15 ⏤ LETTRE

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QUINZIÈME
LETTRE
               

dortoir féminin gryffondor ; 7ème année

❝Chère bouteille de whisky pur-feu,

Crois-tu que maman va mal le prendre si je t'écris des lettres à toi plutôt qu'à elle ? Et puis merde, elle n'en sera rien. Tu garderas le secret, pas vrai ?

Tu sais, si je colle mon œil sur ta paroie, et que je regarde à travers ton alcool fumeux, j'aperçois un monde défiguré de l'autre côté. Les formes s'enjambent et glissent si bien les unes sur les autres. Les visages se retrouvent décomposés, les membres traînent derrière les corps. Ce qui semble à l'autre bout de la chambre se trouve en réalité à quelques centimètres de moi.

D'une certaine manière, le monde que tu offres quand je regarde le mien à travers ton verre épais semble apaisant. Tout est harmonique. Quand il y a une bosse dans le goulot de la bouteille, toute l'image change, se déforme autour de la bosse, pour la faire exister. Dans mon monde humain, quand on trouve une bosse, on veux l'aplatir, la faire disparaître sous terre, on l'engueule, on pleure parce qu'elle est toujours là. Être une bosse est une véritable malédiction.

Tu sais bouteille, mes métaphores sont vachement plus profondes quand j'écris au petit matin et que je suis bourrée au thé (enfin, thé, je t'avoue que je n'ai pas fait attention à la plante que j'ai plongé dans mon eau bouillante). Tu sais bouteille, je me rappelle de la période où j'étais joyeuse comme si c'était hier (c'était vraiment hier).

En vérité, derrière mes cheveux crépus de racaille, j'suis une sacrée bonne philosophe, tu penses pas ? Voilà au moins quelque chose à laquelle j'suis pas complètement nulle à chier.

Ça, et foutre des claques.❞

Emma main dans ta gueule ⌲ POUDLARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant