lire avec la musique, c'est toujours un plus.
Aujourd'hui était l'un de ces jours maudits. Maudits par le cadeau de dame nature poignardant mon bas ventre. Maudits par le mauvais temps qui normalement devrait nous faire éloge dans cette jolie saison qu'est le printemps. Maudits par ces partiels me faisant stresser des pieds jusqu'à la tête. Maudits par le métro de la ligne 13 remplit à foison sans l'ombre d'oxygène. Je priais intérieurement que l'orage s'abattant sur Paris vienne me foudroyer dès l'instant qu'une de mes baskets n'atteigne la sortie de la gare. Cette prière fut vite annulée en pensant à qui pourrait bien donc s'occuper de mon chat, Émeraude, laissé à l'appartement. Je soupire et sors du métro accompagnée, comme toujours, de mes écouteurs où de la musique indie y retentit. La pluie faisait rage, l'odeur de l'humidité se glissait sous mon nez et ma crinière de cheveux afro se collaient peu à peu sur mon front me donnant sûrement une allure infâme.
Remarque ça ne doit pas changer de d'habitude, s'exclaffe ma déesse interne d'un rire gras.
– Oh, non !
Je pique un sprint en voyant le bus passer à mes côtés, manquant à maintes reprises de glisser sur le trottoir mouillé. Mon cœur battait à vive allure que j'eu l'impression que mon organe vital pouvait sortir de ma poitrine et attraper le bus à ma place. Mais bien sûr, je vous l'ai dit. Aujourd'hui était un jour maudit. Le bus, je l'ai raté. Il m'était donc indispensable de faire ces quinze minutes de marche sous la pluie pour pouvoir rentrer. L'amertume se logea dans ma gorge créant une boule de haine qui n'était pas prête de partir de sitôt.
[...]
C'est avec le visage serré et la gorge nouée que j'atteins l'entrée de mon bâtiment complètement trempée et frigorifiée. Ma tenue m'aidant en moins à me réchauffer. En même temps, cette intempérie n'était en aucun cas prévue par la miss météo.
/!\ Note à moi-même: ne plus jamais croire ce qu'on y dit à la télé.
J'entrepris de pianoter le code mais mes mains furent trop anesthésiées par la pluie froide qui, par ailleurs, continuait de s'abattre.
– C'est pas vrai, pestais je.
J'essuie mes mains frénétiquement sur mon jean et les réchauffent en les frottant entre elles. Seulement au moment où mon index allait entrer en contact avec les touches de métal, une présence à mes côtés me fit sursauter.
– Oh, excuse-moi je voulais pas te faire peur.
Je porte ma main jusqu'à ma poitrine en soufflant fortement rassurée que ce ne soit que lui même si mon cœur continuait de tambouriner.
– Je voulais pas te faire peur, répète t-il en riant doucement.
Je secoue la tête en souriant.
– C'est rien, tu m'as juste prise au dépourvue.
Ses lèvres s'étirent en un sourire carré que je manque de fondre face à cela. Mon regard se perdit sur ses cheveux chatain cascadant sur son front entouré d'un bandeau noir nike. Il était légèrement habillé d'un short de sport ainsi qu'un t-shirt qui moulait parfaitement son torse mouillé par la pluie, tous comme moi il devait sûrement avoir cru la météo. Je fus trop éprise de ma contemplation que je ne remarque pas son bras passer au dessus de mon épaule et son torse se rapprocher doucement de moi, m'électrisant de milles et une façon.
– Je pense que j'ai les mains moins froides que les tiennes, dit il d'une manière qui se voulait pleine d'assurance mais qui ne semblait pas l'être.
Était-il timide ?
À ces douces paroles, la lourde porte en fer du bâtiment s'ouvrit et le châtain se recula pour ainsi me la tenir afin que je puisse entrer à l'intérieur en première.
– Merci, dis je d'une manière si peu audible.
Mon cerveau étant entrain de planter, il m'était donc impossible de réfléchir calmement. Comment en une fraction de seconde, avait-il réussi à changer ma lassitude par de l'excitation? Et, même si la timidité engouffrait mon âme certainement autant que la sienne, l'envie de rester à ses côtés et essayer de le connaître davantage pendant ce court trajet en ascenseur me fit grandement sourire.