Ben était parti un mois plus tard, ironie, dans un village dont j'étais originaire, perdu au milieu de l'Angleterre. J'avais passé l'été à tenir le comptoir dans le café de mes parents, à réviser le soir tel qu'ils me l'avaient demandé. Et je ne m'en plaignais pas, à la plus grande surprise des membres de ma famille. J'étais amorphe, paralysé d'une sourde douleur interne. Ma sœur me retrouva un soir en pleurs dans l'arrière-boutique. Mal à l'aise tous les deux, elle m'attira d'un geste maladroit dans ses bras. Je refusais toutes questions en essuyant mes yeux.
La rentrée arriva et nouvelle surprise pour mes parents de constater que mes notes ne furent jamais si bonnes et constantes. Mais je passais mes soirées à pleurer et réviser inlassablement pour ne pas penser à lui. Je n'arrivais pas à m'en défaire, quoi que je fasse. J'ignorais les filles, à la surprise de tout le monde. Je me recluais, me renfermais dans un mutisme salvateur aux questions, que l'on n'osait pas me poser.
Trois mois passèrent, sans un mot de ma part. Le premier soir des vacances de Noël, je me retrouvais à nouveau derrière le comptoir à servir des pressions quand dans un souffle glacé, Ben fit son entrée. Il rentrait pour les vacances chez ses parents.
Il m'avisa, tout sourire et s'élança vers le bar.
« Une bière, garçon ! »
Je relevais la tête, lui offrit un sourire fatigué et peut-être pas vraiment ce qu'il attendait.
« Wow, ça va mec ?! Fait gaffe, vu ta gueule, t'es en train de mourir !
- T'inquiètes, c'est juste... La fatigue. »
Il s'assit sur l'un des tabourets, accoudé sur le zinc.
« Je fais mon anniversaire dans deux jours, tu seras là ?
- Bien sûr. »
Je lui servi une bière malgré le règlement, « sous le comptoir ». Il avala une gorgée, essuya la mousse. Un soir de vacances, le bar était doucement rempli, les conversations en bruit de fond. Mon père était en cuisine, ma mère de repos, ma soeur de sortie. Ne restait que nous deux.
« Tomo je peux te poser une question ? »
J'acquiesçais en essuyant un verre.
« Il se passe quoi avec mon cousin ? »
Et je lâchais le verre dans l'évier, il rebondit sans se briser.
« Ton cousin ? »
Il cherchait mon regard que je ne lui offrit pas.
« Ouais, mon cousin, Caleb. Parce qu'entre lui qui touche actuellement le fond de la dépression, et toi près à plonger dans la rivière avec des pierres au fond des poches ; je veux juste savoir si je peux vous inviter tous les deux. En même temps. Sans avoir la mort de l'un de vous sur la conscience je veux dire.
- Ouais... Ouais, tu peux.
- Et je peux savoir ce qu'il se passe ? »
Je posais mon verre à côté de moi, repoussais mes cheveux.
« Rien.
- Tu me prends pour un con ?
- Non ! Non... Y a juste rien.
- Ok. Mais c'est plutôt une bonne chose ou une mauvaise chose qu'il ne se passe rien ? »
Je soupirais, le regardais enfin. Il ne semblait pas hostile, mais sérieux, et presque grave. Et ça c'était rare chez Ben.
« Je veux dire, tu voudrais qu'il se passe quelque chose ? »
Et cette question suffit à me faire craquer. Mes mains tremblaient, je les serrais sur mon tablier sale et froissé de la journée.
« J'en sais rien putain ! Je comprends plus rien à ce qui m'arrive depuis six mois, à part ton putain de cousin qui m'obsède ! Que depuis six mois je me branle sur ton putain de cousin dans la douche ! Que je ne comprends plus rien à rien. Est-ce que je voudrais qu'il se passe quelque chose ?! Mais oui merde ! Même qu'il me recale, mais juste qu'il ne m'est pas roulé la pelle de ma vie avant de s'enfuir ! »
La pression redescendit d'un coup, mon pouls à une allure folle, presque dangereuse. Ma tête tournait.
« Tomo, je suis...
- Ne dis surtout pas désolé. »
Il baissa les yeux sur sa chope, faisant rouler le liquide ambré telle une mer déchainée.
« Non, pas désolé. Etonné.
- Et moi dont.
- Depuis cet été ?
- Ouais. La soirée.
- Je m'en doutais un peu ; vu la fin de soirée entre vous. Vos escapades sur la terrasse. »
Je soufflais, me servant moi-même une bière avant de trinquer avec lui.
« Mais t'es gay ? »
J'avalais de travers en rigolant. Je m'accoudais un peu plus sur le comptoir.
« J'en sais merde de rien ! Depuis début juillet je ne pense qu'à lui, je tourne en rond.
- Lui aussi tu sais. Mais et toutes les filles ? Charlotte ?
- C'est.. Un peu compliqué ? Je pensais à autre chose surtout quand j'étais avec elle. »
Il rit en avalant une gorgée.
« Putain. Mon cousin et mon meilleur pote. »
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Suite dimanche avec le citron !! ;)
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Un cousin et un string OS [BoyxBoy]
Cerita PendekTomas rencontre le cousin incroyablement attirant de son meilleur ami. Quand tout ce qu'il pensait bien enfoui au fond de lui explose grâce à un simple baiser. Contenu adulte. Je suis responsable de ce que j'écris, non de ce que vous lisez. OS en...