... Je vais rappeller Elaine. Mais tu sais, elle déprime beaucoup. Tu pourrais au moins dormir avec elle."
"Pour que Dio m'étrangle dans mon sommeil ?" Répliqua-t-il en fronçant les sourcils, ce que bien évidemment, elle ne pouvait pas voir. "Non merci."
"Mais je croyais que tu aimais Elaine !" Gégnit-elle en réponse.
"C'est le cas." Assura-t-il en se retournant enfin pour lui faire face. "Mais j'ai un peu de mal avec... vous tous." Conclut-il maladroitement.
Elle fit la moue, comme si elle était consciente que son excuse n'en était pas une, mais qu'elle avait quand même envie de lui pardonner, puis l'expression de son visage se modifia.
"Hein ?"
Il soupira et lui prit les épaules.
"Allez, on va se coucher." Dit-il en l'entrainant vers leur lit.
"Qui était-ce à l'instant ?" Demanda-t-elle, se laissant diriger.
"Faye." Répondit-il. "Il faut que tu dormes, Elaine."
"Je sais..." Soupira-t-elle. Elle se laissa tomber sur leur lit et se peletonna contre son torse, tandis qu'il la serrait contre lui.
"S'il-te-plait, dis-leur de ne pas me tuer cette nuit." Murmura-t-il.
À son tour, elle fronça les sourcils, ce qu'il ne pouvait pas voir non plus.
"À ma connaissance, seul Dio veut te tuer. Il est encore sortit récemment ?"
"Non, mais tu as fait un cauchemar. Il n'aime pas beaucoup ça."
"C'est vrai..." Souffla-t-elle. "De toute manière, il sait à quoi s'attendre s'il te fait du mal."
"Tu ne pourrais pas te suicider s'il me torturait et me laissait quand même en vie, si ?" Objecta-t-il.
Silence.
"Non." Admit-elle. "Désolée."
Nouveau silence, un peu plus long, puis il la serra plus fort.
"C'est bon. Je te fais confiance."
"Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée..." Murmura-t-elle avant de sombrer dans l'inconscience.
Il la regarda, sereine et délivrée de ses tourments, avant qu'ils ne la rattrapent en contractant son beau visage de terreur et de douleur mêlées.

Ce n'était pas l'avenir qu'il s'était imaginé. Il ne l'avait pas imaginée littéralement brisée, fracturée dans tous ces morceaux qui ressentaient tous des choses différentes à son endroit, allant de l'amour passionnel à la folie meurtrière.

Elle acceptait tout ceci - avait-elle le choix ? Mais lui, il n'était pas sûr d'y arriver.