entre elle & moi

jeudi 10.03.2017

Jeudi.
Sacrée journée en vue.
Elle est célibataire.
Vicky.
Tout se mélange dans ma tête.

Je descend prendre mon petit déjeuner, ma mère y est déjà :

- Bonjour maman.
- Tu es beaucoup trop joyeuse pour le matin Lola.
- Euh d'accord, pardon d'être heureuse hein.
- Ton père rentre ce soir.
- Pffff, nickel.
- Arrête de râler.
- Ouais, bonne journée.

Je monte voir Lisa. Nathan l'a déjà habillée, elle tient debout accrochée à la barrière.

- Qui est ma petite princesse qui va avoir un an dans deux semaines hein, c'est qui ?

Lisa rit. Nathan me regarde avec un petit sourire puis ajoute :

- Tu es une grande sœur Gaga dit donc. Tu l'emmènes ?

Je lui tire la langue.

- Gnagnagna. Oui ça marche. Nath ?
- Mmh?
- J'ai une soirée vendredi soir tu peux la garder ?
- Papa sera encore là non ?
- Oui, il ne part que lundi, mais rêve pas Nathan...
- Je sais... ça marche alors. C'est où et avec qui ?
- T'es ma mère ?
- Non mais quand même !
- Chez Vicky avec mon groupe de potes, tu veux le noms et les numéros de téléphone ?

On rigole, je prend Lisa dans mes bras
- Tu resteras dormir là bas ?
- Oui mais je serais là pour que tu puisses aller au judo à 11h30 t'en fais pas.
- Mmmh.
- Quoi?
- Pas sûr que j'aille à l'entraînement, je suis un peu lassé en ce moment du coup si tu veux rester plus t'inquiètes pas.
- Euh tu es vraiment sur ?
- Oui oui, file maintenant, tu vas être à la bourre.
- Bonne journée Nath' !
- À toi aussi Lola.

J'arrive à l'heure pour Lisa, en retard pour moi, comme d'habitude.
J'ai fini à midi, je passe faire la bise à ceux qui ont cours l'aprèm, et je rentre avec Vicky.

- Lola ?
- Jusqu'à preuve du contraire c'est moi.
- Tu crois que Emma et Thomas irait bien ensemble ?
- J'en sais rien pourquoi ?
- Bah moi j'aime bien Thomas, puis on s'entend bien, mais apparemment il parle de dingue avec Emma.
- Ah oui, tu veux pécho le pote de ton ex toi ?
- Je sais pas, t'en pense quoi toi ?
- J'aime les filles Vick' j'en sais rien, il est sympa.
- Tu m'aides pas là.
- J'suis pas d'humeur d'accord.

J'ai haussé un peu le ton, ça m'a trahi.

- Ton père est là ce week-end c'est ça ?
- Déjà ce soir...

Elle m'a prise dans ses bras. J'suis bien là. Alors je pleure. Je me lâche.
Au bout de quelques minutes elle me dit :

- Lola, faut que tu y ailles, ta maman va arrivée avant toi.

Je file. J'arrive la première. Maman ne tarde pas. À peine rentrée dans la cuisine que son téléphone vibre. Elle le regarde, me regarde et ajoute

- Il arrive dans 3 minutes. Tu restes calme cette fois s'il te plait.
- Mmh.

J'acquiese, sans grande conviction.
Je bois mon verre de jus en l'attendant. Je vois le stress de maman monter, la porte de garage s'ouvre, puis celle de la cuisine, il entre.

- Bonjour tout le monde.
- Bonjour Papa.
- Bonjour Luc.

Il regarde autour de lui puis dit en me regardant :

- Elle est où ?
- Lisa ?
- Ouais.
- Nathan est partie la chercher pourquoi ?
- Je veux pas la voir. Et puis lui non plus. De toute façon je mange pas ici ce soir.

Je vois maman baisser les yeux.

- Et demain soir tu manges ici Papa ?
- Non.
- Ça tombe bien j'ai une soirée.
- Tu t'es crus ou jeune fille ?
- Maman est d'accord.

Il fronce les sourcils et monte le ton.

- Je m'en fous tu n'y va pas c'est tout.
- Mais maman a dit oui.
- Je m'en fous.

Il crie. Je crie.

- Moi aussi je m'en fous, c'est trop tard de toute façon, tout est prévu je pars à 18h et je reviens à 11h samedi.
- Hors de question tu ne sortiras pas d'ici.

Maman a les larmes aux yeux, je la regarde en la suppliant d'agir, de parler, de bouger.

- Luc écoute, c'est de son âge, elle a le droit quand même là.
- Sa moyenne n'est pas assez bonne.
- T'en sais rien tu t'en fous tu n'as jamais vu un bulletin cette année.
- Et alors je le sais Lola. Tu es une incapable.

Et c'est à ce moment que Nathan rentre avec Lisa dans les bras.

- Bonjour tout le mon... Bonjour papa.

Son ton est devenu glacial.

- Bonjour Nathan. Dégage de ma vue. Surtout avec elle.

L'ambiance est devenue lourde. Nathan me regarde, je lui souris, et on monte dans leurs chambres. Une fois arrivé, il s'effondre. Je ne l'ai jamais vu pleurer pour autre chose que notre père.

- Allez Nath' ça va aller, il reste que jusqu'à lundi et il est là ni ce soir ni demain soir.
- Je sais Lola, mais c'est trop pour moi, c'est trop dur d'entendre ça, de savoir ce qu'il pense comme ça, même pour elle. Il faut qu'il arrête de revenir comme ça comme une fleur après avec été baiser à droite à gauche des putes pendant deux semaines.
- NATHAN, ton vocabulaire, il y a Lisa quand même.
- Oui pardon, mais voilà quoi.
- Je sais, je sais bien. Va falloir que maman demande le divorce, mais c'est pas si simple.

Un blanc s'en suit. On réfléchit tout les deux. À nos vies, notre familles nos rêves. La vie est parfois une pute. C'était le cas ici. Le silence disparut pour laisser place aux traditionnelles enguelades entre papa et maman. Il criait. Elle criait. Il criait plus fort. Elle criait plus fort. Il l'a giflait. Elle se taisait. Comme d'habitude.

Une fois papa sous la douche, on descendit à trois préparer le repas. Je préparais l'omelette pendant que maman coupait les carottes. On parlait de tout de rien. Maman était le plus beaux des paradoxes qu'on n'ait jamais connu. Elle était insupportable quand on n'était que quatre, mais très détendue quand on était cinq et que papa était dans une autre pièce. On n'a jamais vraiment compris.

Quoi qu'il en soit, en sortant de sa douche, il nous rejoint. En entrant dans la cuisine il nous dévisagea. Que diable pouvait il penser ?

- J'y vais. A demain.

Il claqua la porte. On se remit à cuisiner.