Un passé difficile (Avant)

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Lorsque notre petite princesse n'avait qu'une dizaine d'années, elle vivait encore avec son père et sa mère. Elle était la plus heureuse des petites filles.

Elle possédait une grande maison, un grand jardin, des tas d'animaux et même si elle aurait adoré avoir un petit frère ou une petite sœur, elle était très satisfaite de la vie qu'elle menait.

Le matin, elle se levait à l'heure qu'elle voulait et quand elle arrivait dans la salle à manger, un véritable festin l'attendait. Ses parents l'embrassaient chacun sur une joue et la journée s'annonçait encore plus belle que les autres.

Après avoir fait sa toilette, elle allait jouer dans les champs et s'amusait avec les animaux. Au bout d'un moment, on l'appelait pour manger et elle ne se faisait pas prier car son estomac grondait.

A midi, ils parlaient de leurs projets d'avenir, autant ceux de l'après-midi que ceux qui n'arriveraient pas avant plusieurs années !

Après manger, elle lisait ou faisait des jeux avec ses parents. Puis, elle aidait à la vie familiale et enfin c'était l'heure du goûter.

Très raisonnable, Cendrillon se contentait d'une tranche de pain complet avec un peu de confiture.

Au soir, elle aimait à s'asseoir près du grand saule, dans le jardin et observait les lucioles. Ses parents trouvaient ce rituel adorable. Après, elle grimpait dans l'arbre et lui murmurait des choses. La légende raconte que si tu collais ton oreille à un saule, tu pouvais l'entendre chuchoter.

Les parents n'avaient même pas besoin de l'appeler pour manger, elle venait d'elle-même. Le soir, ils se racontaient des histoires de magie qui emplissaient d'étoiles les yeux de Cendrillon.

Ensuite, elle allait se coucher non sans avoir embrassé très fort ses parents. Sa mère la rejoignait parfois dans son lit pour lui lire des contes de fées. Cendrillon s'identifiait toujours au héros ou à l'héroïne.

Mais ce soir-là, en allant se coucher, elle entendit des pleurs dans la salle de bains. C'était sa mère qui pleurait doucement.

Mais elle ne faisait pas que pleurer : elle toussait aussi. De grosses quintes de toux qui lui arrachaient la gorge.

Inquiète mais pensant qu'elle avait simplement attrapé froid, Cendrillon s'endormit.

Au lever du jour, notre princesse avait oublié et se levait gaiement. Elle se mit à table sans plus tarder et ses parents l'embrassèrent comme à l'accoutumée. Lorsque son regard croisa celui de sa mère, elle y lut de la fatigue. Elle regarda son père pour essayer de lui montrer que quelque chose n'allait pas chez sa femme mais il était trop occupé à boire son thé.

La journée passa et rien d'anormal ne se produisit si ce n'est que le chat était plus excité que d'habitude.
Le soir, rien n'arriva et Cendrillon dormit sur ses deux oreilles.

Le lendemain, tout se passa normalement et lorsqu'ils parlèrent de leurs projets futurs, le père de Cendrillon déclara :

_ Clémence, ma femme et Cendrillon, ma fille, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer.

_ Quoi donc ? s'enquit Clémence.

_ Je vais partir en ville pour faire des affaires.

Son père était un commerçant et jusque-là, il avait toujours traité au village.

_ Combien de temps vas-tu nous laisser ? questionna Clémence, intriguée.

_ Je partirai moins d'un mois et reviendrai couvert d'or.

Et c'est ce qu'il fit. Il partit trois semaines et à son retour, la famille n'eut plus aucun problème financier.

Les mois passèrent et ils partaient de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps. Clémence toussait plus fréquemment depuis qu'il était parti et Cendrillon n'osait le dire à personne, même pas à sa mère.

Mais son silence lui coûta car une ou deux semaines après, la mère de la jeune fille ne se réveilla pas le matin.

Cendrillon se leva et aucun festin n'était préparé. Aucun baiser ne vint l'enchanter. A la place, un énorme vide.

Elle se précipita alors dans la chambre de sa mère et retint un cri : celle-ci agonisait, en sueur. Elle pouvait à peine parler et utilisa ses derniers instants de vie pour murmurer d'une voix rauque :

_ Cendrillon... Tu es la plus belle chose que j'ai faite de ma vie... Ne change jamais, compris ?

La princesse acquiesça et pleura toutes les larmes de son corps.

Elle vécut la pire semaine de sa vie où tour à tour elle pleura, cria, tomba... jusqu'à ce que son père revienne.

Il la trouva en larmes dans la cuisine, près de la vaisselle. Il accourut et la questionna sur les évènements.

_ Maman, je veux maman, sanglotait Cendrillon.

Son père se leva alors pour aller chercher sa femme et la trouva dans son lit, pâle, figée, les couettes bien remontées sur sa poitrine. Il s'agenouilla et pria.

Il pria longtemps et n'importe qui ou n'importe quelle chose qui pourrait lui venir en aide.
Cendrillon et lui se soutinrent, s'assistèrent mutuellement pour tenir le coup. Cela dura des années où ils se rapprochèrent beaucoup.

Cendrillon atteignit alors ses 16 ans et elle se fait grande. Son père estimant qu'elle pouvait supporter le choc désormais, lui annonça une grande nouvelle :

_ Ma Cendrillon, ma belle jeune fille.

_ Oui, papa ? demanda l'intéressée, tout sourire.

_ Cela fait déjà plusieurs mois que j'attends pour t'annoncer ceci : je vais me remarier.

_ C'est vrai ? Et avec qui ?

_ Ah ! Je suis si heureux que tu réagisses bien ! J'avais tellement peur que tu penses que je sois un traître.

_ Un traître ? Pourquoi t'aurais-je pris pour un traître ?

_ Parce que j'aurais trahi ta mère.

_ Pff... Pas du tout ! Tu tournes la page... et tant mieux ! Alors, qui est cette mystérieuse personne ?

_ Elle est veuve depuis peu et a presque mon âge ; ma chérie, je te présente Lady Tremaine !

Une femme toute de noir vêtue entra dans la pièce, répandant une froideur qui glaça la jeune fille.

_ Bonjour, Cendrillon, la salua-t-elle d'une voix mielleuse.

Avant et après ~ CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant