Chapitre 3 : Troisième mois

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- Les enfants ! Restez près d'ici s'il vous plaît. N'allez pas trop loin. C'est moi ça ? Moi plus tard ? Des cheveux longs noirs radieux, un piercing au nez, très peu de rides. Je vais être aussi belle ? Je n'arrive pas à discerner mes enfants. J'aperçois juste les bambins courir devant moi en s'amusant. Tout est flou. Le paysage est blanc comme le mur d'un hôpital. Maxi, ma mère, Isaac ainsi que Luna sont là. Nous sommes assis en train de pique-niquer. J'aperçois quatre autres ombres, autour de nous, sûrement Elias, Lola, Salomé et Esteban. Ce rêve est une vision du futur ? Alors je vais avoir deux enfants ? Les enfants qui courent sont-ils mes rejetons ? Je vais réussir à m'en sortir ? Si c'est le cas, ma mère et mon frère ont dû l'accepter et m'aider. Maxi sera un bon père. Oui. Je peux me réveiller sans problème.

- Comment ça ma fille est enceinte ? De jumeaux en plus ? Comment a-t-elle pu ne rien me dire ! La date pour l'avortement est presque arrivée à échéance ! Crie ma mère sur le médecin dans le couloir près de ma chambre. Qu'est-ce que vous attendez pour la faire avorter ?

- Mademoiselle Gómez ne nous a pas demandé l'avortement.

Les rêves prémonitoires n'existent pas. Ma mère va me tuer dans peu de temps. Mais j'ai pris ma décision. Je ne vais pas avorter. Il y a deux bébés, je dois assumer mon erreur et en assumer les conséquences, qu'importe ce que décide ma mère, Maxi ou qui que ce soit d'autre . Je ne reviendrai pas sur mon choix. "Ça va ?" Me chuchote mon frère furtivement. Je sursaute légèrement. Je n'ai pas remarqué sa présence. Il est à côté de moi sur une chaise. Il est inquiet, ça se voit à son regard. Je hoche la tête sombrement. 

J'ai eu une prise de conscience soudaine, c'est vrai. Je ne me sens pas prête à être maman à 18 ans. Je ne me vois pas être appelée "Maman" alors que je ne suis qu'une adolescente, une enfant qui vient tout juste d'être majeure. Mais je vais devoir m'habituer, car je suis enceinte de deux bébés et je vais les éduquer du mieux que je peux.

- Gómez Paola ! Hurle ma mère en rentrant dans ma chambre d'hôpital. 

Sans que j'ai pu placer une explication, elle me colle une gifle sur ma joue droite, à cause de l'impact, ma tête se déplace violemment vers la gauche contre mon gré. Je replace aussitôt ma tête, la joue légèrement rouge, mes yeux remplis de haine, je la fixe avec un dégoût absolu. Isaac s'empresse de se mettre devant ma mère lui demandant sur un ton bas, mais sévère de partir. Ma maternelle, très en colère refuse amèrement. C'est la première fois que je vois Isaac se rebeller contre notre mère. Il a toujours été obéissant, répondant à toutes ses attentes, que ce soit professionnelles ou personnelles, c'est un fils modèle comparé à moi. Mon frère est parfait. Mais on dirait que la perfection a décidé de se révolter contre sa génitrice. 

- Je dois discuter avec ta sœur. Pousse-toi, Isaac.

- Au vue de ton état, tu es incapable d'écouter correctement Paola. Ça ne sert à rien pour aujourd'hui. Va-t'en, s'il te plaît.

Étonnamment, ma mère, accepte. Me dévisageant une dernière fois, elle part sans aucun mot de plus. Mon grand-frère se retourne vers moi et me fixe avec un regard bienveillant.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je les garde. Je vais en informer Maxi, c'est lui, le père.

Isaac sourit, il me caresse la tête avec indulgence et compassion, il me fixe dans les yeux en m'assurant qu'il restera à mes côtés, qu'importent mes choix, il me soutient. Heureuse qu'il me comprenne, je lâche quelques larmes de joie. J'espère que Maxi va être aussi tolérant.

- Mademoiselle, nous avons pratiqué quelques examens pour déterminer la santé ainsi que la formation de vos bébés après votre chute, bonne nouvelle, ils vont bien. Votre tension est remontée, mais pas assez pour vous laissez sortir, on vous garde quelques jours de plus.

Seule avec deux enfantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant