La Prophétie d'Arvel - II [BxB]

Partie 2 - Chapitre 1

- J'ai rompu avec Oren.

Arvel releva la tête. Il vit son frère, la tête baissée sur son téléphone. Il se leva de son lit – où il était allongé – et rejoignit Aksel. Arvel lui prit son portable.

- Hé ! s'écria Aksel, indigné.

Arvel balaya rapidement la conversation du regard. Il vit la rupture par SMS peu courtoise de la part d'Aksel. Oren lui avait laissé bon nombre d'autres messages auxquels Aksel n'avait pas répondus.

- Je trouve Oren idiot, mais toi tu exploses les scores. Pourquoi tu l'as quitté ?!

Aksel récupéra son téléphone en soufflant. Il fit tourner la chaise sur laquelle il était assis. Arvel ne le quittait pas du regard.

Cela faisait une semaine qu'ils s'étaient retrouvés. Arvel l'avait emmené chez lui et ils avaient longuement parlé. La conversation avait été assez houleuse, mais Arvel avait su trouver les bons mots pour rassurer son frère. Ils n'étaient pas des monstres, ils étaient simplement... moins ordinaires que la normale. Arvel l'aiderait à prendre pleinement conscience de ses dons et à les maîtriser. Ils se voyaient régulièrement pour passer du temps ensemble fin de récupérer celui qu'ils avaient perdu.

Arvel avait également expliqué à Aksel que depuis qu'ils s'étaient trouvés, il avait ressenti cette incroyable sensation au fond de lui. Comme s'il était enfin complet après tant d'années. Aksel lui avait avoué avoir éprouvé la même chose. Ensemble, ils arrivaient à se confier l'un à l'autre avec un naturel incroyable. Leurs cœurs débordaient déjà d'amour pour leur frère.

- Parce que nous ne sommes pas compatibles, soupira encore Aksel.

- Pas compatibles ? Tu te fiches de moi ? Ce n'est pas parce qu'Oren est un être humain normal et toi non que vous deviez rompre !

Arvel était excédé du comportement de son frère. Il pouvait comprendre qu'il était perdu avec tout ce qui s'était passé récemment, mais ce n'était pas une raison pour faire n'importe quoi. Lui avait appris à vivre avec ses pouvoirs depuis son enfance. Arvel s'était entièrement renseigné sur toutes les personnes possédants des dons hors du commun. Il avait trouvé quelques arbres généalogiques, mais rien de très fluctuant.

- Si, c'en est une.

Arvel donna un coup dans l'épaule d'Aksel, le faisant tourner sur la chaise.

- Tu m'énerves.

Il tourna les talons pour retourner sur son lit. Son propre téléphone vibra et il décrocha. C'était Thomas. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Son regard croisa celui d'Aksel qui haussa les sourcils en voyant son air changer.

- Salut, Arvy ! s'exclama joyeusement Thomas à l'autre bout du fil.

- Hey Tommy, comment vas-tu ?

Les deux garçons discutèrent un long moment. Arvel en oublia même la présence d'Aksel. Ce ne fut qu'après plusieurs dizaines de minutes, quand il le rejoignit sur le lit, qu'Arvel se décida à raccrocher. Avoir parlé avec Thomas lui avait fait plaisir. Plus le temps passait et plus il se rendait compte qu'il l'appréciait vraiment. Il le connaissait depuis longtemps, mais il avait toujours considéré les amis comme futiles. Thomas et Niamh étaient les deux seules personnes qu'il appréciait, même s'il ne les avait jamais considérés comme tels.

Arvel posa son portable sur sa table de chevet avant de passer un bras autour des épaules d'Aksel. Il déposa un baiser sur le sommet de son crâne.

- C'est quand même une sacrée coïncidence que nous nous soyons retrouvés... dit Aksel.

Arvel acquiesça. C'était au moins la cinquantième fois qu'ils avaient cette discussion. Originaires de la Norvège et séparés en France et en Angleterre, ils avaient eu très peu de probabilité de se revoir. Arvel se plaisait à penser qu'il s'agissait du destin. Il y avait toujours cru.

- C'était ton petit ami ? reprit alors Aksel.

Arvel baissa les yeux vers lui, surpris par cette question. Il ne s'y était pas attendu. Pour lui, Thomas était juste un ami avec les avantages du sexe. Rien d'autre.

- Pas vraiment.

Aksel roula sur le ventre pour observer le visage d'Arvel, le regard pétillant.

- Vous couchez ensemble ?

Arvel manqua de s'étouffer avec sa salive.

- Quoi ?

Aksel roula des yeux.

- Détend-toi, Arvy. Nous avons la même après tout.

Ils pouffèrent de rire tous les deux. Arvel lui parla finalement de Thomas. Il lui raconta comment ils s'étaient rencontrés jusqu'à ce qu'il soit obligé de quitter l'Angleterre. Aksel l'écouta attentivement, sans l'interrompre. A la fin du récit de son frère, il dit :

- Pourquoi tu ne l'invites pas ici ?

- Thomas est amoureux de moi, sauf que moi non. Je ne veux pas lui donner de faux-espoirs.

- Tu lui en donnes déjà en couchant avec lui, rétorqua Aksel.

Arvel soupira. Ce n'était pas la première fois qu'il était perdu face à Thomas. Il savait qu'ils avaient franchi une ligne de non retour le soir où ils l'avaient fait, plus jeunes.

Arvel secoua la tête et laissa Aksel se blottir un peu plus contre lui. Ils fermèrent leurs yeux en pensant tous les deux à celui, au fond d'eux, qu'ils aimaient.