Bandes de cartouches (100 à 200 coups)

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À la télévision, on ne parlait plus que de ça. De cette fameuse école dont le nom faisait désormais trembler les lèvres. Des dizaines de familles furent rassemblées au grand hôpital de Daegu, là où les premières victimes de la fusillade avaient été acheminées aussitôt après leur sortie. Beaucoup d'entre-elles attendaient désormais là-bas, espérant vainement accueillir de bonnes nouvelles. Les médecins, les infirmières et le personnel hospitalier vaquaient de groupe en groupe, apportant tantôt de bonnes, tantôt de mauvaises nouvelles. En l'espace de quelques heures, le calme s'était éteint, laissant trinquer l'enfer et les divers démons qui le peuplait.

    Au lycée Liberty, une ambiance similaire régnait. Autour de la zone, une véritable armada s'était dressée face au problème, hissant les drapeaux de guerre et les tentes de pompier et de police qui allaient avec. On sortait les plans du lycée, les armes adéquates et les matériaux de premiers soins. Les rares familles qui n'avaient pu se résigner à quitter les lieux pour rejoindre le grand hôpital demeuraient également sur le pied de guerre, harcelant les agents présents pour qu'ils agissent au plus vite. Pour qu'ils les informent, les rassurent. Choses qu'ils ne prenaient finalement jamais vraiment la peine de faire, bien trop centrés sur ce qu'il se passait à l'intérieur des murs.

    Un périmètre de sécurité s'était hissé entre la foule et le bâtiment imposant de l'école, empêchant quiconque n'étant pas munie d'une autorisation d'entrer en son sein. Partout, les agents du gouvernement affluaient, accompagnés de policiers et de membre des forces spéciales. En une heure à peine, au moins trois camions avaient déversés une masse humaine armées jusqu'aux dents, recouverts de linges noirs et de plaques d'argents discrètes à quelques endroits. Le lycée avait des allures de chantier de guerre, et chaque arrivant finissait toujours par se prendre cette réalité en pleine figure, comme une onde de choc qui faisait automatiquement perdre l'équilibre.

- Bordel de Dieu... Jura JongIn tout en sortant de la voiture.

    KyungSoo le rejoint dans la seconde, ses grands yeux ronds parcourant la foule avec lenteur. Certains camions de pompier étaient encore grand ouvert, accueillant les victimes tout juste sorties du sinistre. À leur droite, on pouvait observer un pompier faire un massage cardiaque à une dame âgée, ses mains, couvertes de sang, souillant le tissu opaque de sa chemise. En arrière-plan, on pouvait voir un homme chiquement habillé, son téléphone placardé à l'oreille et son visage semblant devenir le parfait reflet de l'inquiétude. KyungSoo ne mis pas longtemps à deviner que son appel téléphonique se dirigeait à une personne certainement à l'intérieur du lieu. Peut-être sa fille, ou bien sa femme ou sa mère. Personne ne pouvait vraiment savoir.

- C'est l'horreur... Gémit JongDae. Comment on va retrouver Baekhyun dans cette foule ?!

- Hors de question de se séparer. Lâcha JongIn d'un air grave. On reste ensemble quoi qu'il arrive, c'est clair ?

    La plupart hochèrent aussitôt la tête, avant de se perdre parmi les innombrables visages qui peuplaient leur nouveau paysage. Tous se concentraient, avançant doucement tout en prenant soin de ne pas quitter son voisin. Chanyeol restait à l'arrière, suivant le groupe sans vraiment le voir. Il ne faisait pas attention au coup d'œil répétitif de JooHyun sur sa personne, ni au regard inquiet que lui portait son meilleur-ami de temps à autre. Ses yeux étaient rivés sur le lycée, celui-là même où il avait déclaré son amour à Baekhyun, bien des années plus tôt. Cet endroit bien trop vieux, où il finissait toujours par ramener un plat à emporter de chez Partson Coffee, persuadé que Baekhyun n'aurait pas pensé à manger après avoir étudier bien trop longtemps ses cours de fac une fois les classes terminées.

    Aujourd'hui il voyait les décombres des jours heureux à travers les vitres brisées de l'établissement. Par-delà les larmes, les grésillements des talkies-walkies de la police, les gyrophares des camions de samu et les voitures de fonctions des forces militaires de Daegu, il ne dessellait que la peur, et l'incompréhension, garnie d'une pointe de tristesse, qui se formait automatiquement au creux des gorges. Toute personne présente savait qu'elle assistait à un drame, mais le pire restait la sensation d'impuissance face à cette morbide vérité.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 23, 2018 ⏰

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