Chapitre 03.

19 2 2
                                    

Parfois, quand l'envie me prend, je me rends dans l'une des tavernes de la basse de la capitale de l’Empire. J'apprécie particulièrement l'ambiance qui règne dans celles du coin : tout le monde se connaît, tout le monde est joyeux du moins en apparence, et presque aucun conflit n'éclate. C'est quasiment toujours festif et convivial.
Je reste à chaque fois dans mon coin, je ne dérange personne et personne ne vient me déranger , sauf pour le sal boulot, bien sûr. 
De plus, malgré mon apparence suspecte et mystérieuse, personne n'a jamais posé de questions. Peut-être savent-ils qui je suis, ou peut-être ne veulent-ils pas risquer de perdre leurs vies sur un coup de tête inutile.
Je garde toujours ma capuche sur la tête et j'ai toujours une queue de cheval afin que personne ne remarque la couleur de mes cheveux. Je suis déjà suspect sous ma grande cape noire, ma capuche et mes vêtements typiques d'un assassin, ce n'est pas pour ajouter une nouvelle raison aux civils de me suspecter d'être cette légende vivante. Évidemment, je le suis. Mais en principe, personne ne l'est.
Parfois, quelques personnes hasardeuses placent un morceau de papier plié sur ma table. Lorsque je le lis, il y a toujours un nom accompagné d'une raison. Rien de plus. Admettons qu'ils se trompent et qu'ils donnent le contrat d'assassinat à la mauvaise personne, celle-ci ne sera pas en mesure de comprendre pourquoi il n'est écrit qu'un nom accompagné d'une courte phrase. Ils ne seront pas non plus en mesure de savoir qui leur a  donné ce petit papier, car ces gens là savent se montrer très discrets et rapides.
Ce soir, rien ne semble vouloir perturber le calme habituel.
Ce n'est pas pour me déplaire, en soit.
Certes, ces moments ne sont pas rares. Mais en quelques occasions, lorsqu'un conflit n'éclate pas entre ivrognes, ce sont quelques mages de l'ordre qui font leur apparition dans la taverne. Ils emmènent parfois quelques pauvres gens innocents, mais la majeure partie du temps ils se contentent de soutirer quelques informations au tavernier. Je les ai rarement vus s'arrêter prendre un verre. Boire un peu d'alcool de temps à autre leur ouvrirait peut-être plus l'esprit. Je dis cela mais je n'en consomme pas. Je me dois de garder les idées claires en toutes circonstances.
Le tavernier n'a pas à se plaindre si je suis le seul client à ne demandé que de l'eau légèrement aromatisée par des plantes étant donner le nombre de client très... consommateurs qui viennent sans cesse s'abreuver ici.
Les minutes passent, et rien d'intéressant ne se produit.
Une jeune femme se dirige vers la sortie. Je l’observe du coin de l’œil. Elle pose un papier délicatement plié sur ma table. Elle a déposée deux pièces d’argent au passage, mais évidemment, je n'en ai pas besoin. Seulement elle est trop loin désormais pour les lui remette et je ne dois pas passer pour un voleur. Mais surtout, je dois continuer d'observer et d'écouter. Rien de passionnant.
Je déplie le papier avec précision, et le lis. Bien. Il se trouve que la sœur de cette jeune femme va être exécutée à l'aube. Je me dois d'agir, même si je n’en connais les raisons. Une heure est notée sur le papier ainsi qu'un lieu très vague. Il me reste une heure et demie avant qu'ils ne soient dans la zone mentionnée. J'ai encore du temps devant moi.
Je retiens dans ma tête les informations données et je trempe volontairement le papier dans de l'eau afin de détruire les mots d’écrits, chiffonnant le tout  en une petite boule mouillée.
Je termine de boire mon verre, je me lève et vais en demander un autre au tavernier. Il m'en resserre un et change les arômes comme demandé. Il ne me pose pas de question : soit il a peur, soit c'est habituel qu'il ne parle pas aux gens étranges, soit il est juste trop méfiant.
Je retourne m'asseoir et continue d'observer et d'écouter les conversations à proximité de mes grandes oreilles.
Seulement, les discutions que j'entends ne sont guère plus intéressantes que tout à l’heure.
J'allais partir quelques instants plus tard même si ma boisson n'était pas terminée, ne voyant plus l’intérêt de rester ici.
Et puis, il est entré.
Lui, le fils d'une noble lignée.
Un dénommé Dorian Pavus, je crois.
Son habit est peu commun, possédant de nombreux fils de cuire se croisant, une épaule dénudée et tant d’autres détails que cela prendrait trop de temps pour tout énumérer. Il a aussi un bâton de mage dans le dos, et puis cet air assuré, cette démarche... Je dois l'avouer : il a du charme.
Je reprends rapidement mes esprits. Ce genre de pensées est... étrange, mais surtout inadaptées.
J'observe autours de moi. Tout le monde s'est arrêté de parler, et tout le monde l'observe. Les discutions reprennent quelques secondes après. Visiblement, il n'y a que moi que cela choque. Que fait donc le fils d'une telle lignée dans un lieu si peu civilisé pour son grade ?
Je ne le quitte pas du regard.
J'essaie de comprendre ce qu'il fabrique ici.
Un espion peut-être ? Non, il n'a pas l'air d'être en mission, et il n'a pas l'air d'être là contre son gré. Mais surtout, qui a déjà vu un espion si peu discret ?
Les minutes défilent lentement. Trop lentement.
J'ai observé chacun de ses faits et gestes depuis qu’il est entré en ce lieu.
Il a été au comptoir prendre une boisson, peu importe laquelle, ce n'est pas important. Il s’y est assis et n’en bouge plus.
Lorsqu'il est entré, il a posé son regard sur moi plus que sur tous les autres, et lorsque nos regards se sont croisés, il a sourit. Très légèrement, mais je l'ai vu. Il n'a pas sourit aux autres, ni à quelqu'un derrière moi comme il n'y avait personne.
Je vais rester encore quelques minutes, histoire de terminer mon verre et de l'observer. Tout cela est louche. Il n’a absolument rien à faire ici.
Il se lève enfin et s'installe à une table libre, seul avec sa boisson, aquelle il observe un instant avant de commencer à boire.
Il s'est installé face à moi. Je suis le seul dans cette direction, et les quelques regards qu'il me lance me laissent perplexe. Serait-ce de la curiosité, de l’amusement, ou...
Je le regarde un instant de plus puis je termine ma boisson. Je me lève en direction du comptoir, les verres dans les mains : je ne suis pas sans gène, ma place est propre, la chaise correctement rangée et j'évite au tavernier un aller retour inutile ; rare sont ceux qui agissent comme moi.
Durant le cours trajet, je sens que quelqu'un glisse quelque chose dans l'unes de mes poches. Un autre papier visiblement. Sûrement un second contrat. C'est à croire qu'ils se baladent tous avec des papiers sur eux, s’en est presque drôle. Enfin, je n’ai jamais réellement trouvé quelque chose de drôle.
Je paie mes deux boissons et le tavernier semble heureux de ne pas avoir à faire ce trajet, aussi court soit-il.
« Si seulement tout le monde était comme vous, du moins pas en apparence, dit-il tout bas pour que je ne l’entende pas ou peu, la vie ici serait bien plus agréable...»
Je m'éloigne de lui, m'approchant de la porte. Je ne sors pas directement.
Je pousse un léger soupire et tourne ma tête vers ce monde, regardant l'assemblée joyeuse.
Je l'ai vu.
Entre temps, il a changé de place. Il s'est mis face à la porte. Il porte toujours se regard étrange sur moi, ce qui ne me plaît pas.
Très bien, je vais devoir le testé pour découvrir ses intentions. Il me paraissait déjà bien louche, et cela ne fait que de renforcer cette impression.
Je reste au même endroit, mais je me tourne vers la porte de sortie. Je sais qu'il est le seul à me regarder, il n'y a donc aucun danger pour ce genre de test.
Je fouille dans ma poche afin de trouver le bout de papier fourré un instant plus tôt dans celle-ci par un homme. Je le lis attentivement. Bien, cette fois-ci, il s'agit de l'assassinat d'un homme corrompu.
C'est chose rare de recevoir deux contrats durant la même soirée, qui plus est dans la même partie de la ville. Au moins, je ne risque pas de m'ennuyer cette nuit, c'est chose sûre.
J'esquisse un léger sourire, satisfait de cela.
Je range le papier dans l'une de mes poches comme je n'ai pas de quoi le détruire pour l’instant. Je dois toujours le testé, et à mon plus grand désespoir, il ne m'a toujours pas quitté du regard. Ce genre de comportement est assez dérangeant, me rappelant un peu trop ce qu’il s’est passé il y a quelques mois à peine.
Bon, c'est le moment idéal pour tester un combo. Va-t-il réagir, ou toujours m’observer de cet œil troublant ?
En rangeant le papier, j'ai volontairement laissé dépasser l'unes des fameuses plumes propre à moi-même, car je suis cet assassin. Il est le seul à me regarder, et se léger froncement de sourcil me montre bien qu'il l'a vu. Je la range d’un geste souple avant qu'un autre ne la voie, et je passe à la deuxième étape.
Je replace correctement ma capuche sur ma tête et je passe mes mains à l'intérieur de celle-ci afin de libérer mes cheveux qui étaient attachés. Quelques mèches cendrées sortent de la capuche, elles reprennent leur place naturelle de chaque côté de mon visage. Ces mèches brillent avec la lumière provenant de l'extérieur, on ne voit donc que cela de là où il de trouve.
