~Chapitre2~/!\Chapitre le plus long/!\

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Traversant l'encadrement de la grande porte menant au hall du lycée, et passant au travers des élèves agités, tous plus âgés que moi, je vis Barbara adossée à son casier, les mains dans les poches. Elle avait l'air ailleurs, le regard vide. Je m'approchai d'elle, heureuse de la voir. Quand elle entendit mes chaussures couiner contre le carrelage beige, elle tourna vivement la tête. J'aperçus ses yeux bleus maquillés d'un contour noir. Elle m'adressa un sourire. Ses cheveux roux étaient attachés - une des rares fois où elle ne les laissait pas tomber sur ses épaules. Elle portait un short en jean, faisant ressortir ses fines jambes bronzées avec un débardeur blanc accompagné d'une veste dans les tons bleu marine, comme ses yeux. Barbara a toujours été coquette, elle choisissait minutieusement ses vêtements et ses bijoux; ses coiffures devaient être parfaites, à chaque fois. Elle me tourna le dos, ouvrant son casier pour en sortir quelques photographies, ressemblant à celles que je prenais d'habitude.

- Tiens, dit-elle en me les tendant, je les ai trouvées dans un vieil album photos, au grenier. Plissant les yeux, elle continua ses propos. Je crois bien que c'étaient les toutes premières que tu avais prises.

- Oh, merci, dis-je en lui prenant des mains la pile d'images.

Une à une, je les regardais, passant d'une photo d'un petit cactus, à une autre où un aigle noir, aux yeux dorés - d'un air sournois, on aurait même crû qu'il souriait, était perché sur un grand sapin, jusqu'à celle où Barbara faisait la roulade sur les grandes herbes, près de l'étang. Elle n'avait pas plus de huit ans et le paysage paraissait beaucoup plus joli. J'examinais la prochaine photo, mais cette fois-ci, elle paraissait différente, elle n'avait pas l'air d'être de moi. Les sourcils froncés, je relevais la tête pour faire face au visage de la belle rousse, j'étais prête à lui demander qui l'avait prise, mais elle m'ôta les mots de la bouche:

- C'est moi qui l'ai prise, c'était pour comparer, dit-elle d'une voix douce, le sourire aux lèvres, on voit vraiment la différence, entre tes photos et les miennes.

Mon casier était tout juste à côté de celui de Barbara, les casiers les plus grands sont réservés aux sportifs. Prenant le petit cadenas accroché à celui-ci, j'y entrai la combinaison, et l'ouvris pour poser délicatement mes images, et au passage ma tenue de danse. Je sentis Barbara appuyer sa main soigneusement manucurée - avec un vernis rouge pétant, assorti à celui de ses doigts de pieds qui se voyaient entre ses spartiates noires, sur mon épaule.

- Il est temps d'aller s'amuser, s'interrompit-elle brusquement, il est temps d'aller s'amuser avec les chiffres, bredouilla t-elle ensuite, suggérant que nous devions aller bosser nos mathématiques.

- Génial, ironisai-je.

Chaque heure qui passai, je ne cessais de penser à ce garçon, ses yeux m'obsédaient, leur couleur était si belle. En histoire, j'étais assise au fond, loin des autres. Barbara, elle, était avec Grégory, son copain. Il avait un visage assez carré, de beaux yeux noisette, et une musculature admirable. Elle lui tenait la main sous la table, en évitant que le professeur le remarque. Au bout de la pièce, se tenait Diane, elle était assise, le dos droit contre le dossier de la chaise en bois vernis. Elle a été élevée dans une famille stricte, chrétienne; tous les soirs, à l'heure du repas, ses parents, elle, et son petit frère se joignaient les mains, faisant une prière, pour remercier Dieu, ils récitaient des rimes, que même moi je ne comprenais pas, et finissaient ceci par un Amen. Diane était brune, elle avait les cheveux lisses naturellement, ils faisaient ressortir ses petits yeux vert émeraude. Quant à ses tenues, elles étaient toujours assorties, si ses chaussures étaient bleues, le pantalon et le haut devaient l'être aussi. Elle me sourit, passant, en même temps, une couche de baume sur ses fines lèvres gercées. Soudain, la sonnerie avait retenti, donnant à chaque élève le sourire aux lèvres. Je pris mes bouquins, les serrant contre ma poitrine et sortis de la salle d'Histoire avec Barbara et Diane qui suivaient le mouvement. Il n'était pas plus de trois heures trente mais toute la journée j'avais attendu avec impatience de danser, de glisser mes pointes de pieds sur le parquet lisse, d'essayer de faire des pirouettes presque aussi parfaites que celles dont la prof nous montrait l'exemple. Chaque sportif se dirigeait vers les casiers, tandis que les autres élèves quittaient l'établissement. Il y avait des gymnastes, nous les reconnaissons grâce à leur souplesse, et leur marche élégante; les nageurs, eux, étaient presque tous bronzés, ils avaient les épaules légèrement carrées et de grandes jambes fines, comme Barbara; nous, les danseuses, avons le dos cambré, le buste relevé et la tête toujours droite. Jamais une danseuse ne marchait avec nonchalance, toujours avec délicatesse. Il y avait tellement de sports, que je ne pouvais tous les énumérer. Quand j'ouvris mon casier pour récupérer mes affaires, un petit bout de papier tomba sur le sol. Rapidement je m'abaissai pour l'examiner. "Retrouve-moi au gymnase, après ton cours de danse. Aaron" était inscrit sur la feuille chiffonnée. Je fronçais les sourcils, faisant une moue intriguée et me dirigeai vers la salle de répétition, le sac sur l'épaule. Aaron, c'était l'un des nageurs, c'était le meilleur selon les filles qui l'admiraient dans l'eau, nageant, plongeant et sortant le corps encore trempé. Il sortait avec Sarah, l'une des danseuses les plus adulées, elle était très douée d'ailleurs. Mais, pourquoi voulait-il me voir?

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