8h30. Le réveil sonne.
Aussitôt éteint, le silence revient dans la chambre. J'ai du mal à ouvrir les yeux, la nuit a été courte. Tu as mis du temps à t'apaiser après le biberon de minuit. Celui de cinq heures, c'est ton père qui s'en est chargé. Depuis, tu dors à poings fermés. En temps normal, nous aurions continuer à faire pareil. Nous sommes en vacances, Lucas est chez papy et mamie pour quelques jours... Rien ne presse, sauf peut-être ton rendez-vous chez le pédiatre à dix heures.
On retarde encore l'inévitable de quelques minutes, juste le temps de s'étirer, de renoncer définitivement à l'idée de rester couchés. L'heure tourne et il arrive le moment où il n'est plus question de paresser. À peine le premier pied posé à terre que le rythme est lancé. Passer par la salle de bain, ouvrir à Isis, lui donner à manger, prendre le petit-déjeuner, se préparer... Quand tout est fait, je reviens dans la chambre pour m'occuper de toi. Je t'entends t'agiter avant même de te voir. Tes yeux sont grands ouverts, ta petite bouche cherche déjà à se rassasier.
Le biberon, c'est notre petit moment à nous. Peu importe que nous soyons pressés, que papa continue à graviter autour de nous en sortant tout ce que nous ne devons surtout pas oublier. Toi et moi restons tranquillement dans notre bulle, assises sur le canapé. Je te tiens dans mes bras en te regardant boire les 120ml de lait que tu réclames désormais lorsque vient l'heure pour toi de manger.
Tu es tranquille, tu prends ton temps. Te dépêcher, tu ne sais pas encore ce que c'est. Depuis un mois, notre monde tourne autour de toi. Ton rythme détermine le nôtre. Toi, tes 2,870 kilos et tes 50 cm avez tout chamboulé dans la mécanique bien huilée qui faisaient nos journées. Évidemment, nous avons connu ça avec ton frère il y a maintenant deux ans. Nous étions déjà des parents lorsque tu es venue au monde. Cela a-t-il rendu les choses plus faciles pour autant ? Oui ! Et non... Parce qu'au fil du temps, on avait oublié ce qu'étaient les nuits découpées, les siestes improvisées, les repas écourtés. Parce qu'il n'y a plus un mais deux enfants dont il faut s'occuper. Parce qu'il y a des moments où notre expérience avec Lucas nous rassure, et d'autres où elle nous semble insuffisante. Tu n'es pas ton frère et tout est à refaire. Rien n'est fixé avec toi. Il y a des jours où tu veux t'endormir dans nos bras et d'autres où tu préfères être allongée dans ton parc ou ta nacelle. Des moments où tu adores avoir ta tétine dans la bouche et d'autres où tu la rejettes totalement... Ton papa aime assez le répéter : « Un bébé, ça n'est pas une science exacte ! ». Alors on teste, on s'apprend, on s'apprivoise...
Mais pour l'heure le biberon est maintenant terminé et il faut y aller. Dernières vérifications, tout est ok. Tu redors déjà lorsque nous arrivons chez le pédiatre. La première partie du rdv est pour nous. On se concentre pour répondre correctement aux différentes questions qui nous sont posées. Quel lait bois-tu ? En quelles quantités ? Combien de fois par jour ? Comment dors-tu ?Pleures-tu beaucoup ? ... Plusieurs fois on nous demande si nous avons nous aussi des interrogations, des choses qui nous interpellent, d'autres qui nous inquiètent. Dans l'immédiat, non, du moins rien que l'on puisse exprimer entre les murs de ce cabinet. Évidemment que nous nous inquiétons, à longueur de temps. Rien de surprenant à ça, nous sommes tes parents.
Ensuite, il faut te réveiller. Tu es déshabillée, auscultée, pesée, mesurée... un vrai petit examen militaire. Chaque vérification amène son petit pic de stress mais passées plusieurs minutes, le verdict tombe : tu es en pleine forme !
Le soulagement m'envahit alors qu'on me laisse te rhabiller. Je m'exécute aussitôt, encore toute étourdie des chiffres qui sont tombés. Tu as pris quatre centimètres, dépassé la barre des quatre kilos. Je vois bien à la maison chaque jour que tu grandis, mais ce rendez-vous, qui n'est que le premier d'une série qui marquera ta première année, me rappelle à quel point le temps nous est compté. Les pyjamas du un mois vont bientôt être rangés, les biberons finir par s'espacer, les siestes devenir plus rythmées...Mon cœur se serre parce que je sais qu'aussi fatiguant que cela puisse être en ce moment, je finirai par être nostalgique de ces instants. Trente jours que je t'ai pris dans mes bras pour la première fois. Où est passée ma petite crevette ? Pourquoi cela me semble-t-il déjà si loin ?
« Profitez, ça passe tellement vite ! »
Cette phrase, on l'entend constamment. Nous même la disons à tout bout de champ.
Tant pis.
On va se la répéter, encore et encore, continuer à prendre des dizaines de clichés de toi par journée, essayer nous aussi de ne pas vivre trop pressés.
Juste profiter.
Parce que cela semble simple dit comme ça de savoir vivre le moment présent, mais je dois t'avouer que nous les adultes, on peut aussi oublier de le faire avec le temps.
Joyeux un mois mon trésor.
Je t'aime.
Maman
VOUS LISEZ
Quelques mots d'amour
Historia CortaÉcrire quand on se sent bien, quand on a mal au cœur, quand on veut pouvoir se rappeler des bons moments ou au contraire évacuer sa douleur. Écrire sur les enfants, le travail, la famille, les amis... sur tout ce qui constitue les fondements de not...