XII

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« Pourquoi je n'arrive toujours pas à te laisser partir ? »
- V, 'Dead Leaves'

J'ouvris les yeux en sursautant brusquement. Jimin. Il m'avait parlé ? Je me frottai les yeux. Personne. Absolument personne n'était présent dans ma chambre. Je regardai mon réveil. Il était seulement six heures. Je n'avais pas beaucoup dormi, mais je savais aussi, pertinemment, que je n'allais pas retrouver le sommeil. Je me retournai pour sortir de mon lit, en manquant de faire tomber mon téléphone. Et les écouteurs avec. C'est bon, tout s'explique. J'avais cru entendre la voix de Jimin parce que je l'avais entendu chanté Serendipity dans ma playlist. J'étais le genre de personne qui, si je ne trouvais pas le sommeil, écoutais de la musique. Toute la nuit. Depuis que Jimin et moi avions rompu, j'avais supprimé toutes les musiques de son groupe. Avec beaucoup de regrets. Mais comment étais-je censée l'oublier en entendant sa putain de belle voix tout le temps ? Mais je n'avais pas enlevé Serendipity. Je n'avais pas pu. Cette chanson était juste... c'était une émotion, pas une chanson. Elle était magnifique. Même si, maintenant, vu les circonstances dans laquelle était notre relation maintenant , j'avais surtout envie de pleurer en l'écoutant.

Je sortis de ma chambre, lentement. J'avais des périodes, comme ça, où je devenais nostalgique. À fleur de peau. Je pleurais pour un oui pour un non. C'était sans doute les signes d'une prochaine période de menstruations. Pas très sexy, hein. Jimin était déjà dans le salon, en train de regarder la télé. Je savais qu'il était lève-tôt (moi aussi, d'ailleurs), mais j'étais toujours la première à me lever d'habitude. Je pris un yaourt nature dans le frigo en guise de petit déjeuner et m'installa sans rien dire à ses côtés. C'est vrai, des fois j'avais envie de me goinfrer de brioche, au lieu de manger qu'un pauvre yaourt. Mais, je n'avais pas le choix. C'était comme ça, et j'essayais tant bien que mal à ne pas trop y penser, au risque de craquer. Jimin regardait des dessins-animés. Enfin, à six heures du mat', il n'y avait que ça. Je commençais à manger mon yaourt, en silence. Mon téléphone se mit à vibrer plusieurs fois consécutives. Rae m'appelait. Je me levais précipitamment pour répondre, mais mon produit laitier se répandit partout sur la housse du canapé.

« - Merde ! m'écrivais-je.
- C'est pas grave. Je vais nettoyer, répond à ton... amie. »

Je regardais Jimin avec des yeux ronds. Avais-je mal entendu ? Il me proposait son aide ? Il y aurai quelques jours de cela... il m'aurait clairement envoyé chier. Mais bon, pourquoi refuser ?

« Ouais, merci, dis-je sèchement en m'éloignant. »

Je suis une connasse ? Sûrement. Mais j'avais déjà franchi le cap du "je ne me préoccupe plus de mon ex qui est devant les médias mon copain", et je n'avais pas re-envie de re-tomber dans la phase "je deviens nostalgique à chaque fois qu'il me regarde ou m'adresse la parole". Oups, l'appel s'était enlevé, je n'avais pas décroché à temps. Mais, Rae me rappela aussitôt.

« - Rae ? dis-je.
- Non, c'est pas Rae, c'est ton cheval.
- Ah, j'aime pas les chevaux désolée, terminais-je en lui raccrochant au nez. »

Je le répète et l'affirme. Je suis une connasse. Rae me rappela dans la minute qui suivie.

« - Jae-Hwa ! T'es vraiment une imbécile !
- Désolée... C'était plus fort que moi, dis-je en ricanant.
- Bref, je ne t'appelais pas pour débattre sur ça. Ça te dirais de faire du shopping avec moi à Myeongdong aujourd'hui ?
- T'es sérieuse ? Tu m'appelles à six heures pour me demander ça ? soufflais-je.
- Aller... s'il-te-plaît ! J'suis sûre qu'au fond de toi... T'es contentes que j'te propose ça. Ça va te changer les idées.
- Rae... je crois que j'ai un shooting tout l'aprem. Attend, ne bouge pas, je vérifie.
- Je ne bouge pas, je ne bouge pas. Tu veux que j'aille où ? »

楤 dead leaves ⁺ ᵖʲᵐOù les histoires vivent. Découvrez maintenant