Mardi 7 Août 2018 – 78 rue Lecourbe. 15e
- Max', un peu d'entrain que diable !
Elle en chiait, mais son coach avait décidé qu'elle n'en était qu'au début de sa souffrance. Une compétition, ça se prépare. Et le corps devait être prêt à subir ce qu'il l'attendait. Max le savait, mais ça ne l'empêchait pas de maudire Bernard. Lui, dans son coin, prenait son mal en patience, il savait qu'elle en était capable.
- Allez, putain, t'y es presque. Bouge-toi un peu le cul, c'est mou !
Elle faillit lui envoyer l'haltère à la gueule, mais c'était pour son bien qu'il lui parlait si durement. Elle avait pourtant l'habitude de soulever de la fonte. Oui, mais pas autant. Bernard avait compliqué l'exercice en rajoutant trois kilos de chaque côté. Max était en train de peiner pour soulever quinze kilos. A bout de bras en prenant surtout soin de ne pas faire retomber l'haltère sur sa poitrine, au risque de ratatiner ses seins et en faire de la bouillie.
Ce n'est pas parce qu'elle ne les montrait jamais, toujours planqués sous une combi ou un veston rigide qu'elle devait renier son unique part de féminité. Elle en avait d'autres, mais elle ne les mettait jamais en avant. Peut-être parce qu'elle n'avait pas le temps, ni l'occasion. Bien souvent, c'était par manque d'envie. Et par peur qu'on les voit...
Bernard s'éclipsa deux minutes le temps d'aller préparer la machine suivante. La pire selon Max, infernale pour travailler les adducteurs. Celle que Max détestait par-dessus tout. Mais diablement efficace.
- A ta place, je soulèverais pas ça comme ça, a marmonné une voix sombre juste derrière la jeune femme.
Trop concentrée à sauver sa poitrine, elle ne pivota même pas sa tête pour voir de plus près qui s'interposait dans sa séance privée avec Bernard. Bon, ok, ce dernier avait déserté, mais elle détestait qu'un mec vienne lui dire comme faire. Parce qu'elle savait. C'est juste qu'elle galérait un peu ce jour-là.
- A ta place, je m'occuperais de mon cul, siffla-t-elle.
- C'était pour toi, hein, se défendit le sportif.
Elle l'entendit reculer, marmonner un truc et elle put retourner à son exercice.
- Max, repose-moi cet haltère, je t'attends au fond...
Elle acquiesça, heureuse de pouvoir reposer l'objet du supplice et en retrouver un autre. « Merde », elle répéta silencieusement ce mot plusieurs fois pour elle, tant cette séance était étrangement compliquée pour elle.
Après tout, faire la foire jusqu'à deux heures du mat' la veille, alors qu'elle savait que Bernard la rejoindrait le lendemain à neuf heures tapantes pour une heure de coaching, n'était sûrement pas l'idée du siècle. Mais elle avait du mal à dire non à une bonne bière fraîche et un steak-frites au restaurant en face de son travail.
D'une bonne bière, ça se transformait général en shooter de whisky ou de vodka. Il lui restait encore six jours avant la compétition, son corps avait le temps de se remettre et se vider de toutes les mauvaises toxines. C'était ce qu'elle s'est dit quand elle avait accepté son huitième shoot de vodka-citron.
***
- Max', la prochaine fois, contente-toi de siffler une limonade. A la limite, un panaché très clair, mais calme toi sur l'alcool...
- D'accord papa...
Ça lui avait échappé. Mais rincée par l'heure de torture que venait de lui faire subir Bernard, elle n'était plus apte à réfléchir correctement, sans balancer de conneries.
- Max...
- C'est bon, t'inquiète...
C'était la première fois qu'elle l'appelait comme ça. C'était même la première fois qu'elle prononçait à nouveau ce mot. Mais Bernard n'était pas son père. Même si elle lui devait beaucoup. Même si parfois, il se comportait comme tel avec elle. Même si très souvent, elle revoyait en lui son père.
Bernard lança une serviette à Max qui l'a saisi et s'essuya le visage, le cou et la nuque, tous trempés de sueur. Elle stoppa son geste quand son regard croisa le chemin de cette silhouette, à l'autre bout de la salle, juste derrière les rameurs. Celle d'un homme qui courait sur le tapis de courses. Elle ne le voyait que de dos. Mais elle remarqua ces cuisses musclées et travaillées qui opéraient de légères contractions à chaque foulée sur le tapis. Ces épaules larges qui se mouvaient au gré du pas de course. Cette nuque large.
Elle détourna le regard et informa Bernard qu'il était temps pour elle d'aller prendre sa douche, on l'attendait pour commencer la journée de travail.
***
Douchée, fraîche, le ventre creux, Max trottait devant la salle pour rejoindre la boulangerie en face. Les écouteurs vissés sur ses oreilles, ses yeux rivés sur l'écran de son téléphone pour checker le mail de la fédération qui lui demandait les dernières pièces pour l'inscription, elle ne vit pas le capot de cette grosse Audi foncer droit sur ses jambes. Elle n'entendit pas non plus les pneus crisser sur la route, dans un freinage d'urgence un peu tardif.
Elle aurait voulu avoir le temps de tourner la tête vers le conducteur, le traiter de tous les noms les plus crades les uns que les autres, ce vocabulaire fin et spirituel dont elle avait le secret. Mais surtout retenir son visage et espérer le retrouver un jour pour lui fracasser les jambes. Comme il venait sans doute de le faire, avec sa grosse calandre rigide. Elle qui adorait pourtant les voitures allemandes, leur devant presque animal selon les modèles, elle ne put s'empêcher de se dire qu'à compter de ce jour, elle se mettrait à détester Audi. Deutsch Qualität ou non.
Son téléphone lui échappa des mains, se fracassant par terre. Une douleur vive s'invita en elle le temps de longues secondes et senti le sol se dérober sous ses pieds lorsque son corps, meurtri et mou comme du coton s'abattit sur le bitume chaud de la rue Lecourbe.
***
et ouaiiiis c'est moi ! Hello vous ! Bien, vous fondez pas trop ?
C'était ma semaine de vac, au calme chez moi, j'ai pas pu m'empêcher de commencer une nouvelle fic. Mais je la veux courte, et d'un point de vue omniscient. J'espère que vous aimerez. Je commence à peine, donc je sais pas encore vers où je vais. Mais pour le moment, je m'éclate à écrire.
Vous inquiétez pas, la taille de ce chapitre pour nain est juste celle pour le premier, après on approchera plus des 3000 mots que 900 !
Allez, bonne soirée et j'espère à bientôt ! 😘
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Mustang
FanfictionJe vous propose, en tant que narrateur de cette histoire, de suivre la rencontre, plutôt fortuite entre Max et Hakim. Je n'en dis pas plus, à vous de découvrir ce qui les attend. Ce qu'implique pour eux cette rencontre. Et j'espère, comme moi, que v...