~Chapitre4~

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Hier, Aaron et moi étions restés dans le gymnase plus de deux heures. Je lui avais appris deux, trois mouvements de base qu'il avait réussies sans difficulté. Il n'était pas resté fixé sur son portable comme n'importe quel garçon l'aurait fait. Lui, il avait ignoré quand son engin vibrait sans cesse dans la poche avant de son jogging. Il ne portait attention qu'à moi et les pas de danse que je lui avais enseignés.

- Valentine Evans, vous avez quatorze, c'est plutôt bien.

- Psst, chuchota Barbara deux rangs derrière moi.

Instinctivement, je me retournai sans faire attention à M. Pulberry qui était adossé contre le tableau blanc, continuant de commenter chaque note de la dernière interrogation surprise. Aujourd'hui, Barbara avait laissé ses longs cheveux roux tomber sur ses larges épaules. J'aperçus ses yeux bleus dont la pupille brillait grâce aux reflets des lampes au-dessus de nos têtes.

- Sarah, vous avez onze sur vingt, un peu décevant de votre part, dit notre prof de français derrière mon épaule.

Chiffonnant dans ses doigts fins une feuille de papier, Barbara me la jeta discrètement puis fit une grimace en voyant que la boulette avait rebondi sur mon visage pour finalement tomber sur le sol couleur ocre.

- Diane, dix-sept, voilà une adolescente qui apprend vraiment ses leçons, continua le professeur en passant à la prochaine copie.

Le fixant - pour paraître intéresser par ses commentaires -, je tendis le bras prudemment puis attrapa de deux doigts la feuille chiffonnée. J'étais prête à jeter un œil au message que Barbara m'avait envoyé, mais, bizarrement, je savais déjà. En passant mon index sur le papier froissé je sentis mes membres se contracter soudainement. Je me mordis les lèvres, affolée par cette vision. Je ne voyais plus rien autour de moi, tout était flou, comme si une brume grise entourait mon champ de vision. Un long silence régnait, et là.. le brouillard disparut pour laisser place à des images, comme un film défilant dans ma tête, comme une prémonition. Je fermais les yeux, je n'osais les garder plus longtemps ouverts tellement cette sensation était horripilante. Mais les images continuaient de défiler laissant apercevoir ses yeux... ses yeux marrons clairs, ceux avec des filaments dorés. Ils étaient encore plus beaux de près. Soudainement la porte s'ouvrit, me sortant du brouillard. Les élèves étaient de nouveau là, encore plus bavards qu'avant que la brume grisâtre m'ait engloutie.

- Ah, le nouvel élève entre, dit chaleureusement M. Pulberry en posant nos notes sur son bureau.

Il s'avança comme sûr de lui, les mains rentrées dans les poches de son jean. C'était lui. J'avais accroché hier - sur le seul mur peint en blanc de ma chambre - toutes les plus belles photos que j'avais prises, la sienne en faisait partie, comme celle où Barbara trempait ses pieds dans l'eau, assise sur un pont en bois, et ses cheveux plus roux que jamais grâce aux reflets du soleil ou encore, celle d'un chat se promenant près du lac, le regard fixé sur l'appareil que je tenais en main.

- Quel est ton prénom? Questionna notre enseignant.

- Adam, dit-il en regardant de haut ce dernier qui paraissait petit à côté du nouvel élève.

- Et bien, Adam, tu peux choisir ta place.

Le sac sur l'épaule, il scrutait du regard chaque place libre, seul trois étaient disponibles. Il se tourna vers moi, ses yeux légèrement dorés m'interrogeaient : "je peux?" questionna une voix rauque - mais douce à la fois - dans ma tête, ses lèvres n'avaient pas remué, ses yeux n'avaient pas quitté les miens. Il restait là, sans bouger, attendant ma réponse. "Oui" pensai-je en espérant qu'il m'entende - même si j'étais persuadée que c'était seulement mon imagination qui me jouait des tours. Il vint s'asseoir à mes cotés.

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