Il ne m'a jamais lâché du regard, c'est donc évident qu'il l'ai vu et que cette information ne l'a pas laissé indifférent. Cette fois, je ne tourne pas mon regard vers lui. C’est inutile.
J'avance de quelques pas, je suis désormais dans l'encadrement de la porte.
J'observe d'un coup d'œil rapide l'assemblée en prenant bien soin de ne pas croiser son regard.
Je sors juste après cela et je pars sur ma droite. Il n'y a plus qu'à attendre que la proie mordre à l'hameçon.
Seulement, je me méfie des mages, je ne leurs accorde pas un semblant de confiance. Surtout pas les mages de ce rang là, leur magie est différente, ils sont redoutables et possèdent une magie qui m'échappe entièrement. La glace, le feu, l'électricité et la magie de soutiens je veux bien, ce sont les bases. Mais j'ai déjà vu des mages de sang en action, parfois même certains utilisent l'immatériel ou tout autre type de magie inédite et obscure. Qui sait ce que celui-là est capable de faire... ?
Je marche d'un pas lent, observant mes arrières sans que  cela ne soit visible.
Arrivé à une intersection de rues, je m'arrête. Je sors un carnet de ma petite sacoche. Une minute et demi s’écoule surement.
Comme prévu, il sort de la taverne. Il n'a pas directement regardé à sa droite, mais je sais qu'il m'a vu. Évidemment, il n'est pas stupide et part vers la gauche. Je suis à l'arrêt, et venir dans ma direction n'est pas très judicieux, ce serait un acte irréfléchi.
Je reste immobile encore quelques instants, feuilletant mon petit carnet comme si je cherchais quelque chose d'écrit à l'intérieur. Évidemment, je ne cherche rien : c'est une diversion qui a fonctionné.
Je reprends mon chemin lorsque j'estime qu'il s'est assez éloigné.
Je marche tout droit et quelques rues plus tard, je tourne sur ma droite. Dès que j'ai changé de direction, j'ai senti une présence plutôt proche de moi.
Il est là.
Tout prêt de moi.
Si prêt que je peux entendre le faible bruit de sa respiration juste derrière moi.
Je me retourne, mais rien. Il n'y a personne. Je pousse un long soupire. Je sais qu'il est là. Mais où ? J'ignore bien des choses sur les mages. Un peu trop de choses en vu de mon métier, même. Cela risque de me couter la vie si je ne change pas cela rapidement.
Je continu mon chemin. A un moment, je ne sens plus la présence qui me suivait. Cela fait quelques minutes que plus personne ne me suis, il a dû perdre ma trace. C'est idiot, il était pourtant si bien partit. Peut-être que son sort de camouflage lui a causé du tord, ou qu’il a eue un tout autre problème technique pas très important.
Je décide de rebrousser chemin. Je le trouve assez rapidement, visiblement perdu, perplexe aussi. Je connais les lieux, il ne me faut pas longtemps pour arriver derrière lui, tel une ombre. Il me cherche toujours désespérément à chaque croisement de rue, mais il ne pourra plus me trouver.
Car c'est moi qui l'ai trouvé.
Le chasseur chassé... c'est ironique. 
Je prends ma dague et je m'approche discrètement de lui. Apparemment il ne m'a pas détecté, ou alors il feint à la perfection le contraire. Auquel cas, je lui tire mon chapeau.
Je le suis tel son ombre pendant plusieurs minutes, puis lorsqu'il pense m'avoir définitivement perdu, je l'attrape par le col et l'amène violemment contre un mur. Ma dague est confortablement installée sur sa gorge, prête à la lui tranchée s'il tente quelque chose.
Il a d'abord été surpris, puis il a prit un air amusé.
Il ne dit absolument rien, il ne bouge pas non plus. Le silence est de marbre entre nous deux. Nous nous observons mutuellement, les yeux dans les yeux, ainsi durant quelques trente secondes.
Un sourire apparaît au coin de sa bouche, et je dois avouer que cela le rend plus charmant que ce qu'il n'est déjà.
Je reprends mes esprits, c'est la deuxième fois que ce genre de pensée traverse ma tête. C’est plus que gênant, surtout à ce moment.
Je prends finalement la parole après ce moment d'observation.
«Qui vous envois ? dis-je froidement.
- Moi-même, me répond-t-il en souriant.
- Personne de votre rang n'oserait s'aventurer ici, et peu suivraient de leur plein gré un assassin. Rétorquais-je d'un ton glacial.
- Je ne vous mens pas. Si j'avais été envoyé, mon but aurait été de... »
Je l'empêche de terminer sa phrase, plaçant ma main libre sur sa bouche. Quelqu'un d'autre marche non loin de là, j’ai entendu des pas. Je reste aux aguets tout en surveillant le mage. Les pas s'éloignent. J’attends un moment avant de retirer ma main, le laissant reprendre la parole.
