Elle aurait sans doute reçu toute une volée de gifles, si un voisin, un ami de son frère, témoin de la scène, n'était pas intervenu.
-"Hé! La petite a bien le droit de ne pas aimer tes mangues. Elle t'en a acheté une. Elle a payé. Je l'ai vu. Si elle la trouve mauvaise, elle peut la cracher, non?"
-"Comment? Mes mangues sont excellentes, tu vois bien! Ce voyou est payé par Carlos pour faire fuir ma clientèle. Et toi même... "
-"Quoi? Tu me traites de voyou..?"
Un premier coup de poing est parti, puis un second. Chacun tirait d'une main le boubou de son adversaire et cognait l'autre sans cesser de crier.
Les amis de Jacques son venus à son secours. Carlos ayant été mis en cause, les amis de Carlos se sont mobilisés. Les femmes, après avoir éloigné les enfants qui ont abandonné leurs berceaux et leurs planches à roulettes, se sont lancées à leur tour dans la dispute sous prétexte de séparer les combattants. La bagarre était générale quand la police a voulu intervenir: quatre grands policiers ont essayé de rétablir l'ordre à coup de bâtons. Leur brutalité à dressé contre eux toute la population.
Heureusement que l'instituteur d'Odile que tout le monde connaît et vénère, est passé par-là. Homme raisonnable et calme en toutes circonstances, il est intervenu. Le coup de coude malencontreux d'un combattant, qui se dégageait d'un adversaire, a brisé les lunettes du sage, mais n'a pas interrompu son discours :
-"Ah! Allons, une bagarre c'est mauvais pour les affaires. Tout le monde doit pouvoir faire son marché tranquille, même messieurs les agents quand ils viennent...du calme...du calme..."
Petit à petit, les marchands ont repris leur poste derrière les étals. Et chacun est réparti faire ses achats.
L'instituteur, lui, avait maintenant une partie de lunettes à acheter. Il s'est dirigé, la pipe à la bouche, vers le fond du marché.
Odile l'a suivi admirative, car grâce à lui, il venait d'éviter une émeute provoquée par un grain de sable...
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Un grain de sable
HumorJ'avais lu dans le journal le récit d'un accident d'avion provoqué par un vent de sable qui, au moment de l'atterrissage, avait aveuglé le pilote. Mais si on m'avait dit qu'un seul grain de sable pouvait entraîner des catastrophes, je ne l'aurais pa...