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L'ombre de Galdro Bial Diablo (2)

L'endroit était miteux. La puanteur n'épargnait aucun espace de la petite cave dans laquelle il était enfermé depuis, depuis combien de temps au juste ? Trop longtemps ce qui est sûr. Les ténèbres de la pièce semblaient anéantir à elles seules sa capacité cognitive, aussi, ne savait-il pas même quel était son nom. Encore moins le pourquoi du comment il avait atterri là. Mais ce dont il était sûr, c'est qu'il était resté en quarantaine trop longtemps et qu'il se devait de sortir de là vite. Et comme à chaque fois qu'il se réveillait, il s'alarmait et paniquait, cherchant à se libérer des épaisses chaînes hélas trop solides. C'était comme un sixième sens, son intuition allumait la sirène DANGER ; pas pour lui non, mais pour quelqu'un d'autre, quelqu'un dont il ne se souvenait pas mais qu'il chérissait par le passé il en était certain. Pour la millième fois il creusa à la recherche d'informations mais il ne fit qu'épaissir la brume qui recouvrait mystérieusement son esprit, agrandissant ainsi sa frustration.

• ° • ° • ° • ° • °

- Ça va, tu tiens le coup ?

C'était peut-être la centième fois que cet individu masqué lui demandait s'il allait bien. Si bien qu'il avait fini par le surnommer Stupide. Bien-sûr que non il n'allait pas bien ! Aux dernières nouvelles il venait d'être kidnappé et n'avait pas eu son mot à dire ! Mael se contenta de rouler des yeux puisque ses ravisseurs l'avaient ligoté sur une chaise puis bâillonné.

Il n'avait pas très peur. Bon, il faut l'avouer au début quand ils l'ont assommé et ramené dans cette grange lugubre, il tremblait comme une feuille et était terrifié par le moindre son. Et puis au fil des heures —et des ridicules tentatives de discussion de Stupide— ses muscles se sont détendus et il avait fini par déduire que ses ravisseurs ne lui voulaient pas de mal. En bon amateur de séries policières qu'il était, comprendre qu'il n'allait pas être torturé ou être la source d'une demande de rançon n'avait pas été bien difficile.

Le silence retomba dans la grange. Entrecoupé bien-sûr des soupirs répétitifs de Stupide. Mael balaya encore une fois la vieille pièce de son regard lasse qui n'avait heurté qu'une charrette de foin aussi vieille que la grange et une autre chaise où était assis l'homme à la capuche rabaissée. À la différence des trois autres, il pouvait voir son visage. C'était un très bel homme de la trentaine à peu près, la peau mate, les yeux rieurs, les cheveux frisés et la musculature bien prononcée. Il était le seul à avoir laissé son visage à découvert. Même avec son pull bleu à capuche et son jogging gris il inspirait le respect. Nul doute que c'était lui, le meneur ici. Mael avait plusieurs fois essayé d'attirer son attention, sans succès. Le chef de la bande s'était mûré dans un silence qui aurait pu faire s'inquiéter un sourd.

Un léger bruit régulier attira l'attention de Mael. L'homme au visage découvert fixait Stupide avec agacement —lui qui n'avait pas arrêté de soupirer, tout en pliant et dépliant son couteau suisse. Mael pouvait presque entendre son conflit intérieur :

L'égorger ou le poignarder ?

- Vous deux faites quelque chose. Parce que je vous jure que je ne répondrai plus de mes actes si je l'entends encore. Menace-t-il finalement, de sa voix rocailleuse.

Le message était bien reçu. Aussitôt, l'une des deux autres personnes masquées empoigne Stupide et l'entraine à l'autre bout de la grange pour certainement, un bon savon. Pourtant, après quelques secondes seulement, elle est de retour. Mael fronce les sourcils tandis que le chef les hausse.

Blue Lace [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant