III. Redécouverte

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La nuit venait de tomber et les lampadaires s'étaient allumés. Arrivé sur le palier du fameux appartement, mon attention fut attirée par un cri :

-"Kyaaa !!!"

Devant la porte voisine, une jolie jeune femme venait de trébucher sur la dernière marche des escaliers. Je me précipitai pour l'aider en remarquant qu'elle portait l'uniforme scolaire de l'université du campus :

-"Ah... ma tête !" Dit-elle en massant sa tête à travers ses cheveux roses et en relevant les yeux vers moi.

Des yeux d'un mauve profond. Comme hypnotisé, lorsqu'elle leva ses yeux vers moi je senti une profonde empathie qui m'empêcha de détourner le regard. Pas un coup de foudre ; juste un sentiment de gentillesse.

-"Aucun problème. Vous allez bien ?" Lui demandai-je.

-"Ah pas besoin d'être aussi formel !" Me répondit-elle avec un sourire chaleureux "Après tout nous somme de la même académie. Ririna Aisuru ! Merci de m'avoir aidée."

Ah oui, j'oubliais que je portais aussi l'uniforme. Mais étant ma senior, je lui devait une certaine forme de respect.

"Renji. Enchanté Ririna-senpai. Vous voulez que je vous apporte une poche de glace ?"

Mine de rien, Sa bosse se voyait d'où j'était. Je lui dit de ne pas bouger, et que j'allais chercher une poche de glace dans mon frigo, étant donné que j'était juste à coté (malheureusement je n'avais que des glaçons). Lorsque je fus de retour, elle s'était assise sur la dernière marche. Enveloppée dans un morceau de tissu, je lui tendis la glace qu'elle s'empressa de poser sur sa bosse.

-"Vous habitez loin ?"

-"Non, juste ici." Me répondit-elle en pointant la porte situé un palier plus loin. "Je passais juste changer de vêtements pour aller faire des courses, mais je pense que ça pourra attendre demain."

Après m'être assuré qu'elle était bien rentré chez elle sans dommage, je pus enfin entrer dans mon appartement. Des cartons étaient entassés dans un coin du salon et un sommier en kit accompagné d'un matelas en rouleau encore emballé trônaient en plein milieu de la pièce. Un coup d'oeil à ma montre : 20h, une heure après avoir aidé ma nouvelle voisine.. Pfff Bon, autant m'y mettre maintenant. Je déplaçai le carton du lit et le matelas dans la chambre afin d'éviter d'avoir à le bouger plus tard lorsque que la sonnerie retentit. Qui ça peut bien être à cette heure ci ?

*Toc Toc Toc*. Une voix fluette se fit entendre de l'autre côté :

"Renji-kun ? C'est Ririna !"

J'accourai vers la porte. Elle venait sûrement me remercier pour tout à l'heure. Je lui ouvris la porte et la trouva en short rouge et t-shirt blanc, avec un sac en plastique dans la main. Elle me les tendis avec un grand sourire et dit :

-"Voila pour me faire pardonner du souci que j'ai pu causé !"

Les sacs étaient remplis de boissons en tout genre ; du soda à la bière en passant par le jus de fruit ; En un mot tout ce qu'il fallait pour une soirée réussie. Toutefois quelque chose me titilla l'esprit :

-"Merci... vraiment" Dis-je embarrassé "Mais c'est un peu beaucoup non ?"

Le fait était qu'il y en avait vraiment trop. De quoi satisfaire une famille de quatre un mois en période d'apocalypse. Mon frigo n'allait pas pouvoir tout contenir.

-"En fait, je comptais te remercier chez moi mais mon appartement est dans un désordre complet. Alors..."

Et elle s'engouffra par la porte sans me demander mon avis. Si son appartement était en désordre, le mien devait ressembler à Tchernobyl. Elle ne manqua pas de me le faire remarquer :

-"Ah. Tu n'as même pas de table ! Comment va t-on faire ?!"

-"Tout est là, mais en kit..." Dis-je en pointant les cartons qui venaient du magasin de meubles "Ils sont arrivés cet après-midi pendant que j'étais en cours, je voulais les monter ce soir mais vous vous êtes fait mal dans les escaliers et je n'ai pas eu le temps..."

-"Quoi !" S'écria t-elle avec un air désolé "Je t'ai empêché de t'installer correctement ! Je suis désolé !"

En l'entendant se confondre en excuses je lui dit que ce n'était pas grave puisque j'avais quand même un matelas pour dormir. Mais elle insista et proposa de m'aider à monter le reste des meubles. Nous passâmes donc les deux heures qui suivirent à faire du bricolage et à boire le contenu des sacs qu'elle m'avait ramené. Je découvris relativement tôt que Ririna ne tenaient pas très bien l'alcool, à en juger par sa gaieté soudaine et la rougeur de ses joues.

Minuit sonna. Rina-san (elle tenait à ce que je l'appelle comme ça. "C'est plus mignon et moins formel" selon elle) avait succombé à la fatigue sur la table basse qu'elle avait monté, une canette à moitié finie dans la main. Je dus encore une fois la ramener chez elle. Sa léthargie ne me facilita pas la tâche et je dus la porter sur mon dos. Heureusement sa porte était ouverte et comme elle l'avait dit, son appartement était sans dessus-dessous. Jugeant qu'entrer dans sa chambre à son insu n'était pas top, je pris la décision de la poser sur son canapé. J'attrapai ses clés et un morceau de papier que je fis passer sous sa porte après y avoir écrit :

-Je vous ai ramené chez vous. Merci beaucoup pour l'aide. Je ferme votre porte à clé et laisse ces dernières avec la lettre.

Une fois sorti et la porte verrouillée, je fis passer la clé de l'autre côté en la glissant sous la porte. Rentré chez moi, un sourire me vint au lèvres. Ca y est, il avait de la gueule cet appartement. La chambre restait non-meublée parce qu'Aisuru-san s'était endormie, il restait donc des cartons. L'un d'eux attira mon regard : Sur le côté était marqué "Affaires de Renji". Mais ce n'était pas mon écriture, c'était celle de mon oncle. Je décidai de l'ouvrir.

A l'intérieur se trouvait toutes sortes de photos de quand j'étais petit : une où j'était devant un magasin d'électroniques à Akihabara, le quartier high-tech de Tokyo, avec mon oncle. Il y avait un ours en peluche à moitié plat, vide et déchiré, mes cahiers d'il y a 2 ans et tout au fond un disque dur comme ils en faisaient au magasin sur la photo. Au dos était scotché un bout de papier sur lequel on pouvait lire "Projet Renji". Curieux de son contenu je le prit et le brancha sur mon pc qui se trouvait dans le dressing.

Je ne comprends pas les dressings. A quoi bon avoir une pièce de rangement pour les vêtements si ils sont tous déjà rangés dans une armoire de ma chambre. Bref... Ce dressing était plutôt grand : apparemment la pièce ne faisait que 8m² donc elle n'était pas compté comme une "pièce" à part entière. Pourquoi mon PC est dans le dressing ? Tout simplement parce qu'il est fixe. Et ENORME. Deux écrans, Ultra performant et gourmand en éléctricité. Ririna m'avait déjà posé la question en montant le bureau sur lequel il était posé. Le disque dur branché et le PC allumé, j'étais toujours curieux du contenu du disque. Dans ce dernier se trouvait une fichier .exe nommé "projet" et un document texte. Sur les 8 Gigaoctets du disque, le programme en prenait 7 et demi. Tant pis pour le scan antivirus, la tentation était trop forte. J'ouvrai le programme :

Une fenêtre noire apparut et pris tout l'espace de l'écran de gauche. Une phrase en police unicode blanche s'inscrivit :

"Bonsoir Renji ! Il est 1h26 du matin. Temps écoulé depuis dernier démarrage : 5 ans 3 mois 17 heures. "

DyssomnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant