Chapitre 4

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Lundi, à 14h nous nous dirigeâmes vers la piscine municipale. La plupart des filles de notre classe, regroupées en gros troupeau, gémissaient.

- Pourquoi on a commencé piscine au mois de décembre ! Chouinaient -elles.

Le professeur, épuisé par leurs lamentations, essaya courageusement de les remotiver. Le pauvre, c'était un spectacle navrant.

Arrivés devant les vestiaires, je partis aux toilettes. J'avais renoncé depuis longtemps à me changer avec les filles de ma classe dans les vestiaires. Les filles étaient milles fois pires que les garçons dans l'art de pourrir la vie des gens. Et c'était peu dire...

Pour la piscine, nous étions séparées des garçons. Étant dans un établissement privé, la directrice ne voulait pas de problème avec les parents. Et puis s'il y avait eu les garçons, de nombreuses filles auraient refusés de faire piscine. Elles avaient tellement peur du regard des autres.

J'aimais ce sport. De un, personne ne me dérangeait. On n'était pas obligée de se mettre par équipe. Et de deux, je raffolais comme une gamine de l'eau. Chaque brasse me détendait, comme si l'eau emportait tout mes soucis.

La fin du cours arriva et je récupérai mon sac. Je le mettais dorénavant toujours sur un banc, bien en vue par rapport au bassin. Je passai ensuite prendre une douche. J'étais une des seules à en prendre une. J'avais les cheveux très frisés et je préférais, après m'être baigné, me laver les cheveux. L'eau de la douche n'était pas particulièrement chaude mais sentir l'odeur de mon shampoing m'appaisa. C'était une de ces rares petites choses qui parvenaient à me montrer que finalement la vie n'était pas si nulle. L'odeur de mon shampoing, mon petit jardin, le chant des oiseaux le matin, le ciel bleu, mon chat réclamant des caresses, ...

J'éteignis l'eau et tendis la main pour attraper ma serviette posée sur ma porte de douche. Je tapotai plusieurs fois sur la porte, les yeux encore brouillés par l'eau.

Ma serviette avait disparu. Mes yeux s'ouvrirent en grand de frayeur et je me mis à quatre pattes pour essayer de voir si elle n'était pas tombée de l'autre côté.

Et ne vis ni ma serviette.... ni mon sac!

- Oh non me dîtes pas que vous avez osé faire ça, murmurai-je.

Je me relevai et repassai mon maillot de bain. Doucement je poussai la porte.Qui ne bougea pas.

Oh non, oh non, oh non.

Je m'excitai sur la poignée en l'agitant comme une folle. Mais rien n'y fit.

- Putain! Les filles c'est pas drôle! Ouvrez moi!

Silence.

- Ehhh! Vous avez bien rigolé, ok! Allez ouvrez moi la porte et rendez moi mes affaires !

...

- Les filles ? Dis je d'une voix blanche.

À part la douche qui gouttait, je n'entendis rien. Le silence devenait plus que pesant.

- Ok, aux grands mots, les grands remèdes.

Je me reculai contre le mur glacé. Et de toutes mes forces envoya un coup de pied dans la porte.
Et je recommançai encore.
Et encore.
Et encore.

Et encore.

Épuisée je ne m'avouai pas vaincue. Je me mis à réfléchir. Puis regardai le côté gauche de la porte. Peut-être que j'arriverais à la démonter. Mais la rouille qui recouvrait les jointures de la porte me rendit la tâche impossible.

Je la regardai sous tous les angles, essayant de passer au dessus, en dessous. L'analysai sous toutes ses coutures pour essayer peut-être de la frapper à un endroit sensible qui me rendrait ma liberté.

Je te ferai regretterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant