Ben, Boston

Les écouteurs aux oreilles, Ben fixait son écran. Il jouait à son jeu de guerre préféré. Un de ses ennemis lui lança une grenade en plein visage. Ben fit bouger son personnage plus rapidement grâce à un code de triche.

- Simon! T'étais où?, cria-t-il à son coéquipier dans le microphone.

Il aurait bien aimé se dire qu'il parlait à son ami, mais Ben n'avait pas d'amis. Il les perdait tous à cause de son caractère. À l'âge de 5 ans, Ben avait reçu le diagnostic d'un trouble explosif intermittent. Il se met souvent en colère sans aucune raison. Ben a essayé toutes les solutions possibles et imaginables. Les échecs, le yoga, la méditation... Les seules choses capables de calmer Ben sont les jeux vidéos et la boxe. Il se bat depuis qu'il a 9 ans. Aujourd'hui, à 19 ans, il réalise qu'il n'a pas besoin d'amis, il a seulement besoin d'alliés.

- Scuse bro, je tuais les loups radioactifs!, répondit Simon avec plusieurs minutes de retard.
- BEN! LE SOUPER EST PRÊT!, hurla sa mère du rez-de-chaussée.

Ben soupira et quitta sa partie. Il se demandait ce que sa mère avait bien pu cuisiner cette fois. Il paria sur le macaroni en boîte. Sa famille n'était pas très fortunée. Son père était mort quelques semaines après sa naissance et sa mère avait tout dépensé l'argent de l'héritage à cause de ses goûts de luxe. Ben ne souffrait pas de la mort de son père, mais plutôt de son absence. Sa mère désirait la perfection et Ben ne pouvait pas lui offrir. Autrefois, sa mère le frappait chaque fois qu'il ne répondait pas à ses attentes. Les tactiques devenaient de plus en plus exotiques, Ben gardera pour toujours une marque de la fois où sa mère utilisa une chaîne de métal. Comme les déceptions et les punitions arrivaient régulièrement, elle finit par se tanner. De plus, le nouveau sport fétiche de Ben calma les ardeurs violentes de sa mère. L'arrivée de la boxe dans leur vie avait réellement été bénéfique. Grâce à son passe-temps, Ben avait passé d'un petit garçon maigre à un jeune homme costaud. Il n'était pas le plus musclé ni le plus gros, mais son corps était svelte et défini. Il était bronzé à l'année longue, un cadeau de ses ancêtres mexicains. Il ne détonait pas de l'ordinaire latino avec ses cheveux noirs et ses yeux bruns. Ben ne croyait pas beaucoup en lui et son apparence plus que normale ne l'aidait pas à forger son identité.
Le plat de macaroni au fromage tiède fut rapidement dévoré. Ben évita tout contact visuel avec sa mère. Cette dernière était beaucoup trop occupée à admirer son nouveau bracelet pour s'intéresser à son fils. Ben soupira et retourna dans sa chambre, son antre, le seul lieu sécuritaire de tout l'appartement. Il avait installé lui-même un verrou automatique sur sa porte pour être en sécurité et en paix. Ben était un intellectuel de nature. Il adorait créer toutes sortes de choses surtout des nouvelles innovations technologiques.

La mère était ivre morte sur le divan et le fils était obnubilé par son jeu, le moment parfait pour mettre leur plan à exécution. Installées dans les escaliers qui relient tous les appartements entre eux, les deux filles se tapèrent dans la main. La plus petite des deux se glissa par la fenêtre sans bruit.

- Ok, je suis à l'intérieur... Maintenant, je fais quoi?, souffla-t-elle à son acolyte grâce à leur oreillette.
- Trouve la cuisine et installe la bombe.

Les deux criminelles ne savaient même pas pourquoi elles s'apprêtaient à tuer deux personnes, elles avaient seulement la certitude qu'elles devaient le faire, comme si une force céleste les intimait. La petite criminelle se dirigea tranquillement vers la cuisinière. La mère bougea soudainement et la fille figea. Elle était terrifiée. Heureusement pour elle, la mère retomba dans son profond sommeil. Arrivée dans la cuisine, elle sortit un minuscule objet de sa poche et le serra fort dans sa main. C'était le détonateur. Elle ne voulait pas faire ça, mais elle ne contrôlait plus ses mouvements. C'était comme si elle n'était qu'un pion, qu'un personnage dans un jeu. La criminelle sortit la bombe de son sac. La cuisine était sombre et silencieuse, tout était calme. Elle lança l'objet par terre et prît la fuite.

- J'appuie sur le bouton dans 10 secondes, murmura la jeune fille à son acolyte qui menait la garde.

Boum. L'objet explosa, emportant la cuisinière et le micro-onde dans l'impact ce qui déclencha deux explosions supplémentaires. La mère de Ben se réveilla en sursaut. Elle regarda avec effroi les flammes lécher ses armoires et engouffrer son plancher. Le feu se répandait rapidement, elle devait agir vite. La mère de Ben sonna l'alarme se feu pour évacuer le reste de l'immeuble.

La force de la détonation avait secoué Ben. Ses écouteurs étaient tombés par terre, son ordinateur s'était débranché et lui, il s'était contenté de fixer sa porte, figé. Son corps était incapable de bouger. Il voyait pourtant la fumée s'infiltrer dans sa chambre par la fente de sa porte, il sentait les vagues de chaleur et il entendait les cris de sa mère. Pendant un moment, il considéra tout abandonner et se laisser aller vers un monde meilleur, tout était mieux que sa vie, mais, rapidement, il était revenu sur Terre et avait couru vers la porte. Sa peau grésilla lorsqu'il toucha à la poignée de sa porte. Impossible de sortir, le métal était brûlant. De plus, la chambre de Ben ne comportait pas de fenêtres, sa mère ne lui laissait pas ce privilège. Il savait qu'il était fait. Il pouvait presque entendre les flammes l'appeler. Ben décida de succomber à sa première idée. Il se coucha sur son lit, ferma les yeux et attendit la fin.

Pris par une quinte de toux, coincé sous une pile de débris, Ben se réveilla. Ses vêtements étaient complètement brûlés et sa peau était noircie, mais intacte. La situation était irréelle. Ben n'avait pas pu survivre à l'incendie, quelqu'un devait l'avoir sorti des flammes. Mais qui? Et pourquoi? Il tâta les alentours et toucha un bout de papier. Étant donné les circonstances, ce papier avait sûrement été mis près de lui récemment. Ben le prit avec précaution. En le dépliant, un itinéraire vers un lieu inconnu se révéla aux yeux de Ben. Il décida de le suivre. Après tout, il n'avait rien à perdre.

Les 4 élémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant