Anxieuse (EN PAUSE)

Chapitre 14

Je franchis rapidement le pas de la porte mais quelqu'un saisit mon bras. Noah. Il me tire dans un recoin du couloir légèrement à l'abri des regards.

« J'en étais sûr ! »

« Sur de quoi ? »

« Tu me paraissais bien plus intéressante que la majorité de toutes les filles de l'université. »

« Et parce que je suis surdouée je suis plus intéressante ? »

« Oui, tu as de la conversation, tu es intelligente, on peut débattre  avec toi, tu as tes idées propres à toi et tu les défends à fond. »

On ne me l'avais jamais tourné sous cet angle là. C'est vrai que j'adore débattre. Partager mon avis avec d'autres personnes qui ne pensent pas forcément comme moi, je trouve ça cool, je suis ouverte d'esprit. Pour moi chacun pense comme il veut, et je trouve ça intéressant de s'intéresser au point de vue des personnes qui nous entoure. Ça m'aide à en apprendre plus sur mes proches, ayant des difficultés à être sociable.

J'hausse les épaules.

« Si tu le dit »

« Ton témoignage était poignant »

« J'ai pourtant simplement parlé de la partie la plus douce »

Il me regarde étonné .

« Sérieusement ? Quelle est la pire des parties ? »

« Crois moi, tu ne veux pas vraiment le savoir. »

« Si je veux vraiment le savoir, est ce que j'y suis préparé ? Ça je ne sais pas. »

« C'est pour ça qu'on n'en parlera pas tout de suite et encore moins ici. »

Il oubliera sûrement. Du moins je ferais en sorte qu'il oublie.

Ma journée se finit sans plus d'encombres, si on oublie le fait que maintenant la quasi totalité des étudiants me dévisage lorsque je passe devant eux. Et ça, ca me fais chier. Mais je prends sur moi. De toute façon que pourrais je leur dire ? C'est interdit de me regarder ? Je ne suis pas sure que cette technique fonctionne très bien. Je salue Kylie et m'en vais vers mon immeuble. Nous n'avons pas entraînement le jeudi.

Je marche tranquillement, mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, ma playlist rap français a fond. Cet amour pour le rap me vient de mon frère. Il adore ça. Il a même décider de se lancer la dedans à ses 16 ans. Il commence à devenir assez connu en France. Je suis contente pour lui, je savais qu'il réussirais. La célébrité pourrait lui ouvrir pas mal de porte par rapport au métier qu'il veut faire. Il fait du rap mais étudie à Louis Lumière à Paris. Une école renommée d'images et de sons. Il souhaite devenir réalisateur. Je suis si fière de lui. A côté ce que je fais semble tellement dérisoire.

Après avoir parcouru seulement quelques mètres j'aperçois Noah. Celui ci est au téléphone et sa conversation semble animée. J'hésite a lui faire savoir que je suis là. Malheureusement ma curiosité légendaire prend le dessus. Je me rapproche afin de pouvoir entendre une bribe de ses paroles.

« Comment ça son corps n'est plus là ?! »

Ne me dites pas qu'il parle d'un cadavre. Je le savais légèrement mauvais garçon, mais de la à tuer quelqu'un pas vraiment.

« Vous n'aviez qu'une seule chose à faire ! Garder son corps en lieu sûr afin d'établir vous même une autopsie non faussée ! Comment allons nous prouver qu'il s'agit d'un meurtre désormais ?! »

Il parle de sa mère. D'un côté mon cœur se brise pour lui et de l'autre je suis rassurée. Noah n'est pas un meurtrier. Il semble réellement tourmenté par cette histoire. Ce qui est tout à fait normal. Il essaie constamment de cacher sa douleur, et il y arrive plutôt bien, mais je ne veux pas qu'il soit le seul à essayer de me réconforter, moi aussi je veux l'aider. Je vais l'aider à résoudre cette énigme. Meurtre ou suscide ? Je pense comme Noah, le meurtre est la solution qui me semble la plus plausible.