t w o

218 24 8
                                    

Quand Sourcils et la schyzo sont partis, ou plutôt que je les ai virés, le soleil est en train de se coucher et j'ai faim.
Des dizaines de cartons s'entassent dans l'entrée avec de la poussière mais je m'en occuperai demain. J'ai assez donné aujourd'hui.

Je vais à la cuisine, juste à côté de moi en fait parceque j'étais dans le salon, et j'ouvre le frigo. Vide. Bas oui logique ptit con. J'ouvre quand même les placards, on sait jamais. Vides. Et mon ventre commence a gargouiller. J'ouvre quelques cartons dans l'espoir de tomber sur n'importe quoi. Même un paquet de gâteaux bio au sésame ça m'irait. Ouais nan quand même, pas à ce point. Ces trucs sont absolument dégueulasses.

Et je parle en connaissance de cause, ma mère m'en donnait tout le temps au goûter quand j'étais môme. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que je les enterraient dans le jardin quand elle avait le dos tourné. Ma pauvre maman. Maintenant elle est enterrée avec les biscuits bio au sésame. J'ai jamais connu mon père et tant mieux vu comment maman parlait de lui. C'est mon oncle qui m'a recueilli quand elle est morte.

J'ai plus trop le moral d'un coup, et plus trop faim non plus. Je prend une cigarette et l'allume sur le balcon. Je l'avait pas dit ? Oui, il y a un balcon. Dans l'annonce ils auraient pu le dire, ça aurait rendu mieux.

« Appartement tout minuscule, pas assez grand pour que vos deux amis viennent y faire des soirées pyjama. Dans un immeuble miteux et un quartier paumé, loin de tout, MAIS il y a un balcon. Depuis le balcon vous aurez une vue imprenable sur rien du tout et toute la pollution pourra éventuellement venir se nicher dans vos poumons afin de venir bien les dégueulasser.»

Nan même comme ça, ça le fait pas. En bas, on peut voir une cour intérieure avec de l'herbe. P.A.R.F.A.I.T je pourrais aller promener Hanji sans aller trop loin.

Comme vue j'ai un autre immeuble tout semblable au mien. Peut être un peu plus récent. Heureusement, comme je suis au dernier étage, j'ai aussi la vue sur les toits avec leur cheminées et The Sunshine. Le ciel rosé se confond avec le violet pastel dans un arc en ciel de couleurs. Il se prépare pour la nuit. C'est magnifique.

Je crache la fumée qui s'élève en volutes vers le ciel. Sur le toit d'en face il y a une antenne. Sur cette antenne il y a un pigeon. J'adore les pigeons. Ils sont tellement beaux et gracieux quand il marche en bougeant la tête. On dirait qu'ils s'ambiancent tout seuls. Et ils sont tellement stupides, tellement innocents, je les adore. Celui là a des plumes blanches et marron rousses. Je me dit que c'est très beau et que c'est rare, donc ce pigeon est forcément un pigeon sacré. Je le prénomme Jésus. Même si je suis pas croyant ni rien, ça fait classe.

Face à moi, sur la façade de l'autre immeuble, il y a aussi un balcon. L'appartement semble vide et silencieux. Tant mieux. Je n'aurais pas des voisins trop bruyants. Je retourne à ma contemplation de Jesus qui semble dominer la ville depuis son antenne. Et puis soudainement, sans crier gare, le beau pigeon s'envole, terrorisé. Qu'est ce qui a pu effrayer mon pigeon sacré à ce point ? Je le comprend vite. Un gosse pré-pubère du balcon d'en face vient d'ouvrir  sa porte vitrée à la volée et de crier :

« DIANTRE QUELLE CHALEUR ! »

Et puis il me regarde, peut être qu'il a honte. Et puis je le regarde aussi , avec toute la haine du monde parce qu'à cause de lui, Jesus est parti. S'ensuit un long combat de regard. Pas question que je détourne les yeux, mon honneur est en jeux et j'ai assez perdu d'honneur aujourd'hui. On sent la tension monter dans l'air, un courant électrique passe entre nos globes oculaires, c'est extrêmement tendu. Qui va gagner ce combat sans merci ? Cette bataille acharnée ?

Il détourne le regard en soupirant. J'esquisse un micro sourire de satisfaction. Je suis fier et peu modeste. J'en profite pour le regarder. Ses yeux sont verts, il est grand et mince, ses cheveux ont la couleur du cœur des Trésors aux noisettes (les céréales bande de schtroumpfs). Il porte un grand tee shirt blanc et un pantacourt en jean troué.

Il commence à rire. Pourquoi ? Aucune idée. Sûrement la situation. A moins que je n'ai quelque chose sur le visage. Je finis ma cigarette et la jette dans le vide. Il me regarde faire avec ses yeux émeraudes sublimissimes. Je rentre dans mon appart en claquant la porte. J'aime pas les gosses.

˚✧₊⁎Ereri⁎⁺˳✧༚Bla bla bla.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant