Chaque coup se faisait plus violent que le précédent. L'étoffe rouge qu'il portait se trouva rapidement au pied du lit, sa peau blanche mutilée et lacérée se trouva exposée à la vue du Comte. Il avait mal, il avait peur, mais se mordait l'intérieur des joues pour ne pas hurler. Il s'efforçait de garder ce sourire obscène qui plaisait tant à Trancy. Ses gémissements se faisaient plus érotiques, il voulait de le faire venir plus vite, ainsi la souffrance s'arrêtera, au moins pour ce soir. Le Comte Trancy était un homme terrifiant, cruel et vicieux. Être parmi ses favoris devenait un réel supplice. Il ne trouvait son plaisir seulement lorsqu'il voyait dans le regard des jeunes garçons la souffrance et l'impuissance, alors que ses mains impitoyables s'abattaient sur eux. Il ressentait tant de bien-être en leur faisant subir sa violence, jusqu'à ce qu'ils le supplient d'être plus indulgent. À ce moment, le désir le consumait avec ferveur, il ne répondait plus de lui-même et se délectait de leur corps en s'emparant de leur innocence.
Mais Jim Macken était bien différent.
Celui-là même qui méritait le titre du plus impur de ses nombreux jeunes esclaves, selon le Comte qui s'était vite rendu compte de son erreur. Il ne semblait pas subir la douleur, il s'en délectait. Ce n'était peut-être qu'une façade, après tout, mais voir son doux visage se tordre d'un plaisir malsain lorsqu'il devait supporter le courroux de son maître était tellement troublant pour le vieil homme. Le blond lui faisait perdre pied à chaque fois, une sensation si délicieuse qu'il ne se gênait pas pour assouvir ses pulsions avec moins de retenu. Il semblait que ce jeune garçon avait les mêmes lubies que son esprit malade . Il lui asséna un coup encore plus brutal que les autres sur ses reins. Jim se cambra sous la douleur et lâcha un gémissement aigu qui se termina en un langoureux soupir. Si lubrique. Si tentant. Sans douceur, il retourna Jim de façon à ce qu'il puisse se plonger dans le bleu tempête de ses yeux. Ses yeux répugnants, reflet du vice et de l'impureté, étaient devenu la source première de son désir. Jim lui offrit un sourire lascif, porta deux des doigts de Trancy à ses lèvres pleines et sortit sa langue pour les lécher avidement, faisant frémir le vieux Comte qui finit par lui saisir brusquement les hanches...
??? : NON !
Aloïs Trancy se redressa brusquement dans son lit, en sueur, la vision trouble, tous ses sens en alerte. Son instinct lui hurla de fuir, quitter immédiatement ce lit, cette chambre, cet homme et tout ce qu'il lui faisait subir depuis trop longtemps déjà. Pris de panique, il tomba du lit et se mit à ramper au sol, incapable de se tenir debout tant il tremblait. Son souffle se faisait rare, ses yeux s'inondaient de larmes et son corps agité de spasmes incontrôlables l'empêchait de s'échapper, il se sentait pris au piège. Il se mit à hurler à s'en déchirer les cordes vocales. Peut-être qu'une bonne âme l'entendra et l'aidera à s'échapper de cet Enfer...
??? : Monsieur ! Monsieur, que se passe-t-il ? Oh, laissez moi vous aider...
Aloïs se reconnecta soudainement à la réalité, cligna plusieurs fois des yeux avant de retrouver la vue et de se rendre compte que le vieux Trancy n'était plus de ce monde. Il sentit des mains sur lui qui le relevait avec douceur, si loin de la douleur que lui ramenait une fois de plus ce si terrible cauchemar. Il aurait presque pu s'y abandonner si la personne à qui appartenait ses mains ne lui inspirait pas tant de dégoût. Il se dégagea vivement et sécha ses larmes d'un revers de manche. Les traits de son visage se durcirent à la seconde ou il reconnu la servante qu'il haïssait tant.
Aloïs : Hannah... Sale putain... Comment oses-tu me toucher avec tes mains souillées ?!
Hannah : Monsieur, je...
Une gifle violente la fit tomber à terre dans un gémissement qu'Aloïs qualifia de pathétique. Hannah leva imperceptiblement les yeux vers son maître. Elle le trouva terrifiant. Il ne pleurait plus mais pourtant ne cessait de sangloter et il semblait difficile pour lui de respirer.
Hannah : Monsieur, il faut que quelqu'un vous soigne...
Aloïs : Le seul qui ait le droit de me toucher ici est Claude ! Quitte tout de suite ma chambre ou je te retire ton œil encore valide ! Claude ! Viens vite, c'est un ordre !
Claude Faustus, à la demande de son jeune maître, pénétra dans ses appartements. Il analysa rapidement la situation et compris ce qu'il fallait faire. Il réajusta ses lunettes et, sans aucune délicatesse, saisit Hannah par les cheveux, la faisant geindre de douleur, avant de la mettre à la porte. Il se tourna ensuite vers Aloïs qui semblait être plongé dans une sorte de transe, il ne tremblait plus et respirait à peine. Claude s'avança vers lui et se mit à sa hauteur en posant un genou à terre. Il pris Aloïs par les épaules et le força à le regarder. Aloïs le regarda et cligna des yeux une fois. Deux fois. À la troisième fois, de nouvelles larmes vinrent troubler le bleu tempête de ses yeux. Aloïs enfouit son visage dans le cou de Claude pour pleurer. Il sanglotait tellement que tout son être en tremblait. Claude attendit patiemment qu'il se calme avant de se relever mais à peine fut-il retourné qu'il sentit quelque chose s'accrocher à sa jambe gauche. Il tourna les yeux vers elle et vit qu'Aloïs s'y était accroché comme si sa vie en dépendait. Malgré son visage déformé par les larmes, il avait retrouvé son sourire insolent.
Aloïs : Claude, tu dois rester avec moi cette nuit !
Claude : Pourquoi donc, monsieur ?
Aloïs : Parce que je te le demande, imbécile !
Aloïs tira la langue d'un air boudeur, révélant innocemment la marque brillante du pacte qui scellait son destin à celui de Claude. Le majordome se contenta d'hocher la tête et sentit sa main le brûler. Il retira ses gants blancs : la marque jumelle à celle d'Aloïs s'était mise à briller également.
Aloïs : Tu dois veiller à mon bien-être non ? Alors fais-le ! Empêche quiconque de me blesser.
Claude : Mais qui pourrait donc bien vous blesser, monsieur ?
Claude connaissait parfaitement la réponse que son jeune maître taisait depuis maintenant plusieurs nuits. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce cauchemar. Il savait tout aussi parfaitement que, dans le cas d'Aloïs Trancy, plus l'âme est torturée, plus elle en devient savoureuse. Et il mourrait de faim depuis un certain temps maintenant. C'est pourquoi il prenait un malin plaisir à lui faire revenir en mémoire les sans nul doute pires moments de sa brève existence. Avoir récupéré les titres de noblesse ainsi que les terres du Comte Trancy ne pourra jamais lui faire oublier la maltraitance physique ou les abus sexuels qu'il a subit pendant cette période, et ça Claude l'avait parfaitement compris.
Aloïs : Portes moi jusqu'à mon lit, Claude. Et veille sur moi.
Claude pris donc le jeune blond dans ses bras. Aloïs posa sa joue contre le torse de son majordome, passa ses bras autour de son cou et s'assoupit une seconde plus tard. Claude soupira et le déposa le plus délicatement possible dans les draps encore chauds du Comte. Il le borda et se releva pour l'observer en train de dormir. Aloïs avait maintenant attrapé sa main sans gant aux ongles noirs, symbole de sa diablerie. Le jeune Comte ne semblait jamais apaisé, même happé par le sommeil, il restait toujours angoissé. La cruauté dont il faisait régulièrement preuve et la lubricité dans son regard faisaient partie du masque qu'il s'était façonné au cours de ses longues années de torture. Il maintenait ainsi auprès des autres l'illusion d'être quelqu'un de dominant, de conquérant, qui n'a de pitié pour personne. Mais Claude connaissait son histoire. Il n'était pas stupide, il savait que le jeune homme agissait ainsi pour se protéger. Il le laissait faire. Cela rendrait sûrement son âme plus délectable qu'elle ne l'est déjà, se disait-il. Une âme torturée restait l'un des mets les plus délicieux qui puissent exister pour le palet raffiné d'un démon tel que lui.
Aloïs : Ne me quitte pas, Claude... Ne le laisse pas me blesser de nouveau... Protège-moi comme tu l'as toujours fais. Ne me laisse pas tomber, ne me laisse pas...
Aloïs s'abandonna à la fatigue l'instant d'après. Claude eu un sourire mauvais. Il borda le lit de son jeune maître et s'attarda une seconde sur son visage. Il dégagea quelques unes des mèches blondes qui s'attardaient sur le front pâle du Comte avant de caresser délicatement sa joue. Il attendait depuis bien trop longtemps de pouvoir dévorer son âme pour l'abandonner maintenant.
Claude : Yes, Your Highness.
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C'est toi, My Highness
FanfictionAloïs est détestable. Il est capricieux, orgueilleux et cruel. Mais sa vie est surtout brisée. Il n'espérait plus rien jusqu'à trouver une lueur d'espoir auprès de Claude, son majordome noir. Mais comment se reconstruire lorsque le coeur ne parvient...