TRY AGAIN

3. Bad date

C'était un mardi.

Mais ce mardi-là, il fut réservé à une occasion particulière. Le premier rendez-vous amoureux de Boo.

N'ayant jamais été très porté sur l'amour ou sur les relations humaines, c'est par une poussée d'ennui que Boo s'inscrit sur un site de rencontres prénommé "Mythique", allez savoir pourquoi.

Cunégonde, belle femme blonde, aux cheveux courts et légèrement bouclés, ainsi qu'aux yeux gris-verts, se tenait devant Boo, alors que Boo restait immobile, ne sachant pas quoi faire au moment d'une rencontre. Tandis que l'étiquette lui disait de se présenter dans les formes et de débiter un compliment en l'honneur d'une telle beauté : nez fin, bouche pleine aux lèvres roses pales, effet d'un lipliner de qualité, et ô combien d'autres qualités, son être ne lui disait rien d'autre que :

Boo : Salut ça va?

Accompagnés d'un secouement de la main gauche, Boo se croyait en première ligne pour conquérir son vis-à-vis avec sa réplique digne d'une pièce de Shakespeare. Bien entendu, c'était complètement faux.

Cunégonde : Ma foi... Oui et vous?

Car la santé mentale du pauvre Boo était évidemment agonisante selon l'opinion de la jeune femme. Indulgente, elle laisse passer une telle erreur au code de conduite social habituel. La Cunégonde avait un balai dans le cul assez conséquent, devrais-je dire.

Passé les simples formalités et la commande des entrées, les deux s'étant donné rendez-vous dans un restaurant, la conversation prit fin pour laisser place à un blanc bien plus qu'incommodant.

"Ressaisis-toi, Boo! Tu dois choquer la p'tite dame si tu veux laisser une empreinte dans son esprit!"

Boo : Avec une telle apparence, vous devez être éleveuse d'huitres dans une contrée perdue, je me trompe?

Sourit doucement Boo en attendant sérieusement une réponse de la part de Cunégonde.

Celle-ci déglutit devant une telle attente, ayant perdu ses mots face à l'hypothèse de Boo. C'est pourquoi après avoir retourné trois fois la question dans sa tête, elle réagit de la meilleure façon qu'elle put.

Cunégonde laissa sortir un rire soudain, se tut et recommença de sorte à faire comprendre à son interlocuteur que sa blague était drôle.

Cunégonde : Fichtre! Que vous êtes hilarant!  Il se trouve que non, je suis vétérinaire depuis deux années à présent.

Surpris d'une telle profession, Boo s'empressa de demander, faisant fi de toute indiscrétion.

Boo : Mais alors, vous arrive-t-il souvent d'assassiner des canards souffrant d'hépatites aigues?

...

Cunégonde : On appelle cela "piquer", mais... Foutrebleu! Quel tact est-ce cela! Êtes-vous un de ces malotrus qui courent nos rues en marchant?

Après avoir déclaré ces mots avec une telle évidence dans le ton de sa voix, Boo s'indigna.

Boo : T'es tarée toi, personne peut courir les rues en marchant. Oh la bouffonne!

Pour amplifier son idée, Boo se redressa et monta sur sa chaise tout en toisant et pointant du doigt la Cunégonde.

Il chanta en rythme :

Boo : Eh regardez la bouffonne, courir et marcher pour elle c'est la même chanson! Héhéha!

À cet instant précis, voici ce qui traversa l'esprit de Boo.

"Je viens de rencontrer un spécimen de concombre vraiment con"

"En espérant qu'elle fait pas ce genre d'erreurs tous les jours"

"La pauvre, elle pourrait confondre un rouleau de PQ avec Johnny Depp"

"Pauvre Johnny Depp plutôt!"

"Regardez-là qui s'enfuit!"

Effectivement, la Cunégonde s'en allait avec empressement, en contractant tellement les muscles que son balai dans le cul lui sortit du postérieur.

Boo : Mon enfant! Elle a accouché de mon enfant! Je suis père!

Accablé par la joie, Boo rendit son dernier souffle.

***

Je dois avoir dépassé la date de péremption de mon cerveau...

Ou alors, mon cerveau est une pomme de terre.