« Si je voulais vous tuer, je l'aurais déjà fait, mon cher. Je ne vous veux aucun mal.
- Alors pourquoi m'avoir suivi ?
- Qui ne suivrait pas un homme aussi louche que vous, juste par curiosité ?  Dit-il en me souriant.
- Apparemment, vous êtes le seul. Lui répondis-je de manière cassante.
Sur le coup, il ne dit rien. Il semble réfléchir à ce qu'il va me répondre. Il finit par sortir de cette réflexion par une phrase aussi insolite qu'étrange. Son sourire ne s’efface pas.
- C'est ce regard. Je voulais le voir encore une fois. »
Je reste muet face à ce qu’il me dit. C'est une blague j'espère. J'hésite entre le désespoir et la colère. Cela est totalement absurde. Je plonge mon regard dans le sien. Il l'a bien comprit, ce n'est pas un regard très amical. Seulement, il ne semble pas vouloir regarder ailleurs, comme s'il me sondait de l'intérieur. Qui sait si la magie ne le permet pas, après tout. Je brise de nouveau le silence lourd qui s’était installé.
« Le pays est assez vaste pour vos excursions nocturnes. Je n'ai aucune raison de vous tuer aujourd'hui. En revanche, si cela ce reproduit... J'en ai fini avec vous. »
Je retire ma dague de sa gorge. Il ne bouge pas. Nous nous regardons toujours droit dans les yeux. Ceux-ci semblent attirés l'un vers l'autre, ils ne veulent pas regarder ailleurs. Et puis, d'un geste brusque, je plante avec une extrême violence ma dague dans le mur, à quelques centimètres de son visage. Il a un léger sursaut mais il ne bouge pas et reste silencieux. Je m'approche à quelques centimètres de lui et je chuchote à son oreille.
« Que cela vous serve de leçon, à l’avenir. »
Laissant ma dague greffée dans le mur, je fais un pas en arrière puis je fais volte face et disparais de son champ de vision.
Il ne s'est pas défendu. Il n'avait pas non plus peur alors que j'aurais très bien pu le tuer... c'est étrange. Cet homme est étrange. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce n'est pas la dernière fois que je vois cet homme.
Je me rends au lieu du premier contrat. J'attends une vingtaines de minutes perché sur un toit surplombant la route, puis ils arrivent.
Neufs gardes et au centre, une elfe enchainée de toute part. Elle a l'air si faible, je ne comprend pas l'utilité de tout cet attirail. A moins que... Oui, les tatouages et le dispositif mis en place... C’est une Dalatienne, une mage. Sûrement une apprentie archiviste.
J'évalue rapidement l'armement offensif et défensif des troupes : je n'ai aucune chance de réussite si je les affronte directement. Bien. Je me place, trois flèches dans la main. Je tire. Un mort, puis deux, et  finalement un troisième. Mes flèches transpercent leurs armures sans mal. Un sourire de satisfaction apparaît sur mon visage : ça, c’est de la bonne qualité !
Les autres soldats ne m'ont pas vu, ils me cherchent, ne sachant que faire. Il en reste six. Je saute sur l'un d'eux, avec pour seule arme ma dague et deux flèches dans la même main. Celui sur lequel j'ai sauté gît maintenant dans son propre sang.
Les autres m'attaquent en même temps. Je plante habilement une flèche dans le coup non protégé de l'un d'eux, le poison se repend. Il est à terre. J’évite sans mal les autres.
Plus que quatre.
J'évite les coups, je plante une autre flèche sous le bras d'un homme qui allait abattre son épée sur moi. Il ne lui en reste plus pour très longtemps.
Trois.
Je ramasse une épée et pars une attaque. Leurs armures sont solides contre les lames, je dois l'avouer. Les coups directs ne leur feront pas grand chose. Je monte agilement le long d'un mur, et une fois au sommet, je lance avec précision une flèche qui atterrit pile dans le trou d'un casque. Les deux autres fuient sans demander leur reste. L’un m’a tout de même blessé très légèrement au bras, mais rien de bien grave.
Je libère l'efle, qui me remercie avant de prendre congé, filant dans les rues obscures.
Je reste un instant immobile au milieu des corps, ramassant mes flèches. Tuer... Si seulement cela pouvait changer, un jour.

Quelques heures plus tard, mon second contrat est achevé sans aucune difficulté. Et voilà, une innocente ne sera pas exécutée, et l'homme corrompu ne pourra plus jamais agir. Il s’est tus à jamais.
La nuit s'achève pour moi.
Mais demain est un autre jour, avec d’autres vies à prendre...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 26, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

~ .Le Sang du Lyrium. ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant