Hurts so good

Chapitre 1

Marek

J'inspecte une dernière fois les éléments du stand pour m'assurer que tout est en place. Betty, mon assistante s'affaire avec les derniers cartons afin que tout soit fin prêt pour ce weekend de folie. Ces salons professionnels sont une barbe, un passage obligé quand on a sa boîte, surtout quand on travaille dans la communication. La plupart des entreprises présentes ici ont fait leurs preuves et ces quelques jours sont une occasion en or pour signer de gros contrats. Tous les coups sont permis, bienvenue dans la fosse aux requins ! Même si je sais me prémunir de leurs morsures, le côté mondain me gonfle prodigieusement. Heureusement que je peux profiter des petits fours, de l'alcool à profusion et du vivier de nanas qui va avec sinon je péterai une pile. Spirit dispose d'une place de choix cette année et je compte bien en tirer parti. Je savoure ce moment de calme relatif avant de devoir tenir la jambe à une nouvelle nuée de clients potentiels. Mon attention se reporte vers Betty qui s'agite tel un poisson hors de l'eau. Je suis serein mais on ne peut pas en dire autant de mon assistante. Je la mate de bas en haut en fourrant la main dans ma poche.

— Vous vous en sortez Betty ?

— Je cherche... le carton dans lequel nous avons mis les nouveaux flyers, précise-t-elle en naviguant nerveusement entre les boîtes.

Un sourire se forme sur mes lèvres lorsque j'observe le manège de ma nouvelle recrue, amusé par sa maladresse. Je suis aussitôt distrait par le téléphone qui vibre dans ma poche. J'avise l'écran puis ouvre le message que Constance vient de m'envoyer :

Tu me manques <3

Son texto est accompagné d'un selfie d'elle en maillot de bain au bord d'une piscine entourée de palmiers. Sa pose est assez suggestive et sa bouche mime une moue exagérément boudeuse dans l'unique but de me chauffer mais je n'y prête pas attention. Je ne prends pas la peine de lui répondre et range mon téléphone. J'ai franchement autre chose à foutre, comme sauver Betty d'une future crise d'angoisse par exemple. Ça, c'est sûr que ma nouvelle assistante est loin de lui ressembler et ce n'est pas une mauvaise chose au final ...

— Ils sont sous vos yeux, précisé-je pour ménager les nerfs fragiles de Betty et éviter qu'elle ne me claque entre les doigts.

— Oh mon dieu oui ! Je suis désolée Monsieur Saulnier, je suis tellement nerveuse pour ce premier salon que je ne sais plus où donner de la tête !

Je m'approche d'elle, saisis ses bras pour qu'elle se focalise sur moi et arrête de jouer avec le talon de sa chaussure, ce qui commence à m'agacer.

— Tout va bien se passer, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Je vous ai embauché parce que votre double cursus a démontré vos capacités d'adaptation. Maintenant servez-vous en.

Les joues de Betty rosissent comme si je lui avais chuchoté tout un tas d'insanités au creux de l'oreille. Je sais qu'elle a toutes les compétences pour ce poste mais il faut vraiment qu'elle apprenne à gérer ce stress qui la tétanise. J'aurais bien une idée ou deux à lui soumettre mais j'ai bien peur que ma proposition indécente ne finisse de l'achever la pauvre. Mes mains se détachent de ses épaules et elle semble tout à coup retrouver des couleurs, c'est un bon début. J'interromps notre contact lorsque mon téléphone vibre de nouveau dans ma poche. C'est ma journée ! Visiblement Constance est déterminée à me faire flancher en m'assaillant de messages :

Qui va étaler ma crème maintenant ?

Elle revient à la charge en m'envoyant une nouvelle photo où elle a cette fois-ci ôté son haut de maillot de bain. Ses mains recouvrent sa poitrine généreuse et je me fais violence pour ne pas m'emballer. Cette nana n'a pas froid aux yeux et c'est toujours ce qui m'a plu chez elle mais je n'ai clairement pas le temps pour ces conneries maintenant.