Mariage royal [Bonus à Royales]

Chapitre 1 - Jane

Attention, ce texte est un bonus au livre Royales, publié chez Hachette Romans. Il contient des spoilers sur l'intrigue de l'histoire de base et ne peut être compris indépendamment de cette dernière.

Trois ans après Royales...

Gauche-droite-gauche-gauche-droite...

L'écho des coups que je porte à mon punching-ball résonne dans mon école d'arts martiaux désertée. Il n'est que six heures du matin, l'aube pointe à peine, et dans le silence qui précède l'effervescence de la journée, je peux évacuer mes tensions et mes angoisses. Mes muscles me brûlent, je sue plus que je ne le devrais aujourd'hui, mais j'ai besoin de cet exercice si je veux être capable d'affronter ce qui m'attend dans quelques heures.

Un putain de mariage royal.

Le genre horrible. Des centaines de personnes rassemblées dans la cathédrale de Westminster, une diffusion en direct dans le monde entier, des effusions de joie dans tout le pays, de grands discours, beaucoup trop de dépenses pour un tel événement...

Bref, tout ce que je déteste. Je préférerais mille fois rester à mon école plutôt que d'aller à ce truc. Mais bon, même si cela fait trois ans que j'ai quitté le palais de Buckingham, je reste une princesse anglaise, l'une des quinze sœurs de notre reine actuelle, Harriet Ière du Royaume-Uni. Je n'ai plus beaucoup de devoirs désormais, mais donner de ma personne à ce genre d'occasions en fait partie. Et puis, si je suis honnête avec moi-même, je dois avouer que mon statut n'a pas que des désavantages : il est clair que j'aurais bien moins d'inscrits à mes cours d'arts martiaux si les gens n'étaient pas motivés par la curiosité à l'idée de rencontrer l'une des fameuses clones royales.

Cela dit, si c'est leur seule motivation, il ne tardent pas à déchanter. Je n'ai pas l'habitude de ménager mes élèves, et les voyeurs abandonnent très vite mon école après une ou deux raclées.

Oui, c'est même devenu un rite de passage ici : vérifier que les nouveaux en ont dans le ventre avant de pleinement les accepter.

Après un énième crochet, je prends une pause, à bout de souffle, et je ramasse la bouteille d'eau posée à côté du punching-ball pour boire de longues gorgées.

Bon. Il faut croire que ma séance d'entraînement ne sera pas efficace pour disperser mes idées noires. La perspective du mariage royal continue à tourner et retourner dans ma tête.

Dieu merci, le mien n'a pas ressemblé à ça.

Lorsque j'ai épousé Eliott il y a un mois, je n'ai pas voulu d'une telle cérémonie en grande pompe. Ça aurait été ridicule, pas du tout en accord avec ma personnalité. Mon désormais mari – j'ai encore du mal à m'habituer à l'appeler ainsi – et moi avons choisi d'organiser quelque chose de simple, en pleine nature. Un moment paisible au centre duquel nous avons tenu à placer l'amour qui nous unit plutôt que l'ombre de la couronne. Nous n'avons envoyé que le minimum d'invitations : à sa famille, à la mienne – j'ai convié toutes mes sœurs, pour le symbole, même si je me serais bien passée de la présence de certaines d'entre elles – et à nos amis les plus proches.

Et nous avons vécu une journée parfaite.

Bien différente du cauchemar qui s'annonce aujourd'hui.

Je repose ma bouteille au sol un peu plus violemment que je ne l'aurais voulu et je commence à défaire les bandes qui entourent mes mains.

Madame Bowden... C'est mon nom désormais, et je suis plus ravie de le porter que tous les titres que ma sœur Harriet aurait pu m'accorder. Je sais qu'Eliott et moi avons fait un choix atypique en nous mariant aussi jeunes : je n'ai que vingt-et-un ans. Mais je l'aime, et il m'aime : nous n'avions pas de raison d'attendre. Au cours des trois années qui se sont écoulées depuis notre rencontre, j'ai été de plus en plus convaincue jour après jour qu'il était l'homme de ma vie, et officialiser notre union nous tenait à cœur à tous les deux.