Chapitre 3

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L'image représente Charles "Chase" Holley.
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Tariq se tenait droit devant la salle de classe. Tremblant, pleurant comme un simple enfant. La voix lassante, bégayante, trainante, il commença tel un conférencier :

- Je...Je ne sais pas qui s'amuse à souiller la mémoire de Tanner ici mais, il...mais c'est quoi ce bordel, putain ! Il enfonça son visage entre ses mains, comme s'il cherchait à effacer sa mémoire.

Miss Winter retira avec une infinie précaution le couvercle de la boite et y découvrit quelque chose qui la saisit d'horreur. Elle convulsait. Roula des yeux. Mais revint vite au contenu du mystérieux boitier, aussi saisissant pouvait-t-il être, son regard était attiré pareil à un aimant. Tout cela en poussant l'un des cris les plus stridents que j'ai entendue, le genre de cri à vous donner la frousse. Oui, même à toi qui n'a peur de rien. Ma curiosité morbide me poussa à me lever de mon siège et à me diriger droit vers l'écrin contenant la chose.

Mais est-ce qu'à ce moment-là, je m'attendais réellement à tant de perfidie ? Est-ce que je ne soupesait pas l'horreur de la situation ? Est-ce que je me croyais plus forte que tout ? La réponse à chacune de ces questions, vous l'aurez deviné, c'est un oui absolu.

Sur le tissu carmin, était allongé un doigt. Coupé net. Couvert de sang. Avec pour parfaire le tout : la bague métallique du fils du maire.

J'étais partagée entre un cocktail infinie d'émotions qui se superposaient et se succédaient à la fois. Entre l'envie de toucher ce doigts et me rendre compte s'il était en plastique, tellement il était tranché droit, ou s'il était réel. Entre l'envie de partir en courant et de rester à le détailler du regard. Entre l'envie de savoir s'il était à Tanner ou s'il ne l'étais pas.

Rapidement, Arnav se reprit. Bien avant son frère, la professeur, moi ou même chacun des lycéens de la salle. Il claqua la partie supérieure à la partie inférieure et, s'empara de la boîte. Arnav avait toujours été un meneur, je ne serai pas surprise si c'était à lui que revenait le titre de capitaine de l'équipe de rugby désormais.

- Je suppose qu'on devrait montrer cela au principal.

C'était une affirmation. Sa voix, son regard et sa posture le disaient sans même qu'il ai à l'ajouter. Sans faire plus de cérémonie, Arnav tira la manche de son frère et, tout deux disposèrent, nous laissant tous dans une stupeur funèbre.

Je sentais que le sol tanguait, j'avais l'impression d'être sur un bâteau, n'arrivant plus à tenir en place, je tombais lentement, comme dans du coton.

Quand je reprends enfin mes esprits, je suis installée sur une surface molle, douce et qui sent le propre. En ouvrant les yeux, je songe au fait que ce soit étonnant pour le lit de l'infirmerie scolaire, qui est ordinairement dans un état lamentable. Tant bien que mal, je tente de me rasseoir. Après tout, ce n'est pas comme si ma chute m'avait rendue tétraplégique.

Mais cette main. Je repensais à cette main qui avait tant de fois jouer avec mes mèches de feu...Non, stop ma petite Madge, tu te fais du mal pour rien !

J'essayais de rester paisible en observant la pureté de la salle, cette tâche n'étais pas évidente mais cet endroit était aussi vide que mon ventre étant donné que j'ai zappé le déjeuner afin de ne pas avoir à affronter le fameux courroux de June. Aucune plante et aucun rire ne viennent habiter cette pièce. J'ai presque l'impression que je peux entendre ma respiration et chacun de mes organes fonctionner, je me sens oppressée et ai l'impression de m'etouffer alors que ma réserve d'air est tout bonnement titanesque.

- Debout la dedans ! Les marmottes, ça reste dans la forêt ! Claironne Cheyenne, perturbant ainsi le calme que je n'ai eu aucun mal a installer - oui, je ne l'ai pas fait.

Eagle LakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant