III. Le Rendez-Vous.

3 1 0
                                    

Mercredi 31 juin 2023.

     Henry ne m'a toujours pas dit quand il voulait que nous sortions ensemble. A vrai dire, il n'en a pas reparlé depuis plus d'une semaine. On est mercredi et je commence à penser qu'il n'en a rien à faire. Peut-être a-t-il changé d'avis ? Après tout, qu'est-ce qu'il ferait avec une fille comme moi ? J'ai pris mes rêves pour la réalité. Je relis la même phrase pour la cinquième fois. Je dois rendre ce manuscrit corrigé à la fin de la semaine mais si je n'arrête pas de divaguer, je n'y arriverais jamais. Je soupire, laisse tomber le manuscrit sur mon bureau avant de m'affaler sur ma chaise. J'attends la fin de ma journée et pars. Voir Willa va me changer les idées, comme d'habitude. J'attrape mon sac et quitte mon bureau. Je salue mes collègues en partant. Dehors, le temps s'est rafraichi en cette fin de journée et je croise les bras sur ma poitrine. On a beau être en Juin, les soirées sont fraiches à Londres. Quand je relève la tête, je m'arrête de marcher sur le trottoir, surprise de ce que je vois sur celui d'en face.
     Il traverse la rue, ses cheveux relativement longs voltigent quand il marche, sa chemise déboutonnée laisse apercevoir des tatouages sur sa poitrine. Son sourire ne quitte pas ses lèvres. J'ai un mouvement de recul lorsqu'il arrive en face de moi.
     - What are you doing here?
     Je suis à la fois surprise et énervée. Il me parle à peine pendant presque deux semaines, je ne l'ai pas vu et il se pointe comme si de rien n'était sur mon lieu de travail.
     - Taking you on a date of course.
    Il fourre ses mains dans ses poches et emprisonne sa lèvre entre ses dents blanches. Il vient me chercher pour aller à un rendez-vous à 17 heures 30 un mercredi ? Je ne comprends pas mais je dois avouer que ce geste me touche énormément même si Henry ne m'a pas prévenue. Ca change du restaurant auquel nous allions tout le temps avec Arthur. Il n'était pas spontané pour nos rendez-vous, c'était toujours la même chose. Henry a l'air plus instinctif. J'empêche un sourire et le regarde. Il doit savoir que je suis un peu agacée qu'il m'ait presque ignorée.
    - Are you always doing that ?
    Il penche la tête sur le côté et fronce les sourcils. Je m'explique.
    - Picking girls up from their workplace ?
    Il glousse et passe la main dans ses cheveux. Ses joues deviennent rouges mais ses yeux ne lâchent pas les miens.
    - Actually, no ? It's the first time I do that.
     Sa voix est assurée. Je souris et m'avance vers lui avant de le dépasser. Il me regarde faire et nous commençons à marcher vers sa voiture.
     - You're a psycho, Dimples.
     Il rit en ouvrant la porte pour moi. Je m'installe et l'attends. L'intérieur de sa voiture sent le cuir et la menthe. Les sièges beiges sont confortables et moelleux, je m'enfonce dedans. Henry entre à son tour, attache sa ceinture et je l'imite. Je le regarde mettre le contact. Il ne parle pas et quitte l'emplacement où il était garé. Il mâche son chewing-gum et se concentre sur la route. Il tapote le volant au rythme de la musique. Je reconnais une chanson d'Elton John et commence à murmurer les paroles. Henry le remarque sûrement puisqu'il monte le volume de la musique. Je le regarde, arrête de chanter et le vois sourire.
     - Go on, sing along. I'd love to hear your pretty voice.
     Je rougis de plus belle. Comment fait-il pour être si sûr de lui ? Il a du faire ça des milliers de fois. Je secoue la tête en détournant le regard.
     - No, I can't.
     La voix d'Henry se fait entendre doucement. Il commence à chanter. Je le regarde et ses yeux s'encrent aux miens. Je tourne son visage du bout des doigts pour qu'il regarde la route et il glousse doucement. Je marque la pulsation avec mon pied et il me sourit pour m'encourager à chanter. Je secoue la tête et il chante à côté de mon oreille. Je le pousse à nouveau et commence à chanter doucement. Plus la chanson avance et plus je suis à l'aise. Le paysage défile dehors et je ne sais absolument pas où il m'emmène. Je décide de ne pas gâcher le moment et l'écoute chanter. Henry se gare, éteint le moteur et se tourne vers moi.
      - We're here. (Il me sourit.) Wait, I have to open your door.
     - Oh, no, Henry. You don't...
     Je n'ai pas le temps de finir qu'il est déjà dehors. Il ouvre ma portière alors que ma main est sur la poignée.
     - Thank you, Dimples.
     Il rougit et j'attrape la main qu'il me tend pour sortir de la voiture. Je me tiens à ses côtés et regarde autour de moi. Je ne sais pas si je suis déjà venue ici. Cela ressemble plus à un quartier d'affaire qu'à un quartier touristique.
     - What now ?
     Son sourire s'agrandit encore quand il attrape ma main, me traînant vers la porte d'un bâtiment. Nous entrons rapidement et nous dirigeons vers les ascenseurs, Henry en appelle un. Il regarde les chiffres numériques diminuer. Il se balance sur ses talons, les mains dans les poches, sa langue courant sur ses lèvres.
     - Are we...
     Je suis coupée par un ascenseur qui s'ouvre. Henry me tire vers celui-ci et nous pénétrons dans le petit carré. Je vois mon reflet dans le miroir. Je suis horrible, des mèches de cheveux sortent de ma queue de cheval qui ne ressemble plus à celle que j'ai faite ce matin, je porte un caraco en velours noir et un jean, pas vraiment adéquat pour un rendez-vous en tout cas.
     - Are you finished admiring yourself ?
     Mon regard remonte sur la glace et tombe sur Henry. Il me regarde tendrement. Ses yeux verts brillent. Je tourne mon corps vers lui et ses yeux ne me quittent pas.
     - I wasn't admiring myself.
     - Well, you could.
     Ses yeux descendent sur mon corps et remontent vers les miens. Je rougis pour la énième fois, et ce n'est sûrement pas la dernière fois ce soir. Un tintement se fait entendre et les portes s'ouvrent sur une salle vide, dans le noir. Cela ressemble à une salle réservée au personnel. Qu'est-ce qu'on fait ici ? Je n'ai pas le temps de demander qu'Henry attrape ma main doucement et me guide vers des escaliers. Nous arrivons rapidement devant une porte en fer. Il l'ouvre et je regarde par-dessus son épaule. Nous sommes sur le toit. Nous sortons de la cage d'escaliers, Henry bloque la porte alors que je m'avance vers le bord. A mesure que j'avance, le paysage se décuple devant moi. Je me place dans un coin du toit, à l'opposé de la porte. De la verdure et des immeubles se confondent et forment la vue. C'est vraiment beau. Nous ne sommes pas en centre ville. Tout Londres est couché devant moi, comme sur les cartes postales. Je crois distinguer le London Eye et le palais de Westminster grâce à Big Ben. J'aperçois les grands immeubles de la City. C'est magnifique. J'entends les pas d'Henry se rapprocher. Je me tourne. Il est derrière moi, les mains dans les poches de son pantalon. Il regarde rapidement la vue avant de me regarder, moi. Comment être en colère contre lui lorsqu'il fait ça ? Peut-être qu'il a mis deux semaines à prévoir ce rendez-vous ? Son sourire reprend sa place sur son visage. Il s'approche et se place à mes côtés, ses yeux ne se détachent pas des miens.
     - Do you like it?
     - Henry, it's...
     Je ne termine pas ma phrase et regarde la vue qui s'étale devant moi.
     - I wish I had my camera, though.
     Je me tourne vers lui, son sourire se fane doucement. Merde, pourquoi j'ai dis ça ? J'attrape mon téléphone portable et le secoue devant son beau visage.
     - But I have this.
    Je souris doucement et ses lèvres remontent timidement. Je braque le téléphone sur la vue imprenable de Londres et la capture. Je dois prendre une dizaine de photos. Mon téléphone ne fait pas d'aussi belle photo que mon appareil mais ce n'est pas grave.
     Henry s'est souvenu que je voulais faire ça. Je le lui ai dis il y a trois semaines, certes, mais la plupart des mecs l'auraient oublié dès le lendemain. J'admire encore la vue pendant quelques minutes avant que la voix d'Henry se fasse entendre.
     - Let's celebrate, shall we?
     Je le regarde, il tient une bouteille de vin dans une main et deux verres dans l'autre. Son sourire est gigantesque et ses yeux brillent. Je ris et m'approche de lui.  Je vois un sac en cuir sur le sol derrière lui, y a-t-il autre chose dans ce sac ? Il débouchonne la bouteille et rempli un verre qu'il me tend avant d'en remplir un autre. Il me regarde en avançant son verre.
     - To this evening.   
     - To this evening.
     Je répète ses mots doucement et nous entrechoquons nos verres. Nous buvons tous les deux. Je ne suis pas fan de vins mais celui-ci est assez sucré et il glisse gentiment dans ma gorge. Je ne dois pas trop boire si je vais travailler après. Vais-je y aller ? Franchement, je ne veux pas. Je préfère largement passer du temps avec Henry. Mais j'ai besoin de cet argent puis c'est le seul soir où Mr. Harris a besoin de moi. Je regarde ma montre, il n'est que 18 heures. Je vais profiter de cette soirée.
   - What's on your mind, Frenchy?
    Le ton calme mais soucieux d'Henry me ramène sur terre.
   - Nothing important. It's just... Don't worry.
   Je m'efforce de sourire. Henry pose sa grande main sur mon épaule et baisse la tête pour que ses yeux soient à la même hauteur que les miens.
   - You can tell me.
   Il me sourit franchement.
   - It's just the restaurant. I have to be there at eight but I don't know if I should go because I want to stay with you.
   Je chuchote à la fin de ma phrase et ne le regarde pas dans les yeux. Il y a un petit silence qui s'installe, mais il est vite brisé par la voix grave de mon cavalier.
   - Let's enjoy the moment, then.
     Il chuchote à mon oreille et des frissons parcourent ma peau. Il m'entraîne avec lui vers le bord du toit.
Après avoir passé plus d'une heure sur le toit, mangé quelques friandises, parlé de notre enfance, ris à toutes les bêtises énoncées par Henry et pris de nombreuses photos, nous décidons de partir. Henry veut m'amener dans son quartier préféré avant de me déposer au restaurant. Il me promet que je ne serais pas en retard et j'accepte. Nous empruntons les escaliers et le même ascenseur avant d'arriver à sa voiture dans laquelle nous nous installons.
- The view was breathtaking.
- Yes, it was.
Je lève les yeux et me tourne vers lui après avoir attaché ma ceinture. Il arbore un sourire ravageur qui fait énormément ressortir ses fossettes.
- Oh, come on. You didn't even look at it.
- I had something better to look at.
Il me jette un coup d'œil et emprisonne sa lèvre entre ses dents. Je rougis mais ne cache pas mon amusement et lui tape doucement dans le bras. Le trajet en voiture se fait rapidement.
- We'll have to walk.
Je hoche la tête, excitée qu'il me fasse partager ce qu'il aime. Il sourit pour la énième fois ce soir mais je ne m'en plains pas, j'aime penser que c'est moi qui le fait autant sourire. Nous sortons et le froid m'agresse, j'aurais dû plus me couvrir ce matin, quelle idiote. Je croise les bras sur ma poitrine et attends Henry à côté de la voiture. Je regarde autour de moi. Du brouhaha se fait entendre plus loin, le quartier est animé. Je regarde les lumières danser quand Henry arrive à mes côtés.
- You're cold ? Wait, I have a jacket in the car.
Comme d'habitude, je n'ai pas le temps de réagir. Il ouvre la porte arrière et sort un bomber de la voiture. Il est gris métallisé, trois V sont cousus sur la poitrine à gauche. La doublure orange à l'intérieur est tape à l'œil. Il l'installe sur mes épaules délicatement. Je le regarde faire. Il est concentré, sa lèvre inférieure remontant sur l'autre, comme si j'allais me casser comme une poupée en porcelaine s'il ne fait pas attention. Ses yeux croisent les miens, il rougit et ses bras retombent le long de son corps.
- Thanks, you're such a gentleman.
Je lui souris et il m'imite.
- Should we go ? We don't have that much time.
- Oh ! Erm, yes. Let's go.
Je passe mon bras sous le sien et nous partons en direction de la foule. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de petits commerces. Je crois que je suis déjà venue là. Pas cette année, mais il y a longtemps, avec mes parents.
- Oh, my god. We're at Camden !
- You know the borough ?
Il paraît surpris. Je souris. Je suis venue ici, quand j'avais onze ans. Mon père voulait à tous prix me montrer les façades des boutiques et toutes les cultures mélangées en un même endroit. Je m'en souviens comme si c'était hier.
- Yes ! I went there several years ago. It's my dad's favorite borough of London too.
Son visage s'illumine.
- Your dad has good taste, Frenchy.
Il rit et pose son bras autour de mon épaule. Nous avançons dans la foule. Il n'y a pas assez de personnes pour nous empêcher de circuler mais assez pour générer un brouhaha monstrueux. Ce n'est pas la période de vacances, il y a moins de touristes que d'habitude. Un groupe de punks passent à côté de nous. L'un est chauve, son crane est tatoué, son visage accueille quelques piercings. Il porte un legging aux formes géométriques et colorées et sous son perfecto noir se trouve un t-shirt d'un groupe que je ne connais pas. Un autre est coiffé d'une crête rose, son visage est dépourvu de piercings mais son cou est tatoué depuis sa mâchoire jusque sous son t-shirt et son pantalon noir porte une chaîne. Le dernier est coiffé de piques verts, il n'a aucun piercing ou tatouage, il porte un kilt et un t-shirt blanc. Ils portent tous des Doc Martens de couleur différente qui tapent contre le béton. Ils me regardent un instant et me sourient gentiment. Je leur rends la pareille avant qu'Henry me rapproche de lui. J'attrape sa main sur mon épaule et le regarde. Ses yeux fixent un point en face de lui. Il a l'air tendu. Parce que des garçons m'ont souris ? Cette idée me fait rire. Je secoue la tête et passe mon bras autour de sa taille, faisant attention à ne pas faire tomber sa veste de mes épaules. Ce quartier est merveilleux. Tout est coloré, les façades des boutiques, les vêtements, tout. Je l'avais adoré il y a treize ans et je l'aime toujours autant aujourd'hui. Ce qui est bien dans ce quartier, c'est que beaucoup de cultures différentes y sont mélangées. On peut trouver de tout ici. C'est aussi le quartier de Charles Dickens ou d'Amy Winehouse.
- Are you hungry ?
Le regard d'Henry tombe sur moi. Ses yeux sont plus foncés. Je souris et hoche la tête. Il rit et nous amène devant un kiosque. Il commande la même chose pour nous deux. C'est servi dans une petite boîte en carton. L'odeur chatouille mes narines, ça sent divinement bon. Je crois qu'il y a du curry dedans, j'adore déjà.
    - What is it?
Je lève les yeux vers Henry.
- Something Indian, it's really good. Try it.
Il sourit. Je regarde la nourriture et fourre un morceau dans ma bouche. Il y a bien du curry, la viande fond dans ma bouche et la sauce est excellente. J'écarquille les yeux avant de regarder Henry.
- Damn, that's good !
Je plaque ma main devant ma bouche en réalisant que je parle la bouche pleine. Ça le fait rire et moi aussi. Je prends une autre bouchée. Ce met est délicieux.
- You have some... (Il agite le doigt près de sa bouche.) Wait.
Mes yeux se posent sur Henry. Il s'approche et, de son index, essuie le coin de ma bouche. Il a de la sauce sur le doigt qu'il lèche. Je mange vraiment n'importe comment. Je rougis légèrement. Je suis presque sûre que mes joues sont déjà rouge due à toute l'agitation dans la rue. Une fois notre en-cas terminé, nous jetons nos petits récipients dans une poubelle. Henry attrape ma main et nous marchons vers un autre marché. Son pouce caresse le dos de ma main, inconsciemment sûrement. Je regarde tout autour de moi. Nous flânons entre les salons de tatouages, les boutiques de piercings, les boutiques d'antiquités ou de vêtements. Je remarque que le soleil est bientôt couché. La lumière orangée rend le quartier encore plus beau. Je comprends pourquoi Henry aime tant ce quartier. Je tourne la tête vers lui, il est déjà en train de me regarder mais tourne vivement la tête. Nous nous arrêtons au milieu du pont pour regarder les derniers rayons de soleil disparaître. Je resserre la veste sur moi avant de poser ma tête sur son épaule. Je sens son regard sur moi et il bouge, lâchant ma main pour poser son bras sur mes épaules une deuxième fois. Il me serre contre lui et embrasse le haut de ma tête. Ce geste me fait sourire comme une idiote. J'attrape sa main sur mon épaule et entoure sa taille avec mon bras à nouveau. Je suis vraiment bien. C'est très confortable. Henry est quelqu'un de si attentionné. Je commence à oublier qu'il est une personne réputée, connue dans tout le pays. En ce moment, je m'en fous. Je sens Henry bouger.
- Alice?
- Hm?
- I think we should go, sweetheart.
Il parle doucement. Je me redresse, un sourire collé au visage.
- What did you just call me?
Ses joues rougissent rapidement. Il ouvre la bouche mais ne dit rien. Je continue de sourire, entrelaçant nos doigts sur mon épaule. Ses bagues sont froides sur ma peau.
- Let's go.
Il me lance un sourire timide et nous partons. J'ai l'impression que le chemin vers la voiture est plus rapide qu'à l'allé. Il ouvre ma porte et je le remercie. Il démarre et nous partons rapidement. La musique se répand dans l'habitacle de la voiture mais Henry ne tape pas le rythme comme à l'allé. Je tends la main et attrape la sienne. Il me regarde faire. Je les pose sur mes genoux et commence à dessiner de petits cercles sur sa peau. Je trace les contours se son petit tatouage au dessus de son pouce avant de tracer celui sur son poignet. J'espère le détendre un peu, et ça a l'air de fonctionner. Je prends sa main dans les miennes et la presse doucement puis je joue avec ses bagues. Nous arrivons vite au restaurant mais je suis en retard de quelques minutes. Je sors de la voiture avant qu'il ne m'ouvre la porte. Je descends et m'aperçois que je suis juste devant la fenêtre où Willa s'assoit. Elle lève les yeux sans se rendre compte que c'est moi. Quand elle le remarque, elle se redresse complètement. Ses yeux regardent ailleurs. Je suis son regard et vois Henry s'avancer vers moi.
- I was supposed to open your door.
Il fait la moue et je souris.
- No, you were not.
Il ouvre la bouche mais je l'empêche de parler. Je commence à retirer sa veste.
- Don't forget your jacket.
Il arrête mes mains et replace le bomber sur mes épaules.
- Just keep it. It'll be colder when you end working tonight.
Il sourit timidement en plaçant ses mains dans les poches de son pantalon noir. Je souris.
- Thank you for tonight, Henry. It was wonderful.
Je m'avance, pose ma main sur son bras et me mets sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue. J'y dépose un bisou avant de me reculer lentement. Je m'arrête en face de ses lèvres. Je sens son souffle mentholé sur les miennes. J'hésite un instant et finalement il pose ses lèvres sur ma bouche. Je reviens à ma position initiale sans briser le baiser. La main d'Henry se pose sur mon épaule. Ses lèvres sont douces, et son baiser est timide. Je recule et le regarde. Ses yeux brillent encore plus que tout à l'heure et je suis sûre que les miens ont le même éclat.
- I should go now.
Je parle doucement en reculant d'un pas. Mes yeux ne se détachent pas de lui. Il pose sa main sur sa hanche et l'autre masse sa nuque.
- Yes. You should.
Je souris. Je ne veux pas aller travailler mais il le faut. Je passe à côté de lui, touchant son bras au passage.
- Alice, I...
Je me tourne, une main sur la porte.
- I'll call you, Henry.
Je mords ma lèvre et entre dans le restaurant. Willa surgit devant moi, la bouche grande ouverte et le doigt pointant la fenêtre d'où elle a vu la scène.
- Ya just kissed ! Are ya together now ?
Elle est surprise et je n'arrête pas de sourire. Je resserre la veste d'Henry autour de moi.
- Apparently.

lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant