𝐿'𝐼𝑀𝑃𝑂𝑆𝑇𝑈𝑅𝐸 [𝐵𝑂𝑌 𝑋𝐵𝑂𝑌]

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Le café SMÛT était bondé de monde avant l'après-midi. Luka Morgan avait passé sa journée à se glisser avec embarras de droite à gauche pour prendre et servir les commandes des clients. Munis de son fidèle bloc note, et de son stylo coincé à l'oreille, il s'afférait à travailler minutieusement, sous le regard aiguisé du gérant qui s'était montré sans pitié pour son retard.

Le jeune homme balaya sa frange d'un revers de la main, se ventilant par la suite de ses doigts sans succès. Habitude devenue presque mécanique depuis qu'une canicule atroce s'était déclenchée en début de ce mois de juin. Cela n'avait rien d'anormal en Alabama. À moins d'habiter sur la baie ou au bord d'un fleuve. Son travail au café SMÛT n'en était que plus pénible. Mais avec un égoïste pour patron les revendications du personnel passait à une sourde oreille.

Le blondinet observa par la vitre, sa journée arrivait à son terme, et il était presque heureux de l'avoir passé ici. Après ce qu'il avait vu ce matin, il avait frôlé de peu la catastrophe, et son agitation s'était difficilement calmée. Pourtant une espèce de mauvais pressentiment le remplissait d'hésitation pour rentrer chez lui.

Il valait mieux rester dans un endroit bondé de monde au cas où, se dit-il, grattant la cicatrice près de sa côte. Dès sa sortie du café, il irait directement à la police s'il se sentait suivi. Luka restait très inquiet, et à chaque fois que la cloche de la porte retentissait, son cœur faisait un bond.

La journée avait été longue et maintenant, le SMÛT était moins bondé. Certains employés commençaient à rentrer, lui aussi n'allait pas tarder à partir, mais hésitait encore à sortir dans la rue. Pourtant alors qu'il nettoyait le comptoir sur cette réflexion, son attention fut captivée par le nouveau client qui pénétrait dans l'édifice. La petite cloche retentit dans un silence glacial.

Luka l'observa, il avait l'air étranger, peau mate cheveux ébène. Son standing, différent de celui des clients habituels, plongea le cerveau de Luka dans la tourmente. Tout de suite il fut intrigué par sa posture, son accoutrement, et ses traits particuliers d'où sa curiosité non dissimulée, il n'était visiblement pas du coin. Mais c'est lorsque celui-ci prit place dans le café après hésitation, que les sonnettes d'alarme se mirent en marche dans son crâne. Il comprit enfin qu'il s'agissait d'un des fous furieux qu'il avait aperçu de la ruelle plus tôt ce matin.

Le client déboutonna avec élégance sa veste noire, une expression Cruelle vissé au visage. Son cœur rata un battement réalisant que peut-être, il était là pour le cueillir. Luka chassa cette idée saugrenue de son cerveau, il ne l'avait même pas vu, il devenait complètement paranoïaque. Il essaya de s'extirper discrètement en cuisine pour s'y réfugier au plus vite. Mais ses mirettes croisèrent le regard du client qui émit un sourire qui dissimulait très peu sa noirceur. Sentant le sol se dérober sous ses pieds, il déglutit péniblement en sortant à reculons de la pièce.

Dans les toilettes du personnel, le jeunot tourna en rond essayant de reprendre son calme. Certainement, qu'il était là pour le tuer dans d'atroces souffrances. Luka se gifla le front avant de geindre de douleur. C'était peu probable, il ne le connaissait même pas. Il devait rester calme et n'éveiller aucun soupçon. Le jeunot soupira lourdement, il ne devait pas paniquer et fuir à la première occasion.

Observant le reflet de son front rougis, il planifia de s'évader par la sortie de secours. Quelqu'un d'autre allait servir ce type. Déterminé par cette idée, Morgan quitta la pièce la poitrine gonflée de courage. Mais une fois au couloir, il fut accosté par son patron, celui-ci le lorgna avec dédain.