Juste au moment où je me disais que ma journée n'aurait pas pu être pire,je vis un mort devant mon casier. Kayla,lancée dans l'un de ses interminables bavardages,que j'appelle kayblabla, ne le meraquera même pas. Du moins, au début. À vrai dire, quand j'y repense, je crois que personne à part moi ne le vit avant qu'il se mette à parler:une preuve supplémentaire de ma dramatique incapacité à me fondre dans la masse. Non mais, Zoey, je te jure que Heath ne s'est pas tant soûlé que ça, après le.match! Tu es trop dure avec lui.
C'est ça, dis-je d'un air absent. Bien sûr. Je fus encore secouée par une quinte de toux. Je me sentais malade comme un chien. Je devais avoir attrapé ce que M.Wise, mon prof de biologie cinglé et c'est un euphémisme appelle le <virus de l adolescence >. Si je mourais, au moins je pourrais échapper au contrôle de géométrie, annoncé pour le lendemain. Il n'est pas interdit de rêver, non? Ho, Zoey, je te parle! Il n'a bu que quatre... bon, peux être six bières, et disons trois petits verres de gin. Tout ça parce que tes imbéciles de parents t avaient forcée à rentrer à la maison dès la fin du match. Nous échangeâmes un regard entendu en repensant à la dernier injustice que m'avaient infligé ma mère et mon< beauf-père>, le loser qu elle avait épousé trois longues années plus tôt. Puis après une pause d' une demi-seconde, Kay repartit de plus belle. C'était pour fêter l'évènement. Quand même, on a battu l'équipe de football américain du lycée d'Union! S'exclama-t-elle en me secouant par l'épaule et en raprochant son visage du mien. Hé ho! Ton copain... Mon ex-copain, rectifiai-je en m'efforçant de ne pas lui tousser à la figure. Arrête! Heath est notre attaquant, je te rappelle ! Il était obligé de fêter ça! Ça fait des millions d'années que le lycée de Broken Arrow n'a pas battu celui d'Union. Seize ans. J'ai beau être nulle en match, à côté de Kay, je passe pour une génie. Oui,oui. Ce qui compte c'est qu'il était heureux. Tu devrais le lâcher un peu. Ce qui compte c'est qu'il en à sa cinquième cuite de la semaine! Je suis désolé, mais je n'ai pas envie de sortir avec un mec qui voulait à la base devenir joueur de foot universitaire, et donc le principal but dans la vie, maintenant est de descendre un pack de six sans vomir. Sans parler du fait que toute cette bière ça va le faire grossir. Une nouvelle quinte me fit taire. La tête me tournait; j inspirai à fond pour calmer cette satanée toux. Kay ne s'en aperçu même pas.Berk!Heath, gros? Je n aimerais pas voir ça! Et, quand je l embrasse,j'ai l'impression d'être avec un vieux poivrot. Oui, enfint... il est quand meme super sexy... Je levai les yeux au ciel, sans tenter de dissimuler d'agacement que m'inspirait ce genre de remarque. Tu râles trop chaud tu es malade!Et tout cas, tu ne peux pas imaginer l'air de chien battu qu'il avait hier quand tu l'as ignoré au déjeuner. Il ne pouvait même pas...
C'est alors que je le vis. Le type mort. Bon, je compris vite qu'il n'était pas réellement mort. Il était... non mort. Ou non humain. Enfin, peu importe; les scientifiques emploient un terme,les gens normaux en préférence un autre, mais c'est du pareil au même. Bref, sa nature ne fessait aucun doute: il émanait de lui une puissance incroyable, maléfique. De plus, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir sa Marque, un croissant de tatoués qui encadraient ses yeux du même bleu. C'était un vampire. Encore plus effroyable, un Traqueur. Et il se tenait devant mon casier! Zoey, tu ne m'écoutes pas! Me reprocha Kay. Le vampire se mit alors à parler, et ses mots, dangereux et séduisants, comme du sang mêlé à du chocolat fondu, glissèrent jusqu'à moi: Zoey Montgomery! La nuit t'a choisie; ta mort sera ta renaissance. La nuit t'appelle à la Maison de la sa douce voix. Ton destin t'attend à la Maison de la Nuit! Puis il leva un long doigt blanc et le pointa sur moi. Alors que mon front ecplosait de douleur, Kayla poussa un hurlement.
Lorsque les points lumineux disparurent enfin de mon champ de vision,je vis le visage blême de mon amie à quelques centimètres du mien. Comme toujours, je dis la première stupidité qui me passait par la tête:Kay, tes yeux sortent de leurs orbites; on dirait un poison. Il t'a marquée. Oh, Zoey! Tu as une Marque sur le front! Elle pressa une main tremblante contre ses lévres blanches pour réprimer un sanglot. Je m assis et toussai, puis je me frottai le front entre les deux sourcils. J'avais l'impression qu'une guêpe m'y avait piquée. La douleur irradiat dans tout mon visage, etje luttais contre l'envie de vomir. Zoey!s écrira Kay, en larmes. Oh non! Ce type était un Traqueur un Traqueur de vampires! Kay, lui dis-je en clignant des yeux pour tenter de chasser la douleur. Arrête de pleurer, tu sais que je déteste ça. Je voulus lui donné une tape rassurante sur l'épaule, mais elle recula d'un bond. Je n arrivais pas à la croire:on aurait dit qu elle avait peur de moi! Elle dut s'apercevoir qu'elle m'avait blessée, car elle se lança aussitôt dans un kayblabla éperdu. Oh, Zoey! Qu'est-ce que tu vas faire? Tu ne peux pas partir là- bas, tu ne peux pass devenir l'une de ces... des ces horreurs. C'est impossible! Avec qui j irai voir les matchs de foot, maintenant? Pendant toute sa tirade,elle s'était tenue à distance. Je réprimai une terrible envie de fondre en larmes à mon tour. J'était vraiment doué pour cacher mes émotions. Il faut dire que j'avais eu trois ans. D'entraînement. T'inquiète, je vais m'en sortir. C'est sans doute... sans doute une erreur, mentis-je. Je ne parlais pas vraiment; je laissais les mots s'échapper de a bouche. Je me levrai en grimaçant de douleur. Je ressentis une pointe de soulagement en m'apercevant que Kay et moi étions seules dans les couloirs. Je faillis rire comme une hystérique. Si je n'avais pas flippé à cause de mon contrôle de géométrie, je ne serais pas retourné prendre le livre dans mon casier. Le Traqueur m'aurait alors trouvée devant le lycée au millieu des mille trois cent élèves, en train d'attendre ce que ce stupide clone de Barbie sui sert de soeur appelle les << grandes limousines jaune>>. J avais une voiture , mais ont avait l'habitude de traîner avec les élèves moins chanceux, ceux qui devaient prendre le bus, d'autant plus que c'était un excellent moyen de savoir qui draguait qui. Ah!En fait il y avait un autre élève dans le couloir, un ringard grand rt maigre aux dents pourries, sur lesquelles j'avais malheureusement une vue dégagée car il me dévisageait, bouche bée, comme si j'était une extraterrestre. J'eus une autre quinte de toux, cette fois grasse et répugnante. Le pauvre type poussa un gémissement aigu et partit en courant vers la salle de Mme Day, serrant un jeu d'échecs contre sa poitrine osseuse. J'en déduisid que le club se réunissait désormais le lundi après les cours. Tout à coup, je e posai une tonne de questions. Les vampires jouent-ils aux échecs? Existe-t-il des vampires ringards? Des vampires pom-pom girls? Des orchestres de vampires? Et des vampires emo, ces mecs en jeans de fille avec d'horribles franges qui leur cachent la moitié du visage? Ou bien ressemblent-ils à ces gothiques épouvantables qui n'aiment pas trop se laver? Vais-je me transformer en gothisue? Ou, pire, en emo? Je n'aimais pas particulièrement m'habiller en noir, du moins pas tout le temp, et je n'avais pas d' aversion pour l'eau et le savon, ni une envie irrépressible de changer de coupe de cheveux et de me barbouillet les yeux de crayon noir. Alors que toutes ces pensées tourbillonnaient dans mon esprit, un autre éclat de rire hystérique tenta de se frayet un chemain dans ma gorge. Je fus presque soulagée qu'il se transforme en toux. Zoey? Tu va bien? Lança Kayla d'une voix aiguë, comme si quelqu'un l'avait pincée. Elle avait encore reculé d un pas. Je soupirai ey sentis la colère monter en moi. Je n'avais pas demandé à être marquée! Kay était ma meilleure amie depuis le CE2, et voilà qu'elle me regardait comme si j'était un monstre. Kayla, ce n'est que moi. La même personne qu'il y a une minute, une heure ou un jour! Je n'ai pas changé malgré ça, m'ecriai-je en désignant mon front. Les yeux de Kay se remplirent de nouveau de larmes. Heureusement, la sonnerie de mon portable<< Material Girl>>, de Madonna retentit à ce moment-la. Elle regarda qui l'appelait. Je devinai à son expression de lapin pris dans les phares d'une voiture qu'il s'agissai de son petit ami, jared. Vas-y, dis-je d'une voix lasse. Cours le rejoindre. Son soulagement évident me fit l'effet d'une gifle. Tu m'appelle plus tard? me lança-t-elle en se sauvant au pas de course. Par la porte ouvertte, je la vis foncer à toute vitesse à travers la pelouse vers le parking, le portable collé à l'oreille, sans cesser de parler avec anilation. À coup sûr, elle lui racontait déjà que je m'était transformée en monstre. Di seulement... mais rien n'était encore joué. Or, me transformer en monstre était ce qui pouvait m'arriver de mieux. J'avais deux options. La première: devenir un vampire, c'est-à-dire une aberration de la nature aux yeux de la majorité des gens. La seconde:voir mon coprs rejette la Transformation, et mourir. Pour toujours. La bonne nouvelle, c'était que j'allais échapper au contrôle de géométrie. La mauvaise: je serais obligée de m'installer à la Maison de la Nuit un pensionnat privé situé dans la centre de Tulsa, que tous mes amis appelaient la Boîte de vampires, où je passerais les quattre prochaines années à subir d'innommables mutations physiques, ainsi qu'un chamboulement total et irréversible de ma vie. À condition bien sûr que le processus ne me tue pas. Une perspective geniale, quoi! Dire que je voulais juste essayer d'être normal, malgré mes parents réacs,mon nain de frère et ma grande soeur parfaite! Je voulais réussir en géométrie, avoir de bonnes notes, entrer à l'école de vétérinaire d'Oklahoma quand j'aurais enfin quittée Broken Arrow. Surtout je voulais être un peu épanouie, du moins au lycée. À la maison, c'était mission impossible. Il ne me restait que mes amis et ma vie en dehors de chez moi. Ey voilà qu'on allait m'enlever ça aussi. Je me frottai le front, puis m'arrangeai les cheveux de façon qu'ils tombent devant mes yeux et cachent ma Marque. La tête baissée, comme si j'était soudin fascinée par le carrelage, je me précipitai vers la sorti. Je m arrêtai au dernier moment: j'avais vu Heath par la fenêtre. Des filles lui tournaient autour, minaudant et secouant leurs cheveux, tandis que des mecs faisaient rugir le moteur de leur grosses voirures, croyant paraître cool. Comment avais-je pu un jour être attirée par ce cirque? Bon, pour être honnête, je devais reconnaître que Heath avait été adorable autrefois, rt cela lui arrivait encore aujourd'hui. Surtout lorsqu'il réussissait à rester sobre. Un rire haut perché insupportable, attira mon attention. Géniale. Kathy Richter, la plus grosse traînée du lycée, faisait semblant de frapper Heath. De toute évidence, elle le draguait à mort. Comme toujours, Heath ne se rendait compte de rien et restait là à lui sourire comme un débile. Décidément, cette journée n'allait pas en s'arrangeanr!Pour couronnet le tout, ma Cocinelle Volkswagen de 1966, le modéle bleu ciel, était garée en plein milieu de toute cette bande. Non. Je ne pouvais pas sortir. Je ne pouvais pas traverser leut petit groupe avec cette chose sur le front. Je ne faisait plus partie de leur monde. Je me souvenais de leur réaction, quand un élève du lycée avait été choisi par un Traqueur. Ça s'était passé à la rentrée précédente. Le Traqueur était arrivé avant le début des cours et avait repéré un des garçons qui se redaient en classe. Je ne l'avait pas vu; en revanche, j'avais aperçu sa victime. Il avait laissé tomber ses livres ey s'était enfui, livide, la Marque lui sant sur son front pâle et les joues baignées des larmes. Je n oublirai jamais la façon dont les élèves s'étaient écartés de lui comme d'un pestiféré. Moi aussi, j'avais reculé et je l avais dévisagé; et pourtant j'était vraiment désolée pour lui. Je ne voulais pas qu'on me collé l étiquette de<<la fille qui sympathise avec les monstres>>. Ironique, quand on y pense, non? J entrai donc dans les toilettes les plus peoches, heureusement vides. Il y avit trois WC et, oui, je regardai sous les portes pour vérifié qu'il n'y avait personne. Puis je me plantai devant le miroir, inspirai à fond et relevai la tête tout en repoussant mes cheveux en arrière. J'eus l'impression de dévisager une inconnue à l'air vaguement famillier. C'était comme apercevoir une personne que vous croyez connaître, alors qu'en fait vous ne l avez jamais vue. Eh bien, cette personne, c'était moi. Elle avait mes yeux, couleur noisette, mais plus grands et plus ronds; mes cheveux longs, raides et presque aussi noirs que ceux de ma grand- mère; mes pommettes hautes; mon nez fin et ma bouche, un peu large. J avais hérites ces traits de ma grand mère et de ses ancêtres cherokees. Cependant mon visage n'avait jamais été aussi pâle: j'avais toujours eu le teint mat, beaucoup plus foncé que celui des autres membres de ma famille. Mais peut être paraissait-il si blanc par contraste avec le croissant de lune bleu foncé gravé au milieu de mon front? Ou peut être était-ce dû à de l éclairage. J'observai de plus près le tatouage. Combiné avec mestrais cherokees, il me donnait un air primitif... comme si jappartenais à une époque révolue où le monde était plus vaste, plus barbe... À ce moment précis, je sus que désormais ma vie ne serait plus jamais comme avant. L'espace d un instant très bref, j'oubliai mon terrible sentiment de solitude, et une vague de plaisir me submergera. Au plus prodond de moi, le sang du peuple de ma grand mère exultait.