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Lundi 22 octobre 2018. Commissariat du 15e. Plutôt mal à l'aise.

C'était un échec. Hakim le vivait comme ça. Il avait enfin pris sur lui et s'apprêtait à lui avouer la vérité. Sauf qu'elle l'avait pris de court en lui demandant de l'emmener pour deux heures au circuit.

Il allait le lui dire... même s'il ne voulait pas commencer par aborder le rendez-vous chez les flics, ça aurait pu enclencher le processus, le pousser à continuer. Et là, Abou qui l'appelle, à 0.65g/l de sang, et l'implore de venir le chercher sinon c'était nuit au poste. Certains d'entre vous diront qu'une fois de plus, il a été sauvé par le gong. Mais il était vraiment prêt à tout lui avouer.

Maintenant qu'il était devant le lieutenant de police Marquez, à répondre à ses questions, lui raconter ce qu'il s'était passé ce 7 août, c'était trop tard. Quoique, il avait une dernière carte à jouer.

- La victime recevra ces documents d'ici combien de temps ?

- J'ai un peu de temps pour la paperasse, je pense le faxer à Monsieur Mény fin d'après-midi...

Il baissa la tête et regarda le cadran de sa montre Lotus. Il était 15h00. Si on partait du principe que si pour ce flic, fin d'après-midi signifiait entre 17 et 18 heures, et que Monsieur Mény était bien Bernard, il avait encore le temps de rejoindre Max et lui céder une fois pour toute ce secret qui le rongeait toujours un peu plus.

- Pourquoi cette question ?

- Non, pour rien. Comme ça...

- Mmh... Vous avez de la chance dans votre malheur. Cette jeune fille n'a rien eu de grave, et elle n'a pas porté plainte contre vous...

« Elle peut encore le faire », le kabyle pensa pour lui.

- Je sais tout ça, Monsieur l'agent.

- Lieutenant, il le repris fièrement.

- Ouais...

Il n'allait pas se mettre à faire du lèche-botte à un flic quand même... Surtout qu'ils n'avaient pas été tendres avec lui à l'époque quand il avait eu quelques démêlés avec la justice.

- Surtout qu'on va pas se mentir, avec ton casier, je suis pas sûr qu'un juge t'aurais épargné. Jambe cassée ou pas...

- C'était y a cinq ans, il siffla pour se défendre.

Mais ça le gonflait grave d'avoir à faire ça.

- On oublie jamais vraiment. Mais vous n'avez pas à vous inquiéter, monsieur Akrour. Mais faites gaffe pour la prochaine !

- Y en aura pas.

« Fils de p*** », il aurait tellement voulu rajouter. Mais s'il voulait se coller un outrage à agent, y avait pas mieux à faire.

- Au revoir.

Il se leva, lui serra mollement la main que le flic lui tendit et sorti à la haute de la maison poulaga, en grognant pour lui-même un virulent « c'est ça, sombre con ».

***

Une heure plus tard. Circuit de Trappes. Coincée dans le siège baquet passager.

Ça faisait deux heures qu'elle avait débuté l'entraînement sur la piste et Hakim n'était toujours pas là pour admirer ses progrès et sa maitrise parfaite de son bolide nippon sur-boosté. Elle pestait intérieurement après lui, déjà qu'il avait du retard, et si en plus c'était parce qu'il passait du bon temps avec une nana, elle était d'autant plus énervée après lui.

MustangